Société d’exploitation tu m’auras pas !

Objectifs à remplir. Cadences à suivre. « — Vous me faites ça tout de suite ! ».Obéir. Faut toujours en faire plus. Trimer, marner. « – C’est pas encore fini ?! ». Bosser toujours plus vite. Recevoir des ordres, toute la journée, être pris pour un con, toute la journée. « – Après, vous ferez ça. Et dépêchez vous ! ». Obéir ? Encore !? J’en ai ma claque ! Au prix où j’suis payé, mon con, tu crois pas que j’vais encore en faire plus ? Tous les jours, la pression pour bosser encore plus, pour faire encore plus vite. Tous les jours, huit heures par jour, parfois plus, recevoir les mêmes ordres des mêmes têtes de piaf. Les chefs qui donnent des « objectifs » aux sous-chefs. Les sous-chefs qui nous collent au cul pour qu’on aille plus vite, pour « produire » encore plus ! Le bagne huit heures par jour, merde, tout ça pour quoi ?

C’est quoi, cette société d’exploitation, où toute la journée, il faut obéir à des cravatés qui eux-même obéissent à ceux de la Haute, dans le seul but de nous exploiter toujours plus, de presser le citron jusqu’à la dernière goutte ? Non, je ne marche plus là-dedans, saletés d’exploiteurs. C’est fini, cette vie de cons. Se tuer au boulot, alors qu’il y en a qui sont au chômage ! Perdre sa vie à la gagner, jusqu’au jour où ces profiteurs, ces exploiteurs, ces criminels, ferment la boîte et nous foutent dehors ! MORY-DUCROS, SEITA, TRELLEBORG, etc… Et cette colère sourde mêlée à un profond sentiment d’injustice qui monte à la gorge… Mais cette colère ne doit pas nous paralyser, au contraire, plus que jamais, il faut s’atteler à changer ce monde…

Sous prétexte de compétitivité et autres fadaises, on subit la dictature d’une armée de pisse-froids qui nous abreuvent avec des phrases creuses et emmerdantes sur la compétitivité et le « marché », tout un baratin. Tu parles ! Tout ça pour que des salopards accumulent du fric, pendant que nous, on doit se démerder jusqu’à la fin du mois avec nos deux ronds1 qui nous restent !

« Baisse des ventes » : mon cul ! Baisse du taux de profit, oui ! C’est la loi de leur système morbide, et qui voudrait nous entraîner avec lui dans sa perte… Mais c’est fini, j’vous dis ! J’marcherais plus ! Tiens, déjà, ça : VOTRE SOCIETE CAPITALISTE, C’EST PAS LA NOTRE ! A part nous exploiter ou nous foutre au chômage, les actionnaires, le capitalisme et l’État bourgeois à sa botte sont incapables de résoudre les problèmes qui se posent aux travailleurs ! Il ne faut pas compter sur le gouvernement, sur les élus, ou qui que ce soit ! Faut se méfier aussi des faux-amis, ceux qui se prennent pour nos représentants « naturels ». Ceux qui nous disent d’être raisonnables, de revoir nos « prétentions » à la baisse… combien d’échecs, d’impasses, de tromperies, de divisions à leur actif ?

Ne comptons que sur nous-mêmes, et sur ce que nous faisons nous-mêmes ! A nous de reprendre la main ! Occupons les usines ! Y en a marre de nous faire balader dans les rues pour que dalle ! Formons nos comités de salariés en lutte contre les licenciements et les suppressions d’emplois ! Organisons-nous en coordinations des comités en lutte ! Rien que dans le coin, il y a de quoi faire !

Pour sortir de cette société qui nous étouffe, qui étouffe notre parole et notre volonté, commençons par discuter de notre lutte, justement. Quelles revendications ? Quelles actions ? Une lutte tous ensemble ne serait-elle pas plus utile que des luttes isolées, chacune perdante dans son coin ? Débattons, écoutons nos arguments, à tous ! Organisons-nous démocratiquement, discutons de tout ! Seule la vérité est révolutionnaire ! Tous aux AG !

Nous, ouvriers et employés, salariés ou chômeurs, affirmons notre fierté d’appartenir à une classe combative, à une classe d’avenir, à une classe qui prétend demain se passer des exploiteurs.

Le capitalisme s’effondre : ce n’est pas à nous de le sauver, mais bien plutôt de l’enterrer ! La crise, c’est eux, oui, la solution, c’est nous ! Affirmons notre droit à vivre dignement, tous, comme des êtres humains. Retrouvons cette fraternité humaine qui est inscrite dans nos gênes ! Non, société d’exploitation, tu m’auras pas !

Les enfants du Père Peinard,

Nantes, le 1er mai 2014

1Par exemple, alors que les ouvriers de PSA Peugeot Citroën viennent de toucher des « primes de participation » allant de 40 centimes à 18 €, les actionnaires de PSA viennent de toucher 100 millions d’euros avec l’augmentation de capital de 3 milliards d’euros qui permet l’arrivée de l’Etat et de Dongfeng comme nouveaux actionnaires.