Le Carnaval n’est pas fini

Le dimanche 16 avril, comme chaque année, le carnaval de la Plaine et de Noailles a défilé au son des fanfares, sous les jets de farine et d’œufs. Comme le veut la tradition carnavalesque, le Caramentran, cette année un char-bateau à l’effigie de l’Hôtel-Dieu devenu un hôtel 4 étoiles, est jugé puis brûlé à la fin de la fête. Le char rappelait cette année les croisiéristes à venir, la culture du fric et des flics.

Depuis quelques années, un nombre impressionnant d’individus déguisés en poulets « accompagne » le cortège. Un carnaval parallèle dont la vocation est plus de tendre l’ambiance que de protéger les passant-es… À Noailles déjà, ils ont donné un aperçu de la raison de leur présence, en arrêtant l’un des participants pour avoir taché d’œuf un flic en civil. Lorsque le Caramentran a été brûlé, les flics ont décidé de mettre fin à la fête en envoyant les pompiers éteindre le feu.

Les carnavalier-e-s ont refusé l’intervention des pompiers pour que la fête puisse continuer, comme d’habitude, jusqu’à ce que le feu s’éteigne de lui-même. Les CRS ont alors chargé à coups de matraques, bombes au poivre et lacrymos toutes les personnes présentes, qui ont riposté. C’est l’occasion qu’a saisie la BAC pour arrêter deux autres personnes. Le cortège s’est alors déplacé en musique jusqu’au commissariat de Noailles. Le carrefour Canebière-Cours Lieutaud a été bloqué, pour demander la libération des personnes arrêtées.

Deux heures de blocage et cinq autres ont été embarquées. Comme le montre une vidéo postée sur le site de la Provence l’une d’elle a été battue durant l’arrestation. Sept des huit personnes sont passées en comparution immédiate. Celui qui l’a refusé a été placé en détention préventive. Les peines sont lourdes : de 6 mois de sursis à 2 mois fermes avec en plus 8 mois de sursis. Au total quatre d’entre eux ont été transférés aux Baumettes immédiatement après le procès.

Le message est clair : dans les rues de Marseille, il faut circuler. Ne pas se réunir, ne pas traîner, ne pas manifester sans y être autorisé. Comme dans toutes les villes l’étau se resserre… Pendant qu’au MUCEM, on met le carnaval en vitrine (oui, c’est le sujet de la prochaine expo…), EUROMED rase nos quartiers, les loyers augmentent, les caméras se multiplient. Marseille lave toujours plus blanc.

Chaque fois que les espaces de la ville sont appropriés hors du cadre institutionnel (fête de rue ou de quartier, victoire sportive, luttes d’habitants), la seule réponse : des coups de matraque, des lacrymos… pour transformer la ville au service des riches.

La violence n’est pas le fait des carnavalier-e-s, ni des gamin-e-s des quartiers, contrairement à ce qu’en disent les journalistes. Elle est le fait de la police.

Solidarité avec les condamné-e-s/inculpé-e-s

Assemblée du carnaval lundi 24 mars à 19h à l’Équitable Café
(54 cours Julien, métro Notre Dame du Mont)

Réunion vendredi 28 mars à 18h à la Marmite (38 cours Gouffé métro Castellane)

Plus d’infos sur millebabords.org

contacter  carnavaltouslesjours@riseup.net pour infos, témoignages, proposer des initiatives de soutien…

Et quelques pistes pour savoir de quoi on parle…

Sur la « tradition » marseillaise du Carnaval de la Plaine, ce texte écrit suite à l’édition 2013 : http://www.primitivi.org/spip.php?article615

Un autre texte d’appel à l’assemblée extraordinaire du Carnaval ce lundi 24 :
http://www.millebabords.org/spip.php?article25730