Peut-être avez-vous entendu parler de la RUE SAINT MALO à BREST dans le quartier de Recouvrance, celle qui est désormais renommée pour être reconnue comme « la plus ancienne rue de Brest ».
Enclavés dans le vallon de Pontaniou, ces 94 mètres de rue pavée et ces modestes bâtisses, dont l’histoire connue remonterait au XVIIIème siècle, ont été miraculeusement épargnés par les bombardements alliés de la seconde guerre mondiale qui anéantirent la cité.
Jugée insalubre dans l’élan de reconstruction moderne de la ville dans les années 60, ces habitations furent progressivement vidées de leurs habitants jusqu’aux années 80 en vue d’une démolition programmée.

L’association VIVRE LA RUE a été fondée en juillet 1989 dans le but de préserver, de restaurer et d’animer ce témoin populaire du Brest d’avant guerre, de la faire connaître et reconnaître comme pôle historique, culturel et artistique.
Depuis un quart de siècle, la ténacité et l’engagement indéfectible, la mobilisation citoyenne de centaines de bénévoles, le soutien de milliers d’artistes et spectateurs présents aux manifestations culturelles et artistiques qui y sont organisées, les encouragements des visiteurs (près de 11.000 personnes par an depuis 2012) démontre la pertinence du combat quotidien pour la préservation et la mise en valeur de ce lieu unique.

Malgré le repavage de la rue en 1998 après les travaux de réfection des eaux usées (qui endommagèrent gravement les édifices en éventrant la rue sur plus de 2,5 mètres de profondeur) et les gros travaux de gros œuvre de réfection des maçonneries anciennes effectués en 2007 et 2008 (fortement préconisés par ARCHI-BIO et l’architecte Xavier Barruhet membre de l’association dans le dossier « Rue St Malo, préservation et mise en sécurité des ouvrages »), ce patrimoine populaire a déjà subi des dommages irréversibles aux mépris de son intérêt historique indéniable :
1993 Expulsion et démolition du bar le plus vieux de Recouvrance « le Trou »,
1996 Démolition des numéros 19 (dit « la grande caserne ») et 21,
1998 Expulsion et démolition du numéro 1 (« la maison du cordonnier »)…
En février 2014, des experts judiciaires imposent à Brest Métropole Océane, propriétaire des murs par droit de préemption, de les « sécuriser » en les étayant à l’arrière de toutes les maisons et jardins en vue du grand chantier de construction du nouveau quartier sur le plateau des Capucins surplombant le vallon de Pontaniou et la rue St Malo. Résultat : Saccage et destruction des cours et jardins suspendus à flanc de colline ; Entraves à la circulation piétonne par le circuit de la venelle Saint Malo reconstruit et ré-ouvert par les bénévoles de l’association à l’arrière des bâtisse du numéro 1 au 11 rue St Malo ; Condamnation de l’accès à la venelle, extraction de pavés originels, coulage de blocs de béton, étayage (« butonnage ») de bois jeune dont l’efficacité serait plus que douteuse, condamnation de l’accès à la passerelle de la petite salle de spectacles UN:UN conçue par le collectif de jeunes architectes ETC et construite lors d’un chantier participatif en mai 2012…

Toutes ces dégradations et démolitions délibérées sont autant de destructions motivées hâtivement par la bêtise humaine que notre association, protectrice de ce patrimoine qu’elle a révélé au grand jour, ne peut que dénoncer !

Nous vous interpellons aujourd’hui, au sujet d’une nouvelle menace qui risque de réduire à néant les efforts magistraux engagés depuis 25 années pour faire vivre la rue Saint Malo.

Vous n’êtes sans doute pas sans savoir qu’un chantier d’une durée de cinq ans de rénovation du Bâtiment aux Lions a débuté début décembre 2014 (Construction des ingénieurs Tarbé de Vauxclairs et Trouille 1807-1809 d’un bâtiment pont enclavé dans l’enceinte de l’arsenal militaire de Brest en travers du vallon de Pontaniou et dont l’accès arrière par la cour de la Madeleine donne sur le bas de la rue St Malo).
Ce bâtiment remarquable, laissé à l’abandon par la Marine Nationale depuis longtemps, et ayant subi l’agression du ciment qui étouffe ses pierres, a été très tardivement classé monument historique en février 2011. C’est pourquoi sa rénovation est prise en charge à proportion égale par le ministère de la Défense et le ministère de la Culture à hauteur de 5 millions d’euros.
Son ouverture au public ne semble cependant pas envisageable à l’issue des travaux dans cinq ans d’après Mr Hervé Bedry, responsable de la gestion du patrimoine auprès de la Préfecture Maritime Atlantique.

Ce qui motive notre indignation est que l’accès à ce chantier d’envergure, transport de la main d’œuvre, matériels et matériaux, ainsi que l’évacuation des gravats, est interdit par l’arsenal maritime auquel appartient le bâtiment et passe par la petite rue Saint Malo, pavée sur un lit de sable et de graviers, ébranlant ces fragiles constructions antérieures à celle du Bâtiment aux Lions.
Cette impasse piétonne, pavée à l’ancienne, ne saurait supporter les passages successifs de camions.
Par ailleurs, les gros véhicules ne peuvent manœuvrer dans le virage obtus du bas de la rue trop étroite pour pénétrer dans la cour de la Madeleine à l’arrière du monument historique, devant décharger leur cargaison à l’aide d’un bras articulé avant de repartir en marche arrière.
Outre les risques d’effondrement de la ruelle ancienne inadaptée à la circulation automobile, comment envisager les visites des 11.000 visiteurs adultes en balades et enfants en visites pédagogiques qui s’installent d’ordinaire en toute tranquillité dans la rue, les tournages de films, les répétitions et représentations de spectacles, les chantiers participatifs pour la restauration respectueuse des lieux, le maintien des aménagements paysagers côté rue (1er prix 2014 du concours fleurissement de rue de la ville de Brest)…

Pour épargner la voie piétonne pavée « la plus ancienne de Brest » déjà tant éprouvée et pouvoir continuer à accueillir les visiteurs, les publics et les artistes de plus en plus nombreux, il est essentiel de la préserver de tout transit de camions qui génèrent nuisances et insécurité.

L’alternative la plus logique et naturelle serait d’autoriser les convois vers le chantier du Bâtiment aux Lions en façade par l’arsenal militaire puisqu’il appartient au ministère de la Défense.
Une route goudronnée y mène et un parking se trouve juste devant le monument à restaurer.

« Vivre la Rue » a pour objet la préservation et la réhabilitation de lieux en péril. Elle entend ainsi, défendre les droits des générations futures, faire naître et vivre des lieux de rencontre et d’échange pour tous. Ses moyens d’actions sont, notamment :
– La restauration et l’entretien de la rue Saint-Malo et de son environnement en Bio-Construction
– La production et la diffusion de spectacles, et de manifestations artistiques et culturelles
– La mise en pratique des valeurs de l’économie sociale et solidaire (article 2 des statuts)

C’est pourquoi nous devons lancer l’alerte !

Signez la pétition de soutien : http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/presentation-brest-rue-saint-malo-vs-batiment-li-875.html