Depuis l’opération « César » d’octobre 2012, une ligne de correspondance s’est tracée entre la ZAD et Rouen par d’innombrables allers-retours à NDDL, la construction de la cabane « Pui Plu » sur place, l’organisation d’une semaine à la chataîgne, d’un parloir sauvage devant la prison Bonne Nouvelle, d’un parking gratuit et d’un tas d’autres actions faisant écho à la lutte. Ce fut aussi autant de moments d’expérimentations uniques durant lesquels les liens au sein du collectif se sont tissés et renforcés.

Nous pensons que la force de la ZAD réside dans le fait qu’on n’y lutte pas contre des abstractions tels que l’État, la pollution ou le Capital, mais contre leur application très concrète. Le gouvernement de nos vies passe par l’aménagement du territoire, rendu toujours plus attractif et valorisé, et nous, toujours plus fonctionnels, fluides, interchangeables. Mais ce qui est en cours à NDDL est déjà bien en place partout ailleurs.

C’est ainsi que, même si nous gardons en tête ce mot d’ordre collectif « l’aéroport ne se fera jamais », nous décidons de rentrer en grève et porter l’offensive aussi là où nous sommes, squatter ce lieu et y expérimenter la communauté, organiser des gros concerts et affûter nos armes pour la manif du 22 ou autres appels à venir. En bref : nous tissons une toile partisane et nous commençons ici, entre la ZAD et l’occupation de Bammeville.

La lutte, pour être victorieuse, doit tendre vers la généralisation du conflit : cette occupation, bien qu’éphémère, est une proposition en acte de diffuser la ZAD non comme « conscience » mais comme pratique. Nous appelons les autres collectifs à tisser avec nous cette toile, diffuser l’occupation, intensifier l’offensive en vue des prochains appels et événements, se ramener ici pour notre gros concert du 14 février et aussi à n’importe quel autre moment.

Les ZADistes Rouennais, 31 janvier 2014