Les procès qui ont eu lieu en ce début d’été (les 19, 20 et 27 juin, puis les 7, 10, 16 et 18 juillet) font suite aux nombreuses arrestations – près d’une trentaine à ce jour – liées à la manifestation contre le projet d’aéroport de NDDL du 22 février à Nantes.

Il s’insère dans un moment d’accélération de la répression qui ne fait que refléter l’ampleur croissante du mouvement d’opposition à ce projet destructeur, uniquement animé par une logique de profit.

Mais cette logique répressive, que nous subissons plus intensément aujourd’hui, est à l’œuvre depuis plusieurs années. Elle s’est en effet abattue sur toutes les formes d’expression forte du mouvement.

Déjà en 2009, elle se manifestait contre des personnes qui s’opposaient à la réalisation des travaux préliminaires au projet ou qui exprimaient leur colère en entartant un porteur du projet. De nouveau en 2011, pour un simple jet de fumier sur des locaux de Vinci à Couëron.

Dans cette phase répressive, le pouvoir visait principalement des personnes identifiées comme des figures emblématiques du mouvement, tentant d’isoler les personnes poursuivies et de décourager toute expression des opposant-E-s.

En automne 2012, lors de la tentative d’expulsion de la Zad et l’occupation militaire de la zone, la répression prenait un autre visage en instaurant des contrôles d’identité systématique et un fichage de toutes les personnes se rendant sur la Zad. L’opération César a déployé une violence extrême, faisant une centaine de blessé-E-s. Cette période s’est soldée par plus de 70 procès et des condamnations systématiques pour des faits uniquement suscités par l’occupation policière de la zone. On a alors assisté au recours généralisé à la procédure de comparution immédiate, à des poursuites répétées pour refus de prélèvement génétique et à des condamnations standardisées à des peines de prison ferme ou avec sursis, assorties d’interdictions de territoire. On voyait déjà se déployer une véritable justice d’abattage et la volonté de créer un profil de délinquant-E par la construction de la figure fantasmatique du « zadiste ».

En parallèle, le mouvement d’occupation a été confronté à une répression quotidienne, faite de harcèlement constant allant des contrôles routiers incessants à la pénalisation de pratiques de survie comme la récup de nourriture dans les poubelles.

La vague d’arrestation massive qui a suivi la manifestation du 22 février, que nous dénonçons, ne nous étonne pas. Elle n’est que la réponse d’un pouvoir impuissant à contrer l’amplification du mouvement d’opposition à cet aéroport. Les condamnations à des peines de prison ferme qui ont suivi, très lourdes pour des faits mineurs, montre encore une fois que les tribunaux fabriquent de la chair à prison sur la base de dossiers vides de preuve et de profils préconstitués par la DGSI (ancienne DCRI). Cette pratique n’est pas nouvelle, elle est couramment utilisée à l’encontre des populations en butte à l’injustice sociale.

Nous ne sommes pas dupes de la volonté de l’État, qui cherche à travers cette prétendue justice à museler l’expression des opposant-E-s et à diviser le mouvement. Nous réaffirmons notre solidarité avec toutes les personnes confrontées à la répression, et en particulier avec les centaines de personnes blessées ou mutilées par la police, la trentaine de personnes condamnées suite à la manifestation du 22 février, et les 2 camarades actuellement incarcérés.

Comité Anti Répression Issu de la Lutte Antiaéroport (CARILA) / « Legal Team »

Pour plus d’infos : http://zad.nadir.org/spip.php?rubrique56&lang=fr