Nous sommes cinq à avoir été touchés et blessés ce soir là, nous sommes quatre à avoir porté plainte. Tous les tirs étaient dirigés vers nos visages. Nous avons été touché à la nuque, à la clavicule, au front et à l’œil. Tous les tirs auraient pu nous blesser grièvement. Or, le parquet ne demande le renvoi devant la cour d’assise que d’un policier, celui qui a éborgné Joachim.

Il est pourtant évident que les trois tireurs mis en examen par le juge d’instruction partagent la responsabilité. En droit, il y a une expression pour dire cela : il s’agit d’un cas avéré de violence en réunion. On retrouve les mêmes entorses au règlement d’utilisation du flash-ball : le non respect de la distance de tir, de la zone de tir, et aucune légitime défense n’est soutenable comme l’a confirmée le parquet. Donc la même intention de faire mal, de blesser. De ce fait, il n’y a aucune raison de ne renvoyer qu’un seul policier en cour d’Assises.

Car ce qui est en cause ici, c’est une opération policière où l’on retrouve chez les policiers une volonté partagée d’en découdre, de punir des personnes qui depuis des années militent pieds à pieds dans la ville contre les rafles de sans-papiers, contre les expulsions de logement, contre les radiations dans les pôles emplois.

Opération policière dans laquelle la hiérarchie a une grande responsabilité. Sinon comment expliquer la détermination partagée des policiers à nous tirer dessus, alors que nous étions en train de nous disperser ? Entre autres éléments du dossier, on peut évoquer la carte blanche donnée aux policiers ce soir-là.

Devant le caractère accablant du dossier, la police et la justice ont décidé de lâcher un policier et de lui faire porter toute la responsabilité, laissant croire qu’il s’agit là d’un acte isolé, d’un accident en somme.

Croyez-nous, nous avons autant de colère contre ceux qui ont armé les policiers et les ont lâché sur nous, que contre les tireurs. Qu’ils comptent sur nous pour ne pas les oublier. Notons qu’avec d’autres personnes blessées par la police, nous avons porté plainte devant le tribunal administratif.

Pour l’instant, nous attendons la décision du juge d’instruction auquel nous allons remettre des observations dans ce sens.

Pour l’instant, nous attendons les décisions concernant toutes les histoires où des policiers ont tué ou blessé des personnes.

Et nous appelons à la manifestation nationale des victimes de la police, au métro Anvers à 15 h à Paris aujourd’hui le 5 avril 2014.

Collectif 8 juillet – Montreuil.

https://collectif8juillet.wordpress.com/2014/04/05/suite-aux-requisitions-du-procureur/