Contre la manif pour tous, contre le collectif pour le respect de la personne – contre la reproduction artificielle de l’humain
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Catégorie : Global
Dimanche 5 octobre 2014, la Manif pour Tous défile à Paris et Bordeaux contre « la marchandisation de l’humain ». En fait, contre la (GPA), et la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples de femmes. En dépit de la récupération du vocabulaire anti-capitaliste et écologiste, la Manif pour Tous n’a jamais protesté contre la marchandisation du vivant, dont elle s’accommodait fort bien jusqu’à la loi sur le mariage gay. L’entourloupe est facile : par son silence coupable et son soutien à la reproduction artificielle de l’humain, la gauche laisse le monopole de la critique à ces pseudo-ennemis du marché de la reproduction.
Comme la Manif pour Tous et la droite, la gauche soutient la PMA pour les couples hétérosexuels infertiles. Du PS aux Verts et au Front de gauche, du gouvernement Valls au Collectif pour le respect de la personne (CoRP), nulle opposition à l’artificialisation de la procréation. Le CoRP, qui nous convie à sa réunion d’information sur « Le marché de la maternité et des enfants », le 7 octobre 2014 à l’Assemblée nationale, et lance des pétitions contre la pratique des mères porteuses, s’abstient de critiquer la PMA. Ce qui lui permet de réunir les signatures de Jacques Testart et de René Frydman, coupables de la première fécondation in vitro. FIV sans laquelle aucune GPA n’est possible.
Manuel Valls : « Contrairement à la GPA, qui est et sera prohibée parce qu’elle instaure une commercialisation de l’humain, la PMA n’est pas interdite aux couples hétérosexuels rencontrant des problèmes médicaux. Elle n’est en revanche pas ouverte aux couples de même sexe. (…) Nous n’avancerons pas plus loin sur cette question tant que nous n’aurons pas l’avis du Comité consultatif national d’éthique. » Mais, le fait accompli, les enfants conçus par PMA à l’étranger par des couples de lesbiennes mariées seront reconnus en droit sur le sol français. Sur ces questions, la gauche ne recule que pour mieux sauter.
Nicolas Sarkozy : « Il faudra inscrire dans la constitution des verrous juridiques pour réserver la PMA aux couples hétérosexuels infertiles et interdire complètement la GPA (…). Jamais je n’accepterai la marchandisation de l’enfant. » (Le Figaro Magazine)
Trop tard, Sarkozy, Valls, La Manif pour Tous, le CoRP : la marchandisation de l’enfant commence avec la procréation médicalement assistée.
Fermons les banques de sperme et d’ovules
Dans le supermarché mondialisé de la reproduction humaine, la loi de l’offre et de la demande fixe le cours de l’ovule, du sperme, et des actes médicaux. Un marché de plusieurs milliards de dollars. Chez Cryos Bank, leader mondial, le sperme est livré en 24 heures, moyennant 500 à 2 000 €. Aux États-Unis, un ovule coûte entre 2 500 et 50 000 $, selon vos exigences. Des catalogues en ligne offrent un choix de fournisseuses en fonction de critères toujours plus précis. Des centaines de jeunes Françaises vendent leurs ovules chaque année en Espagne. Des milliers de couples pratiquent des PMA dans des cliniques privées d’Espagne, d’Ukraine ou de Belgique.
Contre la marchandisation de l’humain, fermons les supermarchés de matière première reproductive.
Stoppons la stérilisation chimique de la population
Le marché de la reproduction croît avec l’effondrement de la fertilité humaine. Diminution de la qualité du sperme, augmentation des malformations génitales et de l’incidence du cancer des testicules, troubles de la fonction ovarienne, de l’implantation utérine après fécondation et de la gestation. Des ravages dûs à la société industrielle : stress, tabagisme, sédentarité, et surtout empoisonnement par les perturbateurs endocriniens et polluants reprotoxiques (pesticides, hormones de synthèse, PVC, phtalates, bisphénol A). Déjà près d’une femme sur 10 doit recourir à la PMA.
Les pseudo-opposants à la « marchandisation de l’humain » se gardent bien d’énoncer cette évidence : le capitalisme détruit nos facultés naturelles et gratuites pour nous les revendre sous une forme artificielle et payante. Dépossédés de notre capacité à nous reproduire, nous sommes soumis à une technocratie en blouse blanche : médecins, inséminateurs, biologistes et généticiens. La procréation humaine est une industrie soumise à la guerre économique.
Contre la reproduction artificielle, fermons les usines qui nous détruisent.
Non à l’homme sélectionné et augmenté
Qui dit fécondation in vitro, dit diagnostic pré-implantatoire (DPI). Les embryons produits par PMA sont testés et triés génétiquement avant d’être implantés. Sur le marché du bébé, l’eugénisme est dans la pipette. Avec le DPI, soyez designers de votre progéniture : choix du sexe, bilan sanitaire, etc. Au Fertility Institute de Los Angeles, 700 des 800 bébés de riches fabriqués chaque année ont des parents fertiles, avides de choisir leur enfant sur critères génétiques.
Laurent Alexandre, PDG de DNAvision, leader européen du séquençage ADN : « Comment empêchera-t-on des parents de préférer des enfants aux yeux bleus ou plus doués que la moyenne ? L’étude du câblage neuronal du fœtus permettra de connaître les variants génétiques qui favorisent l’intelligence. Les parents pourront être tentés de supprimer les fœtus à potentiel intellectuel limité. »
Miroslav Radman, directeur de l’unité Inserm « Génétique moléculaire évolutive et médicale », membre de l’Académie des sciences : « Il va bien falloir se poser la question de l’homme transgénique ».
L’« homme transgénique », hybridé d’implants technologiques, « augmenté » de facultés nouvelles pour dominer la compétition de tous contre tous, est le projet totalitaire porté par les transhumanistes. La reproduction artificielle de l’humain est l’outil premier de la fabrique de l’Homme nouveau, de cette race supérieure dont ils espèrent accoucher.
Avec la généralisation du diagnostic pré-implantatoire, les inégalités économiques se doublent d’inégalités biologiques. Les riches profitent des meilleurs outils de sélection ; les pauvres seront les chimpanzés du futur. Les militants de gauche réclameront sûrement un service public de l’eugénisme pour toutes et tous, comme ils défendent déjà une « GPA éthique et responsable ». Des bébés labellisés « commerce équitable ».
Il ne peut y avoir de croissance infinie dans un monde fini. Dans un monde surpeuplé, épuisé par la société industrielle, nous n’avons pas besoin d’enfants à tout prix. L’injonction sociale à la maternité/paternité rend plus insupportable encore le fardeau de l’infertilité. Faire des enfants n’est ni un droit, ni une obligation. Donnons des parents d’adoption aux enfants orphelins.
Pour les transhumanistes et les collabos du techno-totalitarisme, l’humain est l’erreur que la technologie corrige. Nous, luddites et libertaires, refusons l’hybridation avec la machine et la reproduction artificielle. Nous préférons notre imperfection humaine, d’animaux sociaux.
Brisons les machines.
Alexis Escudero, auteur de la Reproduction artificielle de l’humain (éd. le Monde à l’Envers)
& Pièces et main d’oeuvre, site de bricolage pour la construction d’un esprit critique
C est assez étonnant ce texte contre la pma,juste au moment ou les couples homo en demande son acces, donc l égalité des droits.
Les couples hétéro y ont acces depuis lurette ,Escudero a du pondre un opuscule a l époque,enfin j espère.
Passons….car il est bien expliqué que c est aussi contre la manif pour tous,ben voyons!
pourtant lorsque pieces et main d oeuvre reproduit des textes puants et reactionnaires(ex article le meur paru dans « l écologiste »),il ne se gene pas pour nous traiter de bobos.
Lorsque l édition « l échapée » edite dans un recueil un proche de soral,qui content se presse d en causer dans « éléments »(nouvelle droite ),elle nous pond un pauvre communiqué.
C est quoi le fil de tout ca?
Qu il y ait critique des technologies industrielles,pourquoi pas;par contre la réhabilitation d un passé idyllique, la nature avec un grand N,les bonnes traditions etc ras le bol assez des curetons!
Bonjour,
Si vous l’avez lu, Escudero distingue très clairement la nature (ce qui nait, l’inné, ce qui n’est le produit ni d’une construction sociale ni d’un quelconque artifice) de l’ordre naturel (ce que vous appelez nature avec un grand N : un fantasme des réactionnaires qui légitime les inégalités sociales en les naturalisant).
Par ailleurs, l’auteur est parfaitement athée, et regrette que, la gauche ayant abandonné la critique de la marchandisation, ce soit les curetons, comme vous dires, qui s’emparent maintenant de ce discours.
Bref, le texte est sûrement criticable, mais creusez-vous la tête pour sortir des procès d’intention.
Ah oui, et PMO écrivait ceci en diffusant le 3ème chapitre du livre d’Escudero :
« On dira que nous réagissons une fois de plus en retard sur le fait accompli. C’est vrai. On le disait déjà à ceux qui s’opposaient encore au nucléaire et à Superphénix, au temps des premières FIV réalisées par de bons docteurs gauchistes. Quant à l’auteur, Alexis Escudero, il échappe au moins à ce reproche. Il est né bien après Amandine [Le premier bébé éprouvette Français en 1982]. Il parle simplement de ce dont tout le monde parle autour de lui, dans ce monde bizarre qui est le sien. »
Le dernier numéro de L’An 02, revue d’écologie politique, s’attaque aux questions que nous posent entre autres les contributions critiques de la technique et écolos sur la PMA. Accompagner les dernières abjections pourvu qu’elles soient innovantes et hi-tech ou bien chevroter que c’était mieux avant quand les hommes étaient des hommes et les femmes leurs obligées, voilà qui ne satisfait pas nombre d’entre nous, écolos, féministes, anti-indus ou technocritiques. De quoi faire un peu bouger les lignes et éclaircir des malentendus.
L’An 02 — Qui est réac ? Qui est moderne ?
http://www.lan02.org/2014/09/qui-est-reac-qui-est-moderne/
?L’écologie propose de s’éclairer à la bougie, de renvoyer les femmes à la maison et à leur condition… ou bien, lorsqu’elle gagne en maturité, elle se montre à la pointe de l’innovation, prête à miser sur l’efficacité des nouveaux procédés de management des flux humains et énergétiques. Alors, l’écologie politique : réac ou moderne ??
Aurélien Berlan, « Pour en finir avec l’alternative ‘Progrès’ ou ‘Réaction’ »
Patrick Marcolini, « L’extrême droite est-elle technocritique ? »
Dessin : Vincent Perriot, « Dog »
« L’avenir est étincelant », enthousiasmes pronucléaires
Dessin : Gébé, « L’An 01 »
Sandrine Rousseau, « Et c’est nous qu’on appelle des obscurantistes »
Pierre Christin, « L’usure du monde »
A. O. Fobb, « Post-industriel ? »
Photographie : Jens Malling
Aude Vincent et Aude Vidal, « Pour une critique émancipatrice de la PMA »
Illustration Guillaume Trouillard
Pour une critique émancipatrice de la PMA – Mon blog sur l’écologie politique
http://blog.ecologie-politique.eu/post/Critique-emancipatrice-de-la-PMA
?Fin 2012, la discussion d’un projet de loi qui prévoit l’ouverture du mariage à tous les couples et de la PMA à toutes les femmes divise l’opinion française. Dans la sphère écologiste et critique de la technique également, la question crée des lignes de fracture. Mais, alors que les arguments en jeu portent sur la nécessité de poser des limites aux possibilités ouvertes par la technoscience et de ne pas lui abandonner la gestion de nos vies, le débat n’est-il pas tombé dans la défense d’un ordre social patriarcal et homophobe ??
(En prépubli limitée, pour une fois, parce que la revue a du mal à boucler ses fins de numéros et on a besoin de vos abonnements.)
D accord je fais de la critique c est facile.
quand j utilisais le terme de cureton, c était au sens large, je suis attéré-e que des reactionnaires style michéa, le meur et tutti quanti trouve grace chez des personnes critiques des technologies.
Je faisais juste remarquer que le texte d escudero sort pile poil lors des défilés » manifs pour tous »,c est tout.
Entre le temps de sa naissance et ces belles » manip pour tous » il avait du temps,non?
Moi il me plaît ce texte. j’étais plutôt mal à l’aise avec la revendication d’avoir des enfants. Peut-être parce que j’en ai jamais voulu – et que dans le cas où j’en voudrais, ça serait uniquement par adoption.
Je sais pas, on est plein comme ça non ? A trouver ça bizarre de vouloir des enfants, et à vouloir adopter à la place (éventuellement).
Je vous rejoins cependant sur la critique de cette homophobie latente et puante qui hante le débat (!!!).
Je trouve ça dommage, il me semble que la discussion en vaut la peine… ?
Ca me rappelle le sujet de la pilule. Celle qui nous a apportées la fameuse « libération sexuelle »… moui, elle est même prescrite aux personnes stériles. C’est à ne rien y comprendre. Enfin si, que les médecins ont remplacé le patriarche.
Eh bien merde! Moi je retourne dans ma forêt me soigner avec mes plantes…
On peut être antinataliste, voire même radicalement (Solanas !) sans être naturaliste, et sans défendre notre alignement sur des « nécessités incontournables » – Malthus et l’économie, quoi. Bref on peut être contre l’enfantement, – et aussi contre l’amour, le couple, la sexualité, etc. sans adhérer à la croyance anti-indus que le sujet social actif du capitalisme, c’est la technologie (ce qui n’empêche d’ailleurs as de considérer qu’elle va avec l’idéologie de la valeur). Bref on peut se dire que la contradiction n’est as dans un « comment », mais dans ce qui est présenté par les différents partis en présence comme donné et anthropologique.
Article mis en débat. Pour l’instant, nous n’arrivons pas à trouver consensus au sein de l’équipe de modération. Comme il va nous être demandé pour quelle raison, disons que le dernier article avait déjà créé débat et que là, le sujet pose encore plus probleme. En effet, si le sujet est de se battre contre le capitalisme et la marchandisation du corps, pourquoi ne pas plus aborder la notion de gratuité. Est-ce parce que ça induirait un rejet total d’une possibilité de connaitre la notion de parentalité pour certaines catégories de personnes ? C’est sur cet aspect, et les textes présentant A. Escudéro sur une pente glissante qui nous met mal à l’aise quand à une validation, mais aussi quand à un refus de ce texte. Débattons donc ainsi que nous y invitent les textes parus depuis :
La pma n’est pas naturelle, le couple hétérosexuel et ses enfants biologiques non plus : https://nantes.indymedia.org/articles/30284
Sommes-nous une communauté politique ou une bande de potes ? https://nantes.indymedia.org/articles/30312
On a vraiment voulu prendre le temps d’en lire plus parce que certain-e-s moderateurices de l’équipe n’arrivaient pas à croire que PMO ait pris une telle direction. On a bien fait car le temps passant, la chose est devenue de plus en plus claire : oui PMO vire dans l’anti-feminisme, le naturalisme, valorise la séparation genrée des rôles de la famille
traditionnelle… et bah… c’est contraire à la charte d’indymedia nantes. Cet article est donc refusé en consensus.