Aux alentours de 14 heures, ce sont sept vans de CRS et de nombreuses voitures de police nationale, dont des voitures banalisées de la BAC, qui se sont rendus sur les lieux pour procéder une nouvelle fois à l’évacuation de l’habitation et à l’arrestation brutale de ses résident-e-s.

Une trentaine de CRS, casques sur la tête et boucliers à la main, ont également violemment repoussé les soutiens, les empêchant de pouvoir observer les conditions de l’expulsion qui s’est donc déroulée en toute opacité, seuls les cris et les plaintes des habitant-e-s pouvaient donner un aperçu de ce qui se déroulait (les journalistes sur place ont été également, très vite, empêchés de prendre des photos par la police…).

Interrogés sur la disproportion entre ce dispositif policier ridiculement impressionnant et le maigre effectif des forces de police mis à disposition pour «protéger» les personnes assiégées de la maison du 122 rue Émile Dumont à Coulogne, les CRS sont allés jusqu’à répondre, provocateurs, qu’il ne s’était rien passé là-bas.

Ils ont poussé le vice jusqu’à dire aux soutiens qui pointaient du doigt les menaces de mort et les appels au viol qu’ils/elles avaient subi là-bas, que cela ne leur posait aucun problème, et l’un d’entre eux a même ajouté que, «si sa fille se comportait comme elles» (en désignant certaines militantes sur place) il l’a ferait «fusiller».

A 15 heures, tout était fini, et les camions des ouvriers chargés de murer la maison le matin se sont mis au travail pour condamner définitivement l’accès à la maison.

Une nouvelle fois, les habitant-e-s ont été emmené-e-s au poste de police, placé-e-s en garde à vue au motif de «dégradation volontaire en réunion» et relâché-e-s moins de quatre heures plus tard sans aucune charge, comme d’habitude…

La mairie et le préfet ont encore détourné les procédures et utilisé, pour la énième fois, la suspicion creuse et factice de dégradation pour pouvoir vider la maison et bénéficier du laps de temps nécessaire pour la murer définitivement.

Une enquête pour «dégradation volontaire en réunion» ne justifie en rien la condamnation de l’habitation et, étant sorti-e-s sans charges, les habitant-e-s devraient pouvoir légalement regagner leur résidence en attendant que le tribunal d’instance tranche sur la légitimité ou non de leur présence.

Ce système bien huilé de détournement des procédures, réclamé par la mairie et légitimé par le préfet, est devenu la norme à Calais, et cela doit cesser!

La mairie aurait, selon le Nord Littoral, porté plainte à nouveau le «dimanche soir». Cependant, dès le dimanche après-midi, la police a donné explicitement rendez-vous aux habitant-e-s le lendemain pour leur expulsion.

Comment expliquer, qu’avant même que cette plainte ne soit instruite par la justice, les forces de police savaient déjà pertinemment quelle en serait l’issue ?

Madame Bouchart a déclaré aujourd’hui au Nord littoral «qu’aujourd’hui à cause de tous ces squats illégaux, on en oublie de parler du vrai problème: les migrants et qu’ on ne parle plus d’eux mais d’extrémistes de gauche qui utilisent cette cause pour faire parler d’eux et créer une agitation».

Ce que Madame Bouchart oublie c’est que ce n’est pas à elle de juger «l’illégalité» ou non d’un squat. Elle oublie également, aveuglée par son obsession xénophobe et électoraliste de création d’un «problème» migratoire, que la loi doit être la même pour tous et toutes et doit s’appliquer sans prise en considération des convictions politiques présumées des personnes ou de leurs nationalités.