Car, côté gouvernemental, on fait de moins en moins semblant : si le Ministre des transports, M. Cuvillier, a reçu pour la première fois une délégation des opposants au projet d’aéroport – l’Acipa, l’Adeca, le collectif des pilotes et le CéDpa – pour affirmer que tous les engagements de l’Etat en matière de concertation et de respect des normes environnementales seront tenus, quelques jours plus tard, son collègue de l’environnement, Philippe Martin, affirmait sur Europe 1 « qu’à l’issue des consultations qui ont lieu actuellement, c’est un équipement qui devra se faire« .

Et en matière de consultation, c’est le Préfet de région qui est à la manoeuvre. Comme l’a rappelé Delphine Batho, l’ex-ministre de l’écologie vidée par Ayrault, sur le site écolo Reporterre le 11 septembre dernier, indique : »… les conclusions de la commission scientifique sont assez claires. La législation sur la zone humides fait que la méthode envisagée pour la compensation environnementale n’est pas possible. Si on suit la conclusion de la commission scientifique, en l’état, le projet d’aéroport ne peut pas être conforme à la loi sur l’eau ». Conséquence : le Préfet vient de nommer une nouvelle commission, immédiatement dénoncée par les associations de défense de l’environnement car elle n’intègre pas le moindre spécialiste de l’eau ! 

Les opposants avaient également pris contact avec le Parlement européen et la Commission européenne pour que les institutions européennes s’emparent du dossier de Notre Dame des Landes et s’engagent à faire respecter les directives européennes en matière de préservation de l’environnement. Et là, les résultats sont non seulement pas convaincants mais franchement alarmants : « Nous revenons de Bruxelles avec un sentiment mitigé ; nous pourrions être satisfaits d’avoir entendu la commission européenne dire qu’une procédure d’infraction était en cours depuis 2009 contre la France pour non respect de la directive sur les évaluations environnementales et que le cas de NDL entrait dans ce cadre. Le « saucissonnage » des procédures permet en effet d’éviter de montrer les effets cumulés sur l’environnement des investissements connexes (routes, tram-train, zones d’activités etc.). Cependant nous regrettons que la commission semble croire sur parole l’État français quand il assure qu’il respectera la loi sur l’eau, à sa manière sans doute. Nous regrettons qu’elle n’ait pas voulu statuer à ce stade sur de possibles infractions sur les autres directives environnementales, et qu’elle reporte son jugement final à l’analyse des décisions à venir (arrêté loi sur l’eau et déplacement des espèces protégées). En tout état de cause, nous avons eu confirmation que les études complémentaires, auxquelles on nous demandait de participer « en toute transparence » étaient déjà faites et que la concertation proposée en préfecture n’était qu’un simulacre »

C’est dire qu’un passage en force, habillé d’un feu-vert de l’Europe, est non seulement d’actualité mais sans doute est-il déjà programmé. Et Matignon (Ayrault) est aujourd’hui à la barre pour décider de la date exacte en fonction de ce qu’il estimera être la meilleure opportunité politique (2). 

C’est dans ce contexte, que l’appel lancé par Michel Tarin, paysan à Notre Dame des Landes à la retraite, ancien gréviste de la faim et animateur historique de la mobilisation contre le projet d’aéroport, doit être entendu. 

La journée du 5 octobre, semons la Résistance, est une première réponse positive à cet appel de Michel à se remobiliser massivement et urgemment. Car, comme l’affirment ensemble ADECA(Association de Défense des Exploitants Concernés par l’Aéroport) , Copain 44 (Collectif des Organisations Professionnelles Agricoles INdignées par le projet d’aéroport. Le COPAIN est composé des CIVAM, du GAB44, de la Confédération paysanne, de Terroirs44 et d’Accueil Paysan) et Sème ta ZAD “le coup de force des politiques à Bruxelles conforte notre détermination commune à empêcher tous travaux de commencer » (3) 

Julien Douillard 

1) « L’opération Cesar » c’est le nom qu’avait choisi les responsables de l’Etat pour l’opération militaire visant à détruire la Zad et expulser les opposants en octobre et novembre 2012. 

2) Depuis la mi-septembre, les forces de gendarmerie se font nettement plus présentes sur la grande zone de Notre Dame des Landes. Jacques Auxiette, le président PS du Conseil régional, annonce les début des travaux pour octobre. Et l’armada des conseillers juridiques du groupe Vinci est à l’oeuvre pour que soit mis en oeuvre le partenariat public privé que lui a offert l’Etat : du béton et du pognon ! 

3) Le texte intégral de cet appel, et bien d’autres informations sur l’actualité à Notre dame des Landes, sont disponible sur le site de Alternatifs 44 : http://www.alternatifs44.com et sur celui de l’ACIPA http://acipa.free.fr