« (B) Sois maudit salariat, foutons le feu au pôle emploi !

Created by : …. Created on : 03.05.2013 – 12:18. Happened on : Thursday, 02. May 2013.

Aujourd’hui, nous avons attaqué les pôles emplois (1) des quartiers de Tempelhof (cassé les vitres), Lichtenberg, Treptow Köpenick (bombes de peinture), Reinickendorf (au marteau), Pankow (feu), Steglitz (marteau) et le bureau central du parti de la SPD à Wedding (responsable pour toute cette merde de Hartz4 (2) ). Nous pensons en effet d’une part que le pôle emploi est une institution centrale pour l’obligation salariale, de l’autre qu’il est responsable de la plupart des expulsions ayant lieu en ce moment.

L’histoire militante du 1er mai

Nous avons oublié ce que le 1er mai était originellement : un jour de lutte pour des salaires plus élevés certes, mais surtout pour moins de travail. Il est apparu en mai 1886 lors d’une manifestation à Chicago. La manifestation fut attaquée par la police au niveau du Haymarket et quelqu’un*e lança une bombe sur la police. Personne ne sût exactement qui avait lancé cette bombe. On dénicha 8 anarchistes en tant que suspects, mais il fut impossible de prouver quoi que ce soit. Cela dit, cela n’arrêta pas l’état. 4 des anarchistes furent pendu*e*s. 1 autre se pendit en prison. 3 prirent perpétuité. 5 ans plus tard, les 8 furent innocenté*e*s. On libéra les 3 encore en prison, mais cela ne rescussita pas celles*ceux qui avaient été assassiné*e*s par l’état. Une statue en bronze fut érigée à la mémoire du policier tué par la bombe. Cette provocation ne prit fin qu’en 1969, lorsqu’un commando du « weather underground » (un groupe armé, actif dans les années 60 et 70 aux USA) fit exploser ladite statue. À l’heure actuelle, plus de 40 ans plus tard, un camarade du « weather underground », David Gilbert, est toujours en tôle. Nous exigeons sa libération immédiate.

Le 1er mai sous le régime fasciste et sous le communisme d’état : pourquoi avons-nous choisi le 2 mai pour notre action ?

Au cours des années, le contenu initial du 1er mai a été dégradé et transformé en son exact opposé. Alors qu’avant on y réclamait la journée de 8 heures, les fascistes ont fait du 1er mai le jour du travail, les communistes de la RDA (3) le « jour de la classe des travailleurs » (dirigé depuis le haut). Après 1945, la RFA (4) mit un point d’honneur à suivre la continuité fasciste et nomma également le 1er mai « jour du travail », omettant par ce terme les travailleuses*travailleurs pour ne pas leur rappeler l’histoire militante de cette journée.

Alors que le 1er mai est devenu ici depuis longtemps un serment de fidélité réformiste au capital et à l’état, qui s’oppose à l’évolution du capitalisme sans le remettre profondément en question, alors que la « manifestation révolutionnaire du 1er mai » (5) n’est plus qu’un rituel encadré par la police, nous avons cherché à revenir au contenu originel du 1er mai grâce à notre action :
Luttons contre le travail capitaliste sous toutes ces formes !
Luttons contre l’esclavage du salariat !
Luttons contre le pôle emploi !

C’est pourquoi la date de notre attentat n’est pas le 1er mais le 2 mai, jour de lutte des chômeuses_chômeurs. Ce jour ne sera jamais accepté par aucun système puisque le travail, cette malédiction de l’humanité, est au centre de tous les profits, de toutes les exploitations et soumissions. Sans travail, c’est tout le système capitaliste s’écroule : n’est-ce pas une perspective digne de lutte ?

Le pôle emploi

Le salariat nous est imposé par des institutions telles que le pôle emploi. La caisse d’assurance maladie lui prête main via ses services médicaux qui invalident nos congés maladies et lui livrent une base pour nous sanctionner. Les services sociaux-psychiatriques nous internent de force et poursuivent ainsi le travail fasciste des autres institutions : celles*ceux qui refusent de travailler ont forcément des troubles psychologiques et doivent être enfermé_e_s. Werner Bräunig a poignardé le chef de son pôle emploi. Il voulait lui faire payer les conséquences de son internement forcé prochain. Il a été condamné à 14 ans de tôle.
Sanctions du pôle emploi | Le Hartz4 pour gen_te_s venant d’Italie

L’année passée, le pôle emploi a délivré 900 000 sanctions, la plupart à cause de rendez-vous auxquels les gen_te_s ne se sont pas rendu_e_s. Sa stratégie est de nous couper les vivres, même si l’argent qu’il nous donne à la base suffit déjà à peine. Cela dit, on murmure dans d’autres pays européens qu’il fait bon vivre sans travail et avec l’argent du Hartz 4. Des brochures circulent dans la communauté italienne pour pouvoir s’en sortir relativement tranquillement dans la jungle burocratique. Elles expliquent comment déposer un dossier et comment faire face aux nombreuses difficultés et pièges du pôle emploi. Ses employé_e_s essaient toujours de faire croire aux gen_te_s venant de Pologne, d’Espagne, d’Italie ou de France qu’i_elle_s n’auraient pas droit aux allocations parce qu’i_elle_s n’auraient pas travaillé assez pour avoir une assurance maladie (6) . C’est pourquoi ces brochures ainsi que les listes de services de consultation et d’avocat_e_s sont la bonne réponse afin de protéger les gen_te_s des mensonges du pôle emploi. Il y a plus d’emplois que nécessaire. Rien qu’au pôle emploi, 83 600 personnes sont employé_e_s à contrôler et à gérer les allocations. Et c’est lucratif : en 2012, le pôle emploi a fait 2,5 milliards d’euro de bénéfices.

Bas salaires et expulsions

Il n’est possible de maintenir les bas salaires de 4,9 millions de personnes que parce que le pôle emploi les amortit, prend en charge une partie de la somme totale à la place des capitalistes. La burocratie a trouvé un nom pour ça, « pallier ». Cela permet des salaires de 3,75€ de l’heure. Des gen_te_s atterrissent donc au pôle emploi malgré des semaines de 40 heures, et il refuse de prendre en charge leur loyer parce qu’il est plus élevé que la limite Hartz4. C’est comme ça qu’une famille arabe a été menacée d’expulsion à Kottbusser Tor (7) . Grâce à l’intervention de l’alliance « Empêchons les expulsions » (8) , l’expulsion a été repoussée, mais pas annulée par la propriétaire (GSW). La famille est donc toujours menacée. Qui est responsable de ces expulsions ? Les compagnies de construction de logements, mais aussi des propriétaires particuliers comme Brigitte Hartig (résidant au Bollmannweg 10, 13595 // Studio d’enregistrement : Soorstraße 14, 14050 Berlin), qui a fait expulser Rosemarie Fließ (décédée deux jours plus tard), des spéculatrices*spéculateurs immobilier*e*s comme Goldman Sachs et le pôle emploi via son service pour l’allocation sociale de base. D’une part parce que le pôle emploi exécute sans pitié les « décrets logement » pour les personnes touchant le Hartz4, ne prend pas en charge les loyers au-dessus de 394 € et laisse s’entasser les non-paiements de loyer qui mènent aux expulsions. De l’autre parce qu’il oublie régulièrement de payer le loyer aux propriétaires (9) , que ça soit par incompétence ou par calcul, ce qui constitue également une raison d’expulsion.
À Berlin, 63 600 « communautés de besoin » (10) ont des loyers plus élevés que la limite du pôle emploi. Elles sont toutes menacées d’être tôt ou tard expulsées. Nous pourrons empêcher cela si nous parvenons à organiser une résistance militante dans la rue. Rassemblons nous.
Ne nous laissons pas diviser dans notre lutte pour une vie sans travail, sans pôle emploi, sans psychiatrie, sans services médicaux des assurances maladies, sans tôles !
Pour la réappropriation !

1 : « Pôle emploi » : nous avons choisi de traduire par « pôle emploi » deux termes différents, « Arbeitsamt » et « Jobcenter », qui sont deux entités différentes dans la burocratie allemande, néanmoins très liées.
2 : http://fr.wikipedia.org/wiki/Réfor
3 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Répu
4 : https://fr.wikipedia.org/wiki/RFA
5 : La « revolutionäre Demonstration » est une manifestation ayant lieu tous les ans à Berlin le 1er mai
6 : En allemagne il y a plusieurs régimes de salaire, si une personne touche plus de 450 €/mois, elle est « versicherungspflichtig », c’est-à-dire que son employeuse*employeur est obligé_e de payer son assurance maladie
7 : Une place du quartier de Kreuzberg à Berlin
8 : Bündnis « Zwangsräumung verhindern » : zwangsraeumungverhindern.blogsport.de
9 : Il arrive souvent que le pôle emploi paie directement aux propriétaires le loyer des personnes touchant les allocations
10 : « Bedarfsgemeinschaft », terme du jargon de la burocratie allemande, nous n’avons pas trouvé de meilleure traduction que « communauté de besoin » »

Source : https://linksunten.indymedia.org/en… (traduit de l’allemand)

Note des traductrices*traducteurs : Cette traduction est naturellement loin d’être parfaite et peut créer des malentendus ou des gênes lors de la lecture. Au mieux, si vous le pouvez, trouvez quelqu’un*e qui parle allemand et relisez le texte original ensemble. Vous pouvez évidemment la modifier pour l’améliorer. Et faites tourner tant que vous voulez !
La neutralisation (« traductrices*traducteurs » par exemple) correspond à la forme allemand de neutralisation « Innen » (« ÜbersetzerInnen ») ou à des pluriels au genre neutre. Parfois, cette neutralisation n’était pas présente dans le texte original et c’est nous qui l’avons ajoutée. De plus, nous avons utilisé le caractère étoile, qui est à notre sens un moyen d’inclure les personnes ne s’identifiant pas aux catégories du système de genre binaire « homme/femme ».