L’appel :

Ces dernières semaines la rue gronde. Les grandes métropoles du monde ont revêtu leurs parures vermeilles et leurs parfums poivrés. Partout la réponse policière se militarise. Les morts, les mutilés, les emprisonnés se multiplient.

Exacerbés en France depuis la mort de Rémi Fraisse, des mouvements populaires battent spontanément le pavé. Il s’agit d’un combat pour la liberté, contre la répression militarisée et systématique, qu’elle s’exerce dans les quartiers populaires ou contre les mouvements sociaux. De New-York à Paris, des hommes et des femmes reprennent comme étendard le cri étouffé d’Éric Garner étranglé par la police, « I can’t breathe ».

– Nous ne pouvons plus respirer, étranglé-e-s, asphyxié-e-s, mutilé-e-s par une police qui tire sur les foules, mutile des manifestant-e-s et assassine des militant-e-s et des habitant-e-s de quartiers populaires.

– Nous ne pouvons plus respirer nous autres, damné-e-s de l’intérieur, qui refusons la faillite programmée des solidarités, la marchandisation de la nature, qui subissons des contrôles et violences répétées au nom d’une tolérance zéro discriminante.

– Nous ne pouvons plus respirer lorsque la Justice relaxe des assassins en uniforme, insulte les familles de victimes et salit leur mémoire.

– Nous ne pouvons plus respirer, quand les médias aux ordres martèlent que nous sommes des voyous et des terroristes tandis que le silence pèse sur la planète massacrée par les ténors de l’agriculture acharnée.

Mais pour ajouter de la violence à la violence, de l’injustice à la justice, celle-ci a décidé de poursuivre des manifestant-e-s qui ont refusé de baisser la tête et qui ont défilé en mémoire de Rémi les 1er et 22 novembre dernier à Nantes.

La justice démontre une nouvelle fois sa nature. D’un côté elle relaxe ou décide de ne pas poursuivre des criminels assermentés, de l’autre elle condamne des hommes et des femmes révolté-e-s et insoumis-e-s. Comme avec notre camarade Enguerrand, l’exemplaire sévérité qui touche ceux et celles qui luttent éclaire avec ironie la clémence à l’égard des forces de l’ordre.

Lundi 19 janvier 2015, la justice jugera les manifestant-e-s de novembre, dans un simulacre d’équité, alors que ceux qui ont mutilé se trouveront du côté des plaignants.

Ce n’est qu’ensemble, solidaires et déterminé-e-s, que nous arracherons au pouvoir des bouffées de liberté !