Suite à l’arrestation du correspondant d’Indymedia Argentina et de membres de la communauté indigène Estación El Tabacal, à Orán, dans la province de Salta, les intimidations et les menaces se poursuivent. Cette fois, des dirigeants politiques associés à la Seabord Corporation utilisent les médias locaux pour menacer « de se faire respecter » et accusent le journaliste Pablo Badano « d’être un employé de compagmies sucrières » brésiliennes ou de « vouloir installer une déchetterie spatiale » à Oran.

Jeudi dernier, six policiers en civil on arrété et détenu Pablo Badano, mieux connu sous le pseudonyme de Pablo Indio, journaliste et membre d’Indymedia Argentine, ainsi qu’ Horacio Guzmán, l’un des dirigeants de la communauté indigène Guaraní El Tabacal. Ils ont été retenus une journée entière et libérés grâce à la pression nationale et internationale de dizaines d’organisations.

Hier, le puntero politique Juan Altamiranda (frère de Hugo Altamiranda, du Parti Rénovateur) a menacé une nouvelle fois Pablo sur les ondes d’une radio locale, et déclaré que le journaliste « manquait de respect à la population tant il mentait », et qui lui même allait « se charger de l’obliger à un plus grand respect ».

Ces déclarations ont été faites le lundi 5 avril, à la radio Santa Clara de Asis de Hipólito Irigoyen, peu apès que Pablo ait relaté sa détention et que les membres de la communauté aient lu un communiqué de presse expliquant la responsabilité de la rafinerie de sucre Tabacal (propriété de Seabord Corporation), des persécution qu’ils endurent.

Immédiatement après leur départ, Juan Altamiranda s’est rendu à la radio pour défendre l’entreprise et dénoncer « l’intrusion »de notre camarade. qui travaille à des taches d’information dans la région.

« Et si il rend responsable la rafinerie, pour qu’il nous repecte, on va se faire respecter » a-t’il menacé une nouvelle fois. Il a ensuite déclaré que Pablo Badano serait un agent payé pour favoriser des intérêts etrangers,tels que celui des compagnies sucrières brésiliennes.

Le jour suivant sur la même radio, et sur le même ton, Milagros Macías, ex conseiller du Partido Justicialista (de Menem), déclarait que ceux qui participaient au conflit avec la rafinerie Tabacal, en particulier Pablo, veulent installer « une déchetterie spatiale »[1] dans la région.

[1] c’est à dire une déchetterie pour entreposer les déchêts qui viennent de l’espace…

La communauté indigène Estación El Tabacal est en conflit depuis septembre dernier avec l’entreprise nord americaine Sabord Corporation, à qui ils réclament 5000 hectares de terre usurpée par la rafinerie. Ce conflit, sous diverses formes, dure depuis plus d’un siècle.

Notre camarade se trouve dans la région depuis un mois, il effectue un travail journalistique sur la situation des communités indiennes.

Le seul « intérêt obscur » qui nous anime est celui qui consiste à vouloir enquéter en diffuser des informations sur la situation dans l’extrême nord de l’Argentine, ce qui semble contrarier la Seabord Corporation. D’après notre expérience de ces dernières semaines, cette société tire les ficelles de la classe politique et du pouvoir judiciaire de la région.

Nous avons décidé de rester dans la région. En tant que journalistes, nous croyons qu’il nous incombe de diffuser les faits tels qu’ils sont, et nous ne pensons pas nous arréter parce qu’on nous menace ou qu’on nous détient.

Nous tenons pour responsable de l’intégrité physique de nos camarades la Seabord Corporation, le gouvernement provincial et la police locale.

Nous vous demandons d’être attentifs à la défense de la liberté d’informer et de s’informer et à préparer, en cas de nécessité, un nouvelle (et plus nombreuse) délegation de journalistes et d’organismes de droits de l’homme à Oran, pour continuer à informer sur la situation sociale et politique de la région.

Collectif éditorial, Indymedia Argentina.