Selon plusieurs prisonniers, comme des observateurs associatifs extérieurs, les prisonniers de Neuvic seraient en grande partie cachetonnés et défoncés. C’est une manière bien pratique de gérer une détention et d’y avoir la paix. De plus, la plupart des détenus y ayant des peines relativement « courtes » (même si évidemment une peine d’enfermement sera toujours trop longue), ils attendent pour la plupart leur sortie prochaine, sans faire de vague. La direction semble donc n’avoir que peu l’habitude de faire face à des conflits avec des prisonniers.
Ceci dit, il y a aussi à Neuvic quelques prisonniers qui y sont envoyés de loin. Voilà leur punition : perdus au milieu d’une population carcérale avec laquelle ils ne partagent pas la même situation, éloignés de leurs proches et de prisonniers avec qui ils partageaient leurs expériences, notamment leurs insoumissions régulières.

Face aux quelques détenus qui ouvrent leur gueule, réclament, ne se laissent pas faire, pètent parfois les plombs par désespoir, la direction emploie la manière forte et met de l’huile sur le feu. Pour une broutille à la base, les conflits entre détenus et surveillants et/ou AP s’enflamment. Cercle vicieux : la stratégie de la direction face aux tensions semble être de taper toujours plus fort.

Ainsi, parallèlement à une détention « normale » tenue au calme en grande partie par les cachetons, le mitard et le QI sont peuplés des détenus considérés comme problématiques, et matés par la manière forte. Avec grand mépris pour ce qu’ils ont à dire et aucune considération pour les situations qui les font monter en pression, des situations désespérées qui font qu’ils s’énervent contre l’AP.

Quelques exemples…

Ainsi, un détenu « longue peine », arrivé à Neuvic il y a quelques mois, a tout de suite compris que ce serait l’enfer pour lui ici : il a immédiatement demandé un transfert en maison centrale, et demandé lui même à être placé au mitard pour accélérer son transfert, il a « bloqué » le mitard pendant des semaines, jusqu’à être placé au quartier d’isolement, avec la « promesse » néanmoins qu’il allait obtenir son transfert en centrale.

Ainsi, Benjamin Darcos, détenu au mitard depuis trente jours, à bout, multiplie les altercations avec des surveillants et personnels de direction. Nous ne savons pas ce qui en est à l’origine. Mais nous savons qu’il a été jugé en comparution immédiate mi-juin pour avoir craché sur le directeur, et a écopé de 8 mois de prison supplémentaires dont 4 fermes.
Nous savons surtout que maintenant, les surveillants, notamment une équipe, interviennent dans sa cellule avec l ‘équipement « anti-émeute » (boucliers…), et lui ordonnent de se coucher sur le lit à plat ventre, mains dans le dos et en regardant le mur, pour obtenir son repas. Il refuse : « je ne suis pas un chien », et réclame qu’on lui apporte la gamelle normalement. Ces gardiens déclarent alors qu’il a refusé le repas et s’en vont sans le lui servir. Ainsi, tant que cette équipe est en place, il ne mange pas. Pourtant, Benjamin semble ne pas se laisser abattre. Ce qu’il réclame, c’est d’être transféré.

Ainsi, Nabil Chakik, arrivé suite à un transfert disciplinaire avec la volonté délibérée de l’éloigner au maximum de ses proches, a immédiatement demandé à être transféré. Le ton ayant monté entre lui et la direction suite à un conflit à la base anodin avec un surveillant, il a été puni de 20 jours de mitard en tout. Puis il a été placé au quartier d’isolement à cause d’une lettre véhémente écrite au directeur et d’une lettre adressée à un collectif de soutien aux prisonniers dans laquelle il raconte ses conflits.

Rappelons que les mitards sont dénoncés partout comme des lieux de punitions lugubres et très durs, et que l’isolement est dénoncé comme une mesure de destruction psychique des personnes incarcérées.

Le ton monte entre certains détenus de Neuvic et la matonnerie, qui ne répond que par l’intensification de la répression. Mais ces détenus poussés à bout ne se laissent pas faire. Ils réclament leur transfert afin de poursuivre leur peine dans d’autres conditions.
Nous les soutenons.
Faire sortir les infos de prisons n’est pas facile, mais très important.
Nous transmettrons des informations plus précises dès que possible. Faites tourner le mot !

C’est possible entre autres d’ écrire à ces prisonniers pour les soutenir, ou interpeller l’administration pénitentiaire locale et régionale.

Monsieur le directeur
Centre de détention
BP01
24190 Neuvic sur l’isle

Direction interrégionale des services pénitentiaires de Bordeaux
188 rue de Pessac
CS-21509
33 062 Bordeaux Cedex