Cela fait des décennies que pas un mois ne se passe sans que les matons ne fassent parler d’eux par un mouvement de grogne ou une grève. Or chacune de ces grèves est vécue comme une seconde peine pour les détenus, un calvaire humiliant de plus. Car lors de ces grèves, tous les maigres droits d’un détenu sont systématiquement suspendus! Plus de visites, plus de téléphone, plus de travail, plus de cantine, plus de préaux, plus de douches, plus d’activités dans le couloir en soirée, plus de courrier, etc… Bref, l’équivalent du cachot, mais à trois ou quatre, et ce qui reste, la bouffe et les chiottes sont à l’avenant de l’importance de la grève. De plus la présence des flics en remplacement des matons n’aide pas vraiment à calmer les esprits échauffés, ces connards de flics se montrant systématiquement très agressifs avec les détenus!

Donc, suite à ces conditions de travail et de détention moyenâgeuses, une réforme était attendue et nécessaire..! Mais, car il y a un mais, c’était sans compter sur notre grande copine… Annemie! Bon, je sais je vous rabat les oreilles régulièrement avec cette garce de Turtelboom, mais est-ce ma faute si on la retrouve pas bien loin, chaque fois qu’une crasse est lancée au gouvernement ou dans les médias?
La réforme…

« La réforme que la Chambre a voter aujourd’hui, sur les droits des détenus résulte d’une émotion sécuritaire et répond aux soucis d’un personnel abandonné depuis trop (très) longtemps à ses revendications à disposer de moyens appropriés à la difficile mission qui lui est confiée. »

La taule en Belgique est une zone de non-droits qui abrite, certes, des prétendus « criminels dangereux », mais aussi des présumés innocents – les incarcérations préventives vont jusqu’à 40% de la population carcérale – , détenus dans des conditions moyenâgeuses, disposant parfois d’un simple seau dans une cellule exiguë et surpeuplée pour satisfaire leurs besoins naturels devant les autres détenus. On pourrait ergoter des lustres sur la surpopulation, sur la vétusté des bâtiments, sur le manque de moyens qui expose l’administration pénitentiaire à une « mission impossible » en regard de ce que l’incarcération d’un condamné – et des préventifs – représente : assurer sa « réinsertion » sociale et non le transformer en un zombie déshumanisé, drogué, hyper-médicalisé et désocialisé. La réforme de la loi Dupont risque encore d’accroître la pression sur les plus faibles que sont la plupart des détenus.

On va donc donner un tour de vis (vice?), augmenter la sécurité en taule – celle des matons bien entendu – , restreindre les droits des détenus! Trop de tentatives d’évasion, de trafics, de drogues, de gsm..! Ce qui traduit en langage gouvernemental, signifie: Systématisation des fouilles au corps – à poil et flexion pour « examen » devant les matons – après les visites ou toutes situations où le détenu pourrait avoir un contact physique avec quelqu’un de l’intérieur ou lors d’une mise au cachot (chouette de se faire fouiller le cul après la visite de la famille ou de l’avocat!), et ce sans autorisation préalable du directeur. Le travail en prison qui évoluait lentement en se calquant sur le droit au travail des salariés, ne sera plus considéré que comme une vulgaire « occupation » pour calmer les détenus, et les ébauches de droits qui s’y rapportaient disparaissent purement et simplement! Venons-en aux infractions au règlement… LE sacro-saint règlement, hé bien ces infractions seront dorénavant sanctionnées beaucoup plus sévèrement, genre: possession d’un gsm, qui devient une infraction grave avec sanction très dure: au cachot pour 14 jours. Cerise sur le gâteau, le détenu ne sera plus informé des rapports disciplinaires qui le concernent, quand la direction décide de ne pas y donner suite, histoire de ne pas désavouer un maton. Tout ça en gardant à l’esprit que nos futures prisons belges risquent fort d’être des prisons privé.

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