Elles ont participé aux manifestations pacifiques hebdomadaires aux côtés des hommes de leur ville Salamyeh. Lorsque, au mois d’août 2011, le régime a décidé d’étouffer la voix libre de la ville lors d’une campagne violente d’arrestations massives qui a touché la plupart des activistes pacifiques à Salamyeh, elles ont organisé des manifestations de femmes pour revendiquer le renversement du régime tyrannique et exiger la libération de leurs fils détenus. Elles ont organisé des sit-in et des rassemblements de protestation dans la plupart des rues de la ville, dont le plus célèbre est le sit-in sur la place publique juste avant la Fête des mères en mars 2012. Leur revendication de libérer les détenus n’a pas été du goût du directeur de la zone qui les a répondu avec férocité en descendant avec les shabbiha pour les tabasser et arrêter tous ceux qui ont essayé de l’empêcher ou de défendre les manifestantes. Après avoir resserré la chape de plomb sur la ville et l’augmentation des risques d’arrestation, les femmes de la coordination de la ville de Salamyeh ont pu trouver un autre moyen de faire parvenir leur voix au monde et à tous les fils de la nation en organisant des sit-in hebdomadaires à domicile en solidarité avec tous les enfants de la révolution syrienne et pour écrire des communiqués qui expliquent leur position par rapport aux événements que vit la Syrie en général, et la ville de Salamyeh en particulier.

 Communiqués qui vont être lus dans les sit-in, publiés sur Internet via leur propre page et distribué aux citoyens de la ville après impression.

Elles étaient les premières à prendre des initiatives de solidarité avec les femmes détenues en grève dans la prison d’Adra et leur avaient consacré un communiqué. Elles avaient également émis un communiqué suite à l’attentat terroriste préfabriqué par les shabbiha de Salamyeh contre les sièges des comités, situé à côté de la maison du directeur de la zone, et qui a coûté la vie à des dizaines de civils innocents. Leur dernier communiqué dénonce le bombardement aveugle de la ville de Salamyeh qui a fauché la vie à des innocents de la ville parmi les hommes, femmes et enfants. Elles ont condamné les massacres commis par le régime dans toutes les villes syriennes en hissant des pancartes dédiées à ces villes et qui mettent l’accent sur « l’unité du sang syrien » et avertissent du jeu sectaire tenté par le pouvoir qui assurément ne les trompera pas, ni elles ni les citoyens de la ville. Parmi les plus importants slogans qu’elles sont scandés lors des manifestations : « Les jeunes filles de Salamyeh veulent la liberté, rejettent le sectarisme et aspirent à un Etat civil » ; c’est parce qu’elles ont expérimenté le vivre-ensemble dans une ville libre dont le tissu social est une belle mosaïque qui comprend la plupart des composantes du peuple syrien. Rien qu’à Salamyeh, il y a des ismaélites, des sunnites, des alaouites, des chrétiens et des adyguéens. Même si leurs proportions sont inégales, ces communautés font la beauté de la citoyenneté qui les réunit dans l’amour de leur grande patrie la Syrie et leur petite ville Salamyeh.

Les femmes de la coordination de la ville de Salamyeh par engagement et responsabilité envers tous les citoyens sans exception ont participé avec les activistes de la ville parmi la jeunesse libre révoltée aux actions de secours quand leur ville s’est remplie de réfugiés sinistrés d’autres villes syriennes par le régime criminel et perfide. Elles ont offert ce dont elles étaient capables pour les accueillir et subvenir à leurs besoins.

Amel, l’une des femmes actives de ce groupe déclare : « Nous avons participé aux cortèges funéraires de nos martyrs, bien que généralement la sortie des femmes aux cimetières n’est pas une pratique coutumière dans notre ville, nous avons voulu briser les habitudes archaïques, y compris celle-ci. Chacune d’entre nous considérait le martyr comme un fils, frère ou père ; tout martyr est le fils de la ville et pas seulement de sa famille. » Et d’ajouter : « Ce qui distingue ce groupe de femmes rebelles, c’est l’esprit d’équipe avec lequel elles travaillent en vue de parvenir à leur objectif, qui est aussi l’objectif de la révolution en toute la Syrie, à savoir dégager le régime dictatorial basé sur les coteries et les clans et l’instauration d’un Etat démocratique civil pour tout le peuple syrien avec toutes ses composantes. »

Une autre, Yasmine, dit que ce qui a distingué et distingue toujours notre mouvement, c’est son caractère pacifique. Cependant le régime, en commettant plusieurs massacres contre des civils dans de nombreux endroits de la Syrie, a contraint la population à prendre les armes pour se défendre. La constitution de l’armée libre nous a interpellées pour prendre une position claire sur cette question. C’est ce que nous avons fait car nous sommes pour une armée libre organisée avec un seul état-majeur en accord avec les directions politiques de la révolution et dont le but est d’instaurer un Etat civil démocratique et pluraliste au service de tout le peuple syrien, qui assume la tâche de protéger les civils et œuvre pour l’émancipation et le renversement du régime selon une stratégie réfléchie et responsable.

Quant à Ahlam, elle dit : « Nous rejetons catégoriquement tous les phénomènes étrangers à la société et qui cachent des agendas tant étrangers qu’éloignés des aspirations du peuple syrien, et cela sous différentes dénominations et sous formes d’extrémisme qui ne servent que le régime et lui donnent des arguments pour frapper la révolution et terroriser la population. » Elle continue : « En tant que groupe de femmes, nous croyons que l’instauration d’un Etat libre et moderne ne peut se faire sans l’existence d’une société libre dont la citoyenneté, la vraie, de tout un chacun est la principale caractéristique qui le distingue, et sans la femme comme partie intégrante de la société. Il est de notre responsabilité aujourd’hui de préparer une nouvelle phase de la vie de la femme syrienne. Une femme qui jouira des pleins droits de la citoyenneté dans la nouvelle société. Notre révolution n’est pas uniquement une révolution contre un régime corrompu et des lois archaïques et obsolètes qui ne rendent pas justice à la femme, c’est aussi une révolution sur toutes les coutumes et toutes les habitudes qui ont retardé la femme et l’ont empêchée d’une participation réelle et efficace dans la construction de l’État et la société.

 Vive la révolution !

 Liberté pour tous les détenus !

Groupe femmes de la coordination de Salamyeh

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article29681

 Source :

http://syria.frontline.left.over-blog.com/article-119894367.html

Traduction de l’arabe par Rafik Khalfaoui pour le site

www.lcr-lagauche.be