• Olivier, tu pars du postulat que les musulmans, d’Azerbaïdjan, de Bosnie, de Malaisie, d’Egypte ou du Burkina, représentent un tout que l’on peut dénommer « race ». Et bien il se trouve justement que c’est celle à laquelle j’appartiens. Je suis athée et je le revendique ? Peu importe, puisque tu ne nous demandes pas ce qu’on pense, tu parles de racisme, donc de race. On ne va pas tourner autour du pot, car je ne doute pas une seconde que comme moi, tu fasses parfaitement la distinction entre une religion et une race. Si tu commets ce désolant amalgame, c’est parce que tu reprends à ton compte un raccourci sociologique qui trouve son origine dans la démographie française : nos musulmans, ici, ce sont le plus souvent ceux que l’on appelle les « Arabes ». Je commence un peu à comprendre pourquoi tu parles de racisme. Mais soyons tout de même précis ; il ne s’agit pas des Arabes du Liban que l’on croise rarement dans les cités, ni de la minorité arabe Ahwazi persécutée en Iran, mais dont personne n’entend parler en France, et encore moins des Arabes du Qatar qui engraissent LVMH. Non, tu parles plutôt des « Arabes » d’Afrique du Nord, et là aussi, il se trouve que c’est la « race » qui m’a engendrée. D’ailleurs, pour ta gouverne, sache que ces « Arabes » là n’en sont pas toujours. Les plus cultivés en France savent qu’ils sont berbères, mot d’origine grecque, « Barbarus », qui nous désigne nous autres Amazighes, Imazighen, Hommes libres comme nous aimons nous définir. Je suis ainsi triplement légitime pour lever la confusion manifeste dont tu fais preuve lorsque tu identifies ceux que tu prétends défendre : la race musulmane.

Musulmane tu demeureras…

Parmi les individus que tu assignes à cette catégorie raciale, il y a des athées militants, comme moi, forcément laïques. Il y a des athées qui ont d’autres chats à fouetter, laïques aussi. Il y a des athées qui aiment Charlie Hebdo et le soutiennent, d’autres moins ou pas du tout. Il y a des agnostiques, des sceptiques, des libres penseurs, des déistes, laïques aussi. Il y a des croyants non pratiquants, mais politiquement islamistes, des pratiquants laïques, ou encore des « sans avis » qui ne souffrent pas au quotidien à cause de Charlie Hebdo. Il y a des convertis au christianisme, Ô combien laïques, car ils ont subi les affres de la théocratie dans leurs pays d’origine… Et il y a enfin les intégristes, les islamistes militants, les tenants d’une identité définie avant tout par la religion, et ce sont ceux-là que tu as choisi de défendre. Ceux-là, ce sont ceux qui, laïcité oblige, n’ont d’autre choix que de crier au racisme, la larme à l’œil et la main sur le cœur, sous prétexte que leur « sentiment religieux » a été bafoué par un dessin de Charlie. Parmi eux, tu en trouveras beaucoup qui revendiquent la laïcité en France, mais votent Ennahda en Tunisie, qui font leurs courses dans les boucheries Hallal à Paris, mais crieraient au scandale si un hurluberlu décidait d’ouvrir une charcuterie à Djeddah. Qui s’indignent quand une crèche licencie une employée voilée, mais qui se taisent lorsqu’un proche oblige sa fille à porter le voile. Ils sont minoritaires, mais ils sont le standard que tu as choisi pour aligner notre identité à tous.

Trêve de généralités, que je ne pensais pas nécessaires à rappeler à un homme de plume. Si j’ai pris la mienne pour te répondre, ce n’est pas seulement pour me défendre d’être raciste, mais c’est surtout parce que de mémoire de journaliste, j’ai rarement ressenti une tribune comme telle autant que la tienne. Si tu permets à une « Arabe » d’exprimer elle-même ses doléances, laisse-moi te dire que ton discours est même ce qu’il y a de plus raffiné en matière de racisme en France. Rares sont aujourd’hui ceux qui se risqueraient à crier sur les toits « Bougnoulen Raus ! ». Les extrémistes qui le feraient se trouveraient immédiatement conspués par toi, par moi, et par une majorité de Français. Pour commencer, tu cites Bernard Maris, Catherine, Charb, Fourest… Et moi, et moi ? Tu as préféré taire mon nom, alors que ce sont bien mes articles que tu pointes du doigt comme dangereusement « islamophobes », donc, selon toi, forcément racistes. Je me suis franchement demandé pourquoi, et je ne vois que deux options. Soit cela te gênait d’apprendre aux détracteurs de Charlie Hebdo (qui ne peuvent adhérer à ton raisonnement que s’ils ne le lisent pas) que l’auteure de ces insanités racistes appartient justement à la race musulmane. Soit tu n’as simplement pas estimé ma personne digne d’être citée, puisque dans un canard de fachos comme Charlie, je ne peux être que l’Arabe de service. Moi, on m’aurait embauchée pour servir d’alibi, pour que Charlie fasse son quota de diversité, mais tu n’envisages en aucun cas que l’on ait pu m’intégrer à l’équipe simplement pour les mêmes raisons que toi il y a quelques années. Un Olivier, on l’engage forcément pour ses qualités professionnelles, une Zineb, elle, on ne l’engage que par discrimination positive. A moins que tu ne m’aies « épargnée » parce qu’avec moi, tu n’as aucun compte personnel à régler, contrairement à une bonne partie de tes anciens collègues. Dans ce cas là, j’engagerais les lecteurs à chercher les motivations de ta tribune ailleurs que dans le débat d’idées.

 

Racisme par omission

Une Zineb qui crache sur l’islam, ça te dépasse hein ? ça te déconcerte tant que tu as préféré ne pas me citer, pour ne pas introduire le doute quant à la véracité du procès de racisme que tu nous fais, nous les journalistes de Charlie. Si l’expression « cracher sur l’islam » te choque, laisse moi là aussi te répondre. Pourquoi diable un « blanc » qui crache sur le christianisme serait un anticlérical, mais une Arabe qui crache sur l’islam serait, elle, une aliénée, un alibi, une Arabe de service, une incohérence que l’on préfère même ne pas citer ? Pourquoi ? Penses-tu que les gens de ma race et moi même soyons congénitalement hermétiques aux idées, universellement partagées, d’athéisme et d’anticléricalisme ? Ou bien penses-tu que contrairement aux autres peuples, notre identité soit uniquement structurée par la religion ? Que reste-t-il d’un Arabe lorsqu’il n’a plus l’islam ? A t’entendre, les gens comme moi seraient des espèces de harkis du coran, des traîtres si profondément rongés par un complexe racial qu’ils ne nourrissent qu’un seul regret, celui de ne pas être nés blanc. Mais moi, mon interaction avec les musulmans et les Arabes ne date pas de la marche des beurs. Je suis ce qu’on appelle une blédarde, née au Maroc d’un père indigène et d’une mère française. C’est là-bas que j’ai été scolarisée et que j’ai commencé à exercer le métier de journaliste dans un hebdomadaire fermé par le régime en 2010. Mes collègues du bled t’expliqueront comment, en 2006, l’Etat policier du Maroc, qui avait d’autres comptes à régler avec nous, a organisé une fausse manifestation d’islamistes en bas de la rédaction du Journal Hebdo, accusé d’avoir publié les caricatures de Charlie. En réalité, il s’agissait d’une photo d’un inconnu attablé à une terrasse de café et tenant dans ses mains un numéro de Charlie Hebdo. Je t’informe d’ailleurs que ta tribune dans Article11 a été reprise par des sites marocains, le même genre de sites qui ne s’aventurera jamais à mettre son nez dans une affaire de corruption impliquant le roi par exemple. Je ne te cache pas que sur ce coup, tu n’as pas seulement fait plaisir aux islamistes, mais aussi à la dictature marocaine qui m’a poussée moi-même et plusieurs de mes confrères sur les chemins de l’exil, mais qui continue à nous traquer, nous les journalistes indépendants, comme des traîtres à la nation, des suppôts de puissances étrangères hostiles au Maroc, voire à l’islam. Une tribune comme la tienne vaudrait son pesant d’or pour la barbouzerie makhzenienne qui a commandité il y a quelques mois un « dossier » à charge de Charlie dans un journal de caniveau de Casablanca. On y apprend notamment que l’attaque de notre siège au cocktail Molotov en novembre 2011 serait une arnaque à l’assurance, et que Charb roule en Ferrari grâce à tout le pognon qu’on se fait. Je ne sais pas si t’as eu de ses nouvelles depuis que t’as quitté le journal, mais sache qu’il n’a toujours pas passé son permis. Dans un autre article marocain sur Charlie, j’ai appris que j’y avais été embauchée parce que j’aurais couché avec Caroline Fourest et que mes reportages étaient financés par les services secrets algériens, espagnols, israéliens… Manifestement, une bougnoule ne peut vraiment pas être recrutée pour les mêmes raisons qu’un Olivier.

Je sais mon vieux que tu n’as rien à voir avec toute cette racaille journalistique qui sert la dictature de Mohammed VI, mais je souhaite simplement de montrer à qui tu fais plaisir, si mes papiers à moi sur l’islam peuvent faire plaisir au passage à quelques membres du FN.

Tu vois Olivier, moi, blédarde née au bled, assignée malgré moi à une case religieuse, pas seulement par toi, mais surtout par un Etat théocratique qui ne me laisse pas le choix de ma foi et qui régit mon statut personnel par des lois religieuses, je me suis toujours demandé pourquoi des gars comme toi se couchent devant la propagande islamiste. Moi, les lois de mon pays ne m’accordent pas le quart des droits que tu as acquis à ta naissance, et si je me faisais agresser ou violer dans les rues de Casa par un barbu, comme cela m’a été promis dans des centaines de mails –jamais pris au sérieux par la police marocaine- les sites qui ont repris ta tribune diront certainement que je l’ai cherché, puisque je ne respecte pas l’islam. Et toi, ici en France, dans un Etat laïque, tu ressasses sans en cerner toute la teneur ce discours moralisateur selon lequel il faudrait « respecter l’islam », comme le réclament des islamistes qui ne se demandent pas si l’islam respecte les autres religions, et les autres tout court. Pourquoi diable devrais-je respecter l’islam ? Il me respecte lui ? Le jour où l’islam manifestera un tant soit peu d’estime envers les femmes d’abord, et envers les libres penseurs ensuite, je te promets de revoir mes positions.

 

Le FN ?   Connais pas.

C’est pour voir ce jour-là que je me bats auprès de tous les athées du Maroc, de Tunisie, d’Egypte ou de Palestine, et non pour faire plaisir au FN comme tu l’expliques dans ta tribune. Car crois-moi, beaucoup de virulents athées du monde arabe, si virulents qu’ils séjournent régulièrement en taule pour blasphème, n’ont jamais entendu parler de Marine Le Pen, et se foutent comme de l’an mil de savoir si leur discours plait à l’Extrême droite française, occupés qu’ils sont à combattre la leur : l’islamisme. Si tu nous le permets, à nous autres « islamophobes » de race musulmane, nous pensons que l’émancipation de nos sociétés passera forcément par l’affranchissement du joug de la religion d’Etat. Comme l’islam l’est à peu près partout dans les pays dits arabes, tu y trouves aussi une forte opposition à la théocratie, qui se nourrit aussi bien de l’universel de la séparation des pouvoirs que du scepticisme et de l’historicisation des sources islamiques. Nous nous permettons à peu près tout, comme par exemple de penser que Mahomet, et même Allah, ne sont pas irreprésentables. Caricatures, parodies de versets coraniques ou de hadiths, il suffit d’aller faire un tour sur nos forums pour y voir que Charlie n’est pas précurseur en la matière.

Faut nous comprendre, car vois-tu, des siècles après sa mort, Mahomet nous impose encore sa loi. Il est en quelque sorte le chef d’Etat perpétuel de cette oumma qui nous ôte notre liberté de penser, ou qui m’interdit à moi par exemple d’hériter à égalité avec mes frères ou encore d’épouser l’homme de mon choix. Pourquoi voudrais-tu, toi le contestataire, qu’un homme ayant autant de pouvoir que lui puisse se soustraire à la critique ? D’autant que lorsque je te parle de lois, je ne fais pas référence à d’obsolètes décrets coraniques, mais bien au droit positif de nos pays, au code civil qui régit nos mariages, divorces, héritages, gardes d’enfants, etc. Oui, c’est Mahomet, au nom d’Allah, qui en décide, et non pas nous autres hommes libres égaux à toi. Pour toutes ces raisons, laisse moi te dire que ce ne sont pas les représentants du culte islamique en Europe, dont tu entérines ces sornettes de « respect de l’islam », et qui, eux, profitent bien des joies de la laïcité, qui viendront fixer les limites de notre liberté d’expression. Ne te méprends pas Olivier, car l’antiracisme est bien du côté de Charlie Hebdo qui ouvre ses colonnes à des gens comme moi, qui ne peuvent s’exprimer dans leur pays sous peine de prison ou d’agression, plutôt que de ton côté à toi qui consens à livrer toute la « race musulmane » à son clergé autoproclamé. Charlie a conscience du bouillonnement intellectuel et idéologique qui anime le monde musulman, il a compris qu’une guerre s’y livrait entre la liberté et la dictature politico-islamiste, qu’elle date d’avant ou d’après les printemps arabes, et Charlie a tout simplement choisi son camp : le nôtre, le sien, celui des anticléricaux. Si le blasphème est un droit acquis par les héritiers de la civilisation chrétienne, pourquoi le dénies-tu aux musulmans ? Pourquoi l’Etat islamique serait-il acceptable en Tunisie ou en Egypte, mais pas en France ? N’est-ce pas cela, le racisme ?

 

Procès en racisme, ou l’art de museler la critique

Loin de moi l’idée de te faire endosser cette analyse, car bien qu’elle découle logiquement de ta lecture, je n’irai pas jusqu’à dire que tu l’adopterais. J’ai tenté de déceler les raisons qui t’ont fait commettre un tel écueil, et je les ai trouvées dans un autre raccourci qui sert de ciment à ton raisonnement. « Peu m’importent le voile, les talons hauts ou même le tee-shirt Camaïeu made in Bangladesh, du moment que la personne dessous, dessus ou dedans mérite le respect », disais-tu dans ta tribune. L’honorable intention philanthropique que tu montres fait malheureusement l’amalgame entre la critique des idées et celle des personnes. Faut-il rappeler que le fondement de toute rhétorique saine, c’est de ne jamais faire d’argumentum ad hominem. Inversement, honnir une idée ne doit jamais mener à sa personnification. Critiquer le voile ne revient pas à humilier chaque femme voilée, pas plus que critiquer l’islam ne revient à conspuer chaque musulman. Les femmes voilées de ma famille sont moins susceptibles que toi à cet égard. Bien que je ne me cache pas de mon aversion pour le bout de tissu qu’elles portent sur la tête, elles ont compris que cela n’enlevait rien à l’affection et au respect que je peux leur témoigner –ou pas- pour des raisons simplement humaines. En faisant ce raccourci, tu reprends encore une fois à ton compte les arguments des chiens de garde de l’islamophobie. Privés des lois canoniques qui leur servent d’outil de pouvoir dans les pays musulmans, ils se ruent sur les lois anti raciales en France pour faire taire les détracteurs de leurs croyances. Ils se tuent alors à vouloir nous faire admettre que critiquer le voile revient à dénier leur dignité à celles qui le portent, et que c’est donc du racisme. Critiquer Mahomet, c’est humilier chaque musulman à titre individuel, et c’est donc du racisme. Voilà leur équation, et toi, Olivier, tu as mordu à l’hameçon.

Pas moi, car le spectre du racisme que tu crains tant que tu adoubes les thèses de l’extrême droite islamique et que tu jettes la pierre à tes anciens collègues pour échapper à toute suspicion, ce spectre là, je ne le crains pas. Il est si absurde de me soupçonner de racisme que même toi, tu as préféré censurer mon nom dans ta tribune, alors que tu as cité tous les autres. Ton texte, moi l’Arabe dont tu as préféré ne pas citer le nom, je l’ai ressenti comme raciste aussi parce que tu m’obliges moi, l’Arabe, à défendre mes collègues les blancs. Pourquoi dois-je avoir plus de légitimité qu’eux à porter ces idées ? Pourquoi ta tribune exige-t-elle de moi de te rappeler mon nom et mon identité ? Je t’engage à y réfléchir. Tu me dénies le droit de critiquer la religion que j’ai étudiée comme matière obligatoire à l’école de la maternelle au bac, et qui aujourd’hui encore, m’interdit de prendre la même chambre d’hôtel que mon mec quand je veux passer un week-end à Marrakech, sous prétexte qu’on n’a pas un acte de fornication légal signé par Mahomet. Quant à mes collègues de Charlie, ils doivent carrément se la fermer ou dessiner des sapins de noël à chaque fois qu’il leur prend de vouloir critiquer la dictature de l’islam, sous prétexte qu’ils sont blancs. Belle définition de l’anti-racisme.

Si tu n’as rien lu d’autre que Malek Chebel, puisqu’il est le tenant le plus vulgarisé de l’islam-religion-de-paix-et-d’amour, je te conseille vivement de t’acheter un bouquin de Sira d’abord pour te faire une idée toi même des enseignements de Mahomet, et tu me diras après si tu trouves toujours ça dégueulasse qu’on les critique. Sinon, va carrément faire un tour dans les librairies salafistes qui font florès en région parisienne, et tu me diras si tu penses toujours que la haine est du côté de Charlie Hebdo. D’ailleurs, reconnais que l’augmentation de leur nombre depuis une quinzaine d’années –date à laquelle, dis-tu, Charlie a curieusement commencé à s’y intéresser- ne correspond en rien à une éventuelle explosion démographique des musulmans en France, mais plutôt à une dérive idéologique, financée à coup de pétrodollars, qui touche une minorité radicalisée de ces musulmans.

 

Esprits éclairés, apprenez l’islam !

Tu trouveras dans ces livres bien des perles, comme le mariage de jouissance (Zawaj al-Mut’a). Pratiqué en temps de guerre par les musulmans, ce contrat de mariage unilatéral, puisque c’est le guerrier vainqueur qui en décide, peut durer une heure, deux heures ou quelques jours, et est censé permettre aux combattants d’Allah de se vider les couilles (pardonne la grivoiserie, mais c’est impossible d’appeler cela autrement) pendant leurs razzias. C’est cela semble-t-il, qui s’est produit en Syrie, avec cette indémêlable histoire de djihad sexuel. Dans ta tribune, tu as cité un article dans Charlie, dont je suis l’auteure, qui aborde ce sujet, et que tu as qualifié de « pseudo enquête » fondée sur une abominable rumeur islamophobe. Je te concède que ni toi, ni moi, n’avons été sur place pour constater la pratique, vu les conditions difficiles d’exercice du journalisme en Syrie en ce moment. Mais pour toi, il a suffi que Mohamed al-Arifi nie la fatwa qui lui a été attribuée et qui appelait à ravitailler les djihadistes en femmes, pour que tout ceci n’ait plus aucun fondement. Penses-tu que le FIS en Algérie ou al-Qaïda partout ailleurs aient attendu al-Arifi pour se servir ? […] D’ailleurs, tu as également fait référence à un autre de mes articles –toujours sans me citer- dont tu as retenu le chapô pour illustrer la dangereuse dérive nationaliste de Charlie Hebdo. Pour toi, ce texte qui parle d’un groupe de salafistes belges dénoncerait le danger d’invasion de notre occident chrétien par les hordes barbares musulmanes. « Les frites seront-elle bientôt toutes halal ? », me demandais-je. T’as simplement oublié de rappeler que le héro burlesque de mon papier est un Belge converti du nom de Jean-Louis, alias le soumis. Nulle question de racisme alors, mais bien d’intégrisme. Depuis la sortie de cet article, le grand rouquin a été arrêté pour cause de cellule de recrutement pour le djihad en Syrie. A croire que je n’avais pas totalement tort de m’intéresser à son cas.

 

Tu vois Olivier, ce Charlie qui n’était résolument pas raciste lorsque tu y officiais, et qui le serait inexorablement devenu depuis que tu l’as quitté, n’a pas de leçons d’anti racisme à recevoir de toi, et c’est l’Arabe qui te le dis. Moi, je n’ai pas bossé avec Val, et je ne sais pas si comme tu l’as fait, j’aurais été capable d’écouter l’éloge d’Israël, Etat colonial et raciste, à chaque réunion de rédaction pour garder mon job. Moi, c’est bien avec la plume de Charb, l’une des plus pro palestiniennes de la presse française, que je trouve mes affinités. Charb, à cause de ce lynchage auquel tu contribues aussi par la confusion de tes idées, est aujourd’hui menacé par al-Qaïda et vit sous protection policière. De quel côté est la haine alors ?

Salutations collégiales,

Zaynab bint Mohammad ibn al-Mâatî al-Rhazwî al-Harîzî.