Les Roms, dernière cible d’un racisme autorisé ?
Avec :
José Vieira, réalisateur du film Le bateau en carton,
Saïmir Mile, président de l’association La Voix des Roms,
Umberto Guerra, président de l’association Rromeurope,
Etienne Liebig, éducateur de rue, auteur du livre De l’utilité politique des Roms
Et l’introduction de Gisèle Fehlendler de Sortir du colonialisme, organisatrice de la semaine anticoloniale et antiraciste.

Quelques extraits :

Le racisme institutionnel

Umberto Guerra : « La première expulsion de Roms répertoriée par des écrits en France, c’est en 1419. (…) Donc vous voyez, on est habitués, nous, aux expulsions, et d’un autre côté, les autorités sont habituées à nous expulser… »

Etienne Liebig : « Lorsque des personnes de l’importance d’un président de la république ou d’un premier ministre se lâchent, ça autorise tout le monde à se lâcher… (…) On s’est confrontés à quelque chose d’assez irrationnel dans le racisme. »

L’accès aux droits

Umberto Guerra : « Un des plus gros problèmes qu’on a, c’est la scolarisation. (…) Deuxième point, c’est la domiciliation dans les mairies. S’ils n’ont pas de domiciliation, ils ne peuvent pas ouvrir de compte en banque, ils ne peuvent pas s’inscrire au Pôle emploi, ils ne peuvent pas faire de demande d’AME… ils ne peuvent rien faire. »

L’identité rom

Saïmir Mile : « On est Rom parce qu’on a une langue, qu’on appelle le romani, parce qu’on a une série de valeurs, de traditions, de comportements qui sont très variables d’un groupe à l’autre. »

Umberto Guerra : « 95 % des Roms sont sédentaires. La plupart des Roms qui vivent de nomadisme, c’est un nomadisme forcé. »

Etienne liebig : « Quand je suis arrivé dans le métier comme éducateur spécialisé pour travailler avec des enfants tziganes, je n’étais pas particulièrement branché sur cette question – un gosse est un gosse – et je me suis retrouvé mêlé à ce truc où non !… les gosses avec lesquels tu vas travailler sont tout à fait exceptionnels, parce qu’ils sont partis d’Inde au 11e siècle !… »

Saïmir Mile : « En ce qui nous concerne, notre culture est complètement occultée par le traitement politique qui nous est fait. (…) Et le Rom n’est pas Rom parce qu’il est en bidonville. (…) Il y a parmi nous des cons, des intelligents, des salopards, des gens honnêtes, et j’en passe (…) »

Les MOUS, ou « villages d’insertion »

Saïmir Mile : « 75 % du budget de fonctionnement d’un village d’insertion est alloué au gardiennage et à la surveillance. (…) Le budget de fonctionnement d’une prison pour la surveillance et le gardiennage est de 36,9 %. (…) C’est que la politique française en matière de Roms, c’est un sujet policier ! »

La coopération décentralisée

Saïmir Mile : « Je ne vais pas dire que c’est du foutage de gueule, mais… (…) en quoi la coopération décentralisée aurait-elle dû commencer il y a 2 ou 3 ans, et en quoi ça répond à la problématique de citoyens roumains venant en France, essayant de s’y installer, y travailler et y vivre ? »

Umberto Guerra : « Ils ont mis l’électricité pour les Roms, c’était la première phase. Deuxième phase, ils ont créé un centre « social » pour apprendre aux Roms l’hygiène (…) et le tout dernier programme de ce système, c’est la formation pour du travail. Alors qu’ils auraient peut-être pu commencer par la formation, et le reste serait peut-être venu tout seul… »

José Vieira : « Il y a depuis longtemps, en France, une coopération, des ONG, des villes qui se jumellent (…) ça n’a pas empêché les migrations, parce qu’il n’y a pas eu de vrai développement. (…) Qui est contre le pillage des pays d’Afrique ? Parce que là est le vrai problème. (…) Et donc, qu’est-ce qui s’est passé, quand la Roumanie est entrée dans l’Union européenne ? C’est que les plus fragiles, eh ben ils ont plongé ! »