La police mène une guerre, qui se joue autant des les colonnes des journaux que dans les rues occupées du 22 février. Aujourd’hui, encore une fois, se répand dans la presse une prose aussi offensive qu’indécente :

« Ces derniers jours, les fonctionnaires ont eu le sentiment que les médias donnaient beaucoup de place aux personnes blessées pendant la manifestation du 22 février, explique Jean-Christophe Bertrand, directeur départemental de la sécurité publique […] « On ne pensait pas que cette affaire allait prendre cette ampleur ».

Ouest France

« Lassés par la médiatisation dont bénéficient les manifestants blessés, certains fonctionnaires touchés lors des violences ont décidé de porter plainte […] Pour recueillir les plaintes des policiers […] une structure interne va être mise en place .»

Presse Océan

La police de Nantes n’est pas uniquement violente, lâche et obscène.

La police tue. La police veut tuer.

Elle veut tuer la solidarité, la lutte, la révolte : en terrorisant les manifestant-e-s qui occupent les rues. En blessant ou mutilant une personne, c’est tout un groupe qui est atteint. Tirer au flashball, c’est atomiser, terroriser, isoler. En emprisonnant : après la manifestation, un jeune père a été jeté sous les verrous pour un an. Il avait fabriqué un fumigène. Les policiers qui ont blessé et mutilé des dizaines de personnes, eux, continuent à parader armés dans les rues.

Elle veut tuer, concrètement, au sens premier du terme. En ajustant délibérément les tirs de ses armes à feux à usage militaire – les Lanceurs de Balles de Défense – sur plusieurs visages, il s’agit de faire mal, de frapper les corps. Comment ne pas qualifier de tentative d’homicide un tir volontaire à hauteur de tête avec une arme létale – car le flashball a déjà tué – ?

Elle veut tuer la vérité : en étouffant la parole des blessé-e-s jusque dans les moindre interstices. Leur accorder quelques lignes dans les pages secondaires d’un journal local, c’est déjà trop. Il fallait qu’elle innonde les journaux de ses mensonges, de ses menaces envers une Justice déjà bien assez complice de ses exactions.

Étaler dans la presse des nombres fantaisistes de policiers blessés, parler de saccage du centre ville, jeter en prison ceux qui occupent la rue, c’est faire oublier que la seule force armée qui a voulu dévaster les corps et les esprits le 22 février, c’est bien la police*.

Ni oubli, ni pardon

 

*Le chef de la police nantaise, Jean-Christophe Bertrand, pose clairement les nouvelles clauses du contrat social dans un entretien ahurissant paru sur Mediapart le 18 avril.

Il justifie autant les tirs sur les journalistes « c’est assez difficile de séparer le bon grain de l’ivraie« , que les attaques à coup de canon à eau et de lacrymogènes envers les manifestants qui tentaient de protéger et mettre à l’écart Quentin, gravement blessé à l’oeil par un tir policier : « ceux qui prennent le risque de s’en prendre aux forces de l’ordre s’exposent eux aussi à des dommages corporels. » Enfin, l’envoi de policiers d’élite du GIPN, surarmés, contre des manifestants désarmés est revendiqué de façon décomplexée : « le GIPN était initialement dédié à la protection de la mairie. En fin d’après-midi, la situation est devenue tellement critique qu’ils ont demandé à venir porter assistance à leurs collègues. »