Le contraste avec les révoltes de 2005 est saisissant. Alors qu’il s’agit des révoltes les plus massives de l’histoire des banlieues françaises, force est de constater que leur débouché politique semble introuvable. Il ne s’agit pas de nier leur dimension politique, mais de s’interroger sur les conditions de possibilité et les modalités de traduction d’une colère en revendications. Pour comprendre cette situation, rares sont les analyses sociologiques qui établissent une relation entre l’absence de porte-parole et l’histoire du mouvement de l’immigration et des banlieues. Or, les révoltes se sont déclenchées dans un contexte marqué par trois phénomènes reliés entre eux : 1) une crise profonde du militantisme dans les quartiers populaires, aggravée par les transformations de la condition ouvrière marquée par le précariat ; 2) l’hégémonie croissante du champ médiatique dans la définition des causes légitimes et la construction de la légitimité politique des mouvements politiques (on s’intéressera au cas du Mouvement des indigènes de la République) ; et 3) la primauté de la stratégie de reconnaissance identitaire. »

Abdelali Hajjat: Histoire politique des immigrations post coloniales 1920 – 2008

Vous pouvez télécharger ICI l’intégralité de l’introduction de l’ouvrage « Histoire politique des immigrations post coloniales 1920 – 2008 » réalisé sous la coordination d’Abdelali Hajjat et Amhed Boubeker.