Des lignes TER en sursis

Au vu des investissements pharaoniques du Conseil Régional pour la LGV (Ligne à Grande Vitesse) et NDDL, les élus déclarent ne pas avoir les 200 millions d’euros nécessaires pour remettre à niveau les lignes ferroviaires nécessitant des investissements : « Dol-Lamballe », « Guingamp-Paimpol », « Rennes-Châteaubriant », « Brest-Quimper » ; sans oublier la ligne « Morlaix-Roscoff » qui n’a même pas été citée. Son sort est déjà fixé… car sur cette dernière, en parallèle du ferroviaire, fonctionne un service de bus qui sera renforcé pour enlever tout intérêt au train.

SUD Rail a déjà plusieurs fois alerté la population, les élus, la SNCF, sur l’avenir de ces lignes. On nous a toujours répondu que la LGV profiterait à l’ensemble des Bretons et que cela ne nuirait pas aux lignes « secondaires ». On nous avoue aujourd’hui que cela semble très « compromis ». L’argument avancé est que la région payant déjà les frais d’exploitation, elle ne peut se permettre d’investir sur le réseau.

Actuellement des limitations de vitesses sont appliquées sur ces lignes, faute d’entretien suffisant. Ainsi les temps de parcours augmentent, quand dans le même temps on fait miroiter aux citoyens les effets de la grande vitesse avec les projets BGV (Bretagne Grande Vitesse) et LNOBPL (Ligne Nouvelle Ouest Bretagne Pays de la Loire). Mais le fait de rénover ces lignes, adapter les horaires, diminuer les temps de parcours ne les rendrait-il pas plus attractives et donc moins déficitaires ? On le sait, l’état, propriétaire du réseau ferré, a laissé tomber celui-ci en déshérence en misant sur le tout routier depuis quarante ans. Dans le même temps, il a engagé la SNCF à investir dans le financement des lignes TGV endettant celle-ci de manière inconsidéré et irréversible.

Aujourd’hui, les élus régionaux ont beau jeu de refuser de se substituer à l’état dans ce qui relève bien d’infrastructures d’aménagement du territoire national. Mais nous parlons là de l’avenir des trains du quotidien, utilisés par les travailleurs, les scolaires, les citoyens modestes. Alors qu’est ce qui justifie l’arbitrage des subventionnements en faveur de la LGV et de l’aéroport, utilisés essentiellement par les décideurs, les catégories socio professionnelles dites supérieures, les touristes… Nos élus préfèrent subventionner les géants du BTP, tels EIFFAGE et VINCI, pour nous construire des pyramides des temps modernes, omettant les besoins de la majorité population et l’indispensable transition énergétique.

Déshumanisation des trains et des gares

Dans le budget, il est inscrit : « La convention garantit le maintien du niveau de service TER Bretagne en exigeant des engagements sur les prestations réalisées en gare et sur la capacité offerte dans les trains ». Or, les amplitudes de guichets ne cessent de diminuer dans les petites gares, ainsi que la présence sur les quais. Cette déshumanisation des gares n’est pas sans contraintes pour les personnes en situation de handicap. Pour pallier à cette déshumanisation, on sous-traite les prestations de surveillance des quais dans certaines gares avec des emplois précaires.

En plus du personnel des gares, les contrôleurs sont en voie de disparition sur le TER. L’Equipement à agent seul se met en place (train avec comme seul personnel un conducteur). Vingt et un trains par semaine sont prévus dans un premier temps avant d’atteindre 86 trains d’ici le mois de Mai.

Et le Fret ?

Le trafic de Fret ferroviaire en Bretagne, c’est à peine plus de 1% du total des trafics marchandises. Malgré l’ouverture à la concurrence en 2006, le trafic de Fret ferroviaire global est toujours en chute libre ! Les opérateurs privés se sont contentés de récupérer une partie des marchés délaissés délibérément par Fret SNCF (1er opérateur routier national avec sa filiale Géodis, rappelons-le). Certains, au passage, ont pu bénéficier de subventions régionales (pour l’adaptation des remorques au multimodal). Ils y ont pris goût. Toujours les premiers à hurler après l’impôt et la dépense publique, mais toujours premiers aussi à réclamer la manne publique ; ils savent se faire entendre des élus régionaux. Le Conseil Régional de Bretagne va en effet financer un vaste plan « ayant pour objectif d’accompagner les initiatives privées ». Les initiatives pouvant profiter de ces subventions sont le transport multimodal, la mise en place de nouvelles lignes ferroviaires…

Pour tous ces sujets de transports de marchandise par fer, un groupe et un comité d’experts composés d’acteurs économiques régionaux seront créés. Ces instances seront donc pilotées par les mêmes acteurs économiques qui bénéficieront des subventions… Très fort ! Pour SUD Rail, ce n’est ni plus ni moins qu’une délégation de pouvoirs de nos élus à l’oligarchie économique ! Quelle place pour les travailleurs et la population dans l’utilisation de ces financements publics après l’abandon de l’écotaxe.

_____________________

Le transport ferré impose un haut niveau de sécurité. L’EPSF (Etablissement Public de Sécurité Ferroviaire) délivre des certificats aux transporteurs qui leurs sont propres. Des entreprises ont déjà trouvé la faille pour déjouer ces contraintes en utilisant le certificat d’une autre. Ce « détournement » est dangereux pour la sécurité des circulations sur le réseau. Mais il est encouragé par les orientations budgétaires régionales qui s’apprêtent à subventionner des entreprises ne respectant pas ces critères. A titre d’information, COMBIWEST ne possède pas de certificat de sécurité au 6 janvier 2015 mais fait néanmoins circuler des trains.

_____________________

Alors que l’on a fait crever le service public de transport ferré SNCF, alors que la lutte urgente contre les G.E.S. (Gaz à effet de serre) imposerait une revitalisation immédiate sous contrôle public de celui-ci, SUD Rail dénonce le lâchage des élus régionaux qui s’apprêtent à subventionner des patrons opportunistes et bafouant le droit du travail.

SUD Rail demande que l’argent prévu pour le projet LNOBPL et celui de NDDL soit consacré à la rénovation des lignes et au fonctionnement des Trains TER pour desservir tous les bretons. De plus, nous voulons des emplois à haut niveau social pour garantir la sécurité du réseau et prendre en compte la pénibilité des travailleurs du rail.

Pour maintenir un service public ferroviaire de haut niveau, ne faisons qu’une seule SNCF !