L’usage du serveur riseup.net ou la lecture du livre « Contre la démocratie » sont des preuves utilisées pour justifier leur détention.

À 17h30 le 17 décembre, les 11 interpellé-e-s de l’Opération Pandore ont été amenés devant le juge Javier Gómez Bermúdez. À la demande du procureur, le juge a accepté la détention provisoire de 7 d’entre eux et la remise en liberté des 4 autres. Le même après-midi, ils ont été transféré-e-s à la prison de Soto del Real, près de Madrid. Le juge a également décidé de maintenir le dossier secret, et par conséquent les avocats n’ont pas pu accéder aux rapports de police qui fondent les charges retenues contre les accusé-e-s.

Cependant, le décret judiciaire qui détaille ces chefs d’inculpations a été rendu public : recrutement, promotion, organisation et appartenance à une organisation terroriste, possession et stockage d’engins explosifs, inflammables, incendiaires ou asphyxiants, et enfin dégradation et destruction à finalité terroriste. Gómez Bermúdez, se référant aux inverstigations démarrées il y a 2 ans par les Mossos d’Esquadra (la police autonomes catalane) à propose des « Grupos Anarquistas Coordinados – GAC » (les « Groupes Anarchistes Coordonnés »), a déclaré : « nous concluons que ses membres sont possiblement les responsables de plusieurs attaques utilisant des explosives faits-maison à travers le pays ». Il explique que « 17 cartouches de gaz de camping ont été trouvées, et malgré les affirmations de leur propriétaire selon lesquelles ces cartouches sont utilisées avec le matériel de camping qu’il possède dans son véhicule, le stockage de matériaux dangereux en de telles quantités chez soi ne paraît pas logique ».

Selon les rapports de la Division Centrale d’Information des Mossos (l’unité responsable de la surveillance des groupes anarchistes), « les investigations ont confirmé l’existence d’une structure organisationnelle bureaucratique interne ainsi que la production de publications et de moyens de communication ». Ils ajoutent notamment comme indication le fait que le livre « Contre la démocratie » a été distribué aux membres du groupe anarchiste et que les accusé-e-s « utilisent les emails avec des mesures de sécurité extrêmes, comme les serveurs Riseup.net ». Ils considèrent également que les poses d’explosifs attribués aux GAC ont été « diffusées à travers des sites internet comportant du contenu relatif à cette organisation ». Dans un rapport en annexe du décret judiciaire intitulé « Évaluation de preuves pertinentes établissant que le GAC est une organisation à finalité terroriste », il est écrit qu’il y a des dizaines de signes de « l’unité idéologique et de la stratégie de destabilisation de l’état et d’atteintes sérieuses à la paix publique ».

Des dizaines de proches et ami-e-s des accusé-e-s se sont rassemblés et ont passé la journée aux portes de l’Audiencia Nacional (une cour suprême en charge notamment des affaires antiterroristes), jusqu’à ce que la police les force à se disperser en raison du caractère illégal du rassemblement. Ils ont tou-te-s été controlé-e-s.

De son côté, dans ses déclarations à La Directa, Jaume Asens, l’avocat de l’une des personnes arrêtées dans le cadre de l’Opération Pandore, dénonce le manque de transparence dans cette affaire et affirme que son client a été sommé répondre aux questions sans avoir connaissance de ce dont il est accusé. « Les Mossos et le procureur parlent de terrorisme sans spécifier d’actes criminels concrets ». Asens affirme qu’il s’agit d’un « désaveu pour la police et le système judiciaire ». Ce soir et demain sont appelés des rassemblements de solidarité.