Il en est des formules qui ont un sens comme des poésies.
Dès que l’on escamote un vers, cela ne veut plus rien dire.
En 1789 , une de ces formules était: «La liberté, l’égalité, la fraternité, OU LA MORT.»
La bourgeoisie savait bien qu’elle ne pourrait pas assumer ce programme.
Alors, elle procéda en deux temps. Elle supprima le deuxième terme de la formule: «Ou la mort.»
Mais le reste de la formule était bancal: la liberté, l’égalité, la fraternité… c’était encore trop.Cela devint: Liberté, Égalité, Fraternité. Liberté de quoi? Égalité où ça? Fraternité entre qui?

En 2012, à Notre Dame Des Landes, les résistants qui tiennent la ZAD ont eux aussi résumé leurs combats en une formule: CONTRE L’AEROPORT ET SON MONDE.
Là encore ce que l’on peut appeler des faux amis ou même pour certains une cinquième colonne, tentent aujourd’hui de tronquer cette lutte pour la vider de son contenu. Il suffit de supprimer le deuxième terme de cette formule: «Et son monde». Et la lutte devient: «Contre l’aéroport NDDL, dans le cadre de cette société qu’il ne faut pas remettre en question.»

Ils peuvent ainsi espérer déplacer le centre de gravité de cette lutte du terrain politique sur celui d’une démarche légale devant les juridictions nationales et européennes. Ce projet serait inutile et un contre sens économique dans le cadre très respectable de notre belle société capitaliste productiviste. Ce qui sous -entend que si c’était utile et économiquement rentable, on regarderait ailleurs…

Les mots pour tronquer et trahir font partie de l’arsenal de l’idéologie dominante au même titre que l’emploi de la violence par les forces armées et policières qui sont sur le terrain.
Faire, ou laisser croire que ce type de lutte peut se gagner en discutant avec une commission du dialogue, ou devant les tribunaux aux ordres de l’état , c’est impuissanter la lutte politique qui ne connaît que le rapport de force.

La démarche n’est pas nouvelle, c’est celle que l’on rencontre dans les conflits sociaux, quand pour contenir la colère des salariés, les organisations syndicales et politiques privilégient les recours devant les tribunaux plutôt que l’action directe des salariés.

Le résultat est connu, reproductible, durable, …etc. … c’est la capitulation devant ce monde capitaliste, ses lois et ses tribunaux.
C’est en cela que l’on peut parler de cinquième colonne qui sabote de l’intérieur la colère et l’envie d’en finir avec le système du profit et de l’exploitation.

La classe au pouvoir ne peut arriver à ses fins QUE grâce à cette cinquième colonne au sein des résistances populaires.
La propriété privée, l’appareil judiciaire, les lois rédigées par le pouvoir, etc. … Tout cela fait partie et constitue le:ET SON MONDE .

Le 14 mars 2013
Pour les Amis de l’Égalité

Camille Sardon