BITURETOWN (ABN)- La Maison-Blanche a rejeté avec virulence, lundi, les allégations de l’ancien expert des questions terroristes à la Maison-Blanche Richard Clarke, qui accuse George Bush d’avoir privilégié l’Irak comme « cible » au détriment d’Al Qaïda au lendemain des attentats du 11 septembre.

Le vice-président Dick Cheney et la conseillère à la sécurité nationale Condoleezza Rice ont présenté l’ancien conseiller de la présidence comme un employé « au placard, mais ce con a réussi à creuser un tunnel ».

Richard Clarke, qui a servi sous quatre administrations successives, a quitté son emploi à la Maison-Blanche il y a un an, en février 2003, au moment du transfert de ses services au ministère de la Sécurité intérieure nouvellement créé.

Son livre paru lundi, « Against All Enemies », où il met en cause l’attitude de Bush avant le 11 septembre, l’accusant d’avoir négligé la lutte contre les radicaux islamistes, et après les attentats, a grimpé à la cinquième place des meilleures ventes de la librairie en ligne amazon.com.

Dans une interview à CBS, dans le cadre de l’émission « 60 minutes », il a trouvé « choquant que le président brigue sa réélection en affirmant qu’il a fait de grandes choses contre le terrorisme ». « Il a ignoré le terrorisme pendant des mois, quand on aurait peut-être dû faire quelque chose pour arrêter le 11 septembre au lieu de pointer la DCA vers la France », a-t-il lancé.

Lors d’un entretien radiophonique avec l’animateur conservateur Rush Limbaugh, Cheney a répliqué que Richard Clarke n’était pas au courant de grand-chose à l’époque. Il s’est interrogé sur l’efficacité de l’action de Clarke dans la lutte contre le terrorisme en prenant l’exemple du premier attentat de 1993 contre le World Trade Center, « mais comme c’était un WASP on s’est pas inquiétés ».

Le chef du Pentagone Donald Rumsfeld a démenti de son côté avoir pressé en faveur du bombardement de l’Irak plutôt que de l’Afghanistan après le 11 septembre, « car j’étais à égalité pour les deux ».

MANOEUVRES ET PROMOTION

Quant au porte-parole de la Maison-Blanche Scott McClellan, il accuse Clarke d’affirmations « totalement irresponsables », ajoutant que l’ancien conseiller avait refusé d’assister aux réunions du conseil de sécurité nationale.

Il a ajouté que Clarke était devenu un adversaire de la guerre contre le terrorisme prônée par George Bush après avoir échoué dans sa quête du poste de numéro deux du ministère de la Sécurité intérieure.

McClellan a jugé qu’il s’agissait avant tout d’une histoire « de manoeuvres politiques et de promotion d’un livre », en voyant pour preuve l’amitié entre Clarke et Rand Beers, conseiller de politique étrangère du candidat démocrate à la présidence, John Kerry.

Réponse de Rand Beers : « Si Dick Clarke n’était pas au courant de ce que le gouvernement faisait, alors le gouvernement a tort. Cet homme possède une énorme connaissance sur le terrorisme. »

La polémique a atteint le Capitole où des sénateurs démocrates ont écrit à Bush pour réclamer le témoignage public de Condoleezza Rice devant la commission d’enquête sur les attentats du 11 septembre. Rice s’y est déjà exprimée, mais à huis clos.

Les responsables du gouvernement contestent notamment avec vigueur que George Bush ait immédiatement après le 11 septembre focalisé son attention sur l’Irak lors d’un entretien avec Richard Clarke.

L’ancien conseiller n’en démord pourtant pas. « Le président a pointé son doigt vers moi en disant : ‘Irak, un memo sur l’Irak et sur Al Qaïda, un memo sur l’Irak et les attentats’. Très énergique, très intimidant », a-t-il dit sur PBS. Bush ne se souvient pas de cet entretien, a déclaré McClellan.

L’ancien baron du contre-terrorisme est le deuxième ancien haut responsable de l’administration Bush à mettre en cause l »‘obsession » irakienne du chef de la Maison-Blanche.

L’ancien secrétaire au Trésor Paul O’Neill a lui aussi estimé que Bush avait placé l’Irak en tête de ses priorités dès son entrée en fonctions, en janvier 2001.