« Juste avant cette émission, j’étais à Montreuil où nous organisions une réunion de solidarité avec le peuple malien et j’ai vu des hommes et des femmes, beaucoup de Maliens de France, qui étaient à la fois inquiets, pour leur pays, comme ont pu être des réfugiés, vous savez, des Espagnols ou autres qui ont été accueillis en France au moment où leur pays traversait des drames, ou des guerres, et qui en même temps étaient fiers de la solidarité de la France qui étaient soulagés, qui étaient reconnaissants […] Et moi, comme beaucoup de Français, je crois, je suis fier que la France ait été à ce rendez-vous de la solidarité internationale, que nous ayant porté assistance à un peuple en danger… »

C’est d’une part méconnaître l’atroce situation dans laquelle les réfugiés ont été « accueillis » et d’autre part nier les méfaits du gouvernement français qui à l’époque n’a pas hésité bien longtemps avant de renvoyer de force ces républicains encombrants dans l’Etat franquiste, les faire déporter vers l’Allemagne nazie ou, dans le « meilleur » des cas, les interner dans des camps de fortune où un très grand nombre d’entre eux trouvèrent la mort. Ces camps sont pourtant bien connus de la France. Argelers, Ribesaltes, etc., ces camps de concentration où il n’y avait aucun soin, où les familles étaient souvent divisées, ne servaient en fait qu’à parquer des « étrangers » indésirables alors qu’ils n’étaient là que pour avoir une idée républicaine et/ou anarchiste, donc anti-dictatoriale, et de ce fait mortellement réprimée sous Franco.
Il serait peut-être de bon ton d’envoyer une biographie du Président Lluís Companys à Harlem Désir, ou du moins lui enseigner les circonstances de sa mort : représentant démocratique des catalans (président élu de la Generalitat), il est arrêté en France alors qu’il est en exil à cause de Franco. Il est remis aux autorités franquistes qui le fusillèrent. Ses derniers mots furent « Per Catalunya ». Seul président de gouvernement élu démocratiquement à avoir été fusillé, il semble peu probable qu’il ait été reconnaissant envers la France… Il n’est malheureusement qu’un exemple parmi de nombreux autres qui, anonymes, ont été renvoyés en Espagne, parqués ou encore déportés en Afrique du Nord ou en camps nazis. UC appelle donc les instances locales du PS et plus particulièrement les élus à transmettre une demande de clarification des propos à leur premier secrétaire. Celui-ci ne peut ignorer et encore moins dédaigner les conditions de l’exil d’espagnols sous Franco.

Parmi les 500 000 réfugiés espagnols fuyant le franquisme – après avoir, pour nombre d’entre eux, mené un âpre combat contre les forces franquistes – mais aussi contre ses alliés nazis et les supplétifs de Salazar, au moins 330 000 se sont retrouvés dans des camps de concentration (appellation officielle).

La solidarité n’était pas de mise, en métropole et au Sahara colonisé, le gouvernement recevait ces Espagnols antifascistes, sans l’avoir anticipé – alors que les évènements présageaient une arrivée massive –, dans les camps de la honte du sud du pays. 17 000 personnes y périrent, ne parvenant pas à lutter contre le vent froid, la pluie, l’insalubrité, le manque d’eau potable, l’insuffisance des équipements sanitaires, la typhoïde, la tuberculose, le paludisme et le désespoir..! Au Sahara, les conditions de vie étaient encore pires et certains y croupirent jusqu’en 1942. Rappelons aussi que les revendications étaient considérées comme révoltes, et étaient punies d’emprisonnement dans des « espaces disciplinaires » et que ces punitions brutales pouvaient semer la mort.

Là, il est question de l’attitude du gouvernement républicain jusqu’en 1940. Quant à celui de Vichy, il a livré des Espagnols au régime franquiste et aux nazis qui les ont déportés dans les camps d’extermination.

Pour rendre la monnaie de la pièce de la solidarité à la France, nombre d’espagnols exilés, dont de nombreux anarchistes, se sont battus contre l’occupation nazie, rejoignant la Résistance ou les Forces libres : parmi les hommes de la 2e division blindée de Leclerc, ceux commandée par le capitaine Raymond Dronne, la Nueve, qui, comme son nom l’indique, était composée en majorité d’Espagnols, ont été les premiers à rentrer dans Paris, le 24 août 1944, au soir.

Aussi, ce crétin inculte d’Harlem Désir – à la tête d’un parti de gauche (sic) – , est invité à revisiter son Histoire de France, l’histoire de ces républiques et celle du comportement honteux de ses représentants vendus.

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Vidéo : http://www.france2.fr/videos/75850033 (Harlem Désir, juste au début…)

Un film de ’39 sur l’exode des réfugiés républicains : La retirada: L’exode d’un peuple http://aseref.overblog.com/un-film-rare-sur-l-exode-des…-1939