Dans l’agenda du bétonneur Vinci (AGO), les travaux pour le barreau routier (4 voies), qui passerait au sud de la ZAD, commencent au printemps. Le report éventuel (et hypocrite selon nous, cf lien) des travaux du projet d’aéroport ne concernent pas les travaux pour la 4 voies. Or ces travaux impliqueraient le bétonnage, le saccage d’une centaine d’hectares; des kilomètres de haies détruites, de nombreuses routes d’accès aux chantiers construits et d’autres impacts plus stratégiques. Ces travaux permettraient de justifier une expulsion massive de la zone est de la ZAD (voire de toute la ZAD), où de nombreuses cabanes sont construites sur ou à proximité du tracé du barreau routier. Mais aussi de permettre d’occuper un peu plus la ZAD, d’élargir les routes d’accès autour et sur cette dernière (facilitant les interventions militaires) et de préparer les esprits à l’arasement progressif de la ZAD toute entière.

Les laisser conquérir le tracé du barreau routier ne peut que nous affaiblir par la suite, nous ne pouvons les laisser faire !

Nous craignions une expulsion et une reprise des travaux début mars, or des tractions politiques ont apparemment évité une intervention militaire qui apparaissait imminente, particulièrement sur la ferme de Bellevue. Il fallait préserver le semblant de concertation et d’écoute instauré par la commission de dialogue aux ordre du PS (cf le revirement express du président de la commission). Et assurément laisser à espérer aux opposant-e-s qui ont accepté de négocier avec cette dernière que leurs voix ont du poids. Mais qu’en est-il au fond?

Depuis le début de ces tractations politiques, les autorités locales n’ont cessé d’approfondir leur propagande, de renforcer leurs réseaux, de financer de très coûteuses et mafieuses campagnes publicitaires et médiatiques. Ces manœuvres ne sont pas étrangères à un affaiblissement du soutien à leur projet, mais elles montrent aussi une volonté, rarement démontré pour un projet de ce genre, de mener à bien la construction de l’aéroport de Notre Dame Des Landes. Le revirement express du président de la commission de dialogue montre d’ailleurs que cette volonté est partagé par les plus hautes autorités.

Les autorités savent qu’elles marchent sur des braises, qu’elles doivent ménager leur base électorale et leurs alliés historiques. Mais ce projet est bien trop important à leurs yeux, car il ne s’agit pas d’un simple projet d’aéroport. Il s’agit d’un projet plus large de créer une métropole du grand ouest (cf ici et ici), qui serait un des prochains axe principaux de développement de la politique économique française et européenne, avec à la clé de juteux profits financiers dans l’immobilier, l’industrie et les politiques commerciales internationales. Cela a beau être mégalomane, d’une politique de croissance sans fin et destructrice de terres et de l’environnement, à court terme en termes d’emplois, tiré d’une politique de gestion des espaces qui ne prend pas du tout en compte les conséquences à long terme et les désirs de vie et volontés de ceux/celles qui y habitent; mais pour les autorités, cette politique est nécessaire dans le cadre de leur idéologie capitaliste et technocratique, et financièrement juteuse pour leurs alliés industriels.

Ils ne peuvent abandonner sur ce projet d’aéroport. Ce serait alors nous démontrer que nous pouvons gagner sur bien d’autres plans et que nous pouvons, dans le grand ouest et ailleurs, décider nous-mêmes de ce que nous voulons faire de nos vies et préserver l’espace que nous habitons. Pour notre force, le projet d’aéroport de NDDL et la ZAD, sont devenues les points convergents de nombre de colères, de résistances envers un système qui nous écrase chaque jour un peu plus, qui saccage l’environnement qui nous fait vivre, et qui méprise nos désirs d’autogestion et de liberté. Mais ceci est la plus grosse crainte du gouvernement, et il ne souhaite pas voir s’installer cette Zone d’Autonomie Définitive qui serait un pied de nez permanent à son idéologie prédatrice et à son esprit de conquête des espaces et de nos libertés, comme peut l’être le Chiapas au Mexique.

Ce constat ne nous empêche pas du tout de croire que nous pouvons gagner. Il nous fait juste dire que la lutte sera dure, longue et qu’elle demandera à ne pas se relâcher face à leurs multiples tentatives de nous endormir et de nous diviser. N’oublions pas que la meilleure stratégie reste pour eux la stratégie de la concertation/division. Fort de leurs alliances pourries avec leurs alliés politiques et syndicaux, et de la confiance qu’à une bonne part d’opposant-e-s dans un gouvernement « de gauche »(sic), ils pourront instiller à chaque fois un semblant de dialogue, de négociation, tout en stigmatisant une partie de l’opposition à l’aéroport de NDDL, qui serait selon elle la responsable de tous les maux. Certain-ne-s dans l’opposition à l’aéroport, parmi les responsables syndicaux, associatifs et politiques, en viennent ainsi à penser de plus en plus qu’une bonne partie des occupant-e-s de la ZAD est plus un problème qu’une solution(sic).

Que l’opposition qui permettra de gagner se jouera avant tout sur le plan juridique, politique et des évènements médiatiques et spectaculaires (nous avons reçu des mails en ce sens). D’accord…Faut-il à chaque fois leur rappeler les multiples victoires et reports de travaux obtenus grâce aux luttes directes sur le terrain ?! Avec comme exemple le plus parlant, les batailles autour de la forêt de Rohanne qui ont permis le report des travaux de défrichement de la ZAD de 6 mois? Aucune bataille juridique ou politique n’a permis d’obtenir autant en terme de report de travaux, de mobilisation et de renforcement de la résistance sur place !

Libres à ceux/celles qui croient encore à ces moyens de luttes légalistes de continuer, mais cela se fait au prix de compromissions avec le pouvoir en place, de tractations non-transparentes, d’un mépris pour la résistance directe sous toutes ses formes sur la ZAD, et d’une division assumée de plus en plus flagrante entre bons et mauvais opposant-e-s(sic), quitte à les dénoncer !

Pour prendre l’exemple de la D281, qui sera de toute manière coupée et inaccessible, si les travaux du barreau routier s’effectuent, une bonne partie des bureaux de l’opposition légaliste a stigmatisé les occupant-e-s de la ZAD qui défendent cette route, mais surtout la zone qui l’entoure. Pour quelles raisons? Des raisons pitoyables pour lesquels ont a déjà présenté des éléments auparavant, et qui feront surement l’objet d’un article plus détaillé.

Toujours est-il que l’opposition au projet d’aéroport et au monde qui l’accompagne est menée par des personnes aux motivations variées, mais qui partagent la même envie d’en finir avec ce projet insensé. Stigmatiser une partie des opposant-e-s pour leurs tactiques et modes de vies radicales, qui ne correspondent pas au cadre dans lesquels ont aimerait les ranger et les contrôler, ne fait qu’alimenter la politique actuelle des autorités PS !

Les camarades de la zone est (D281) seront les premiers concernées par les travaux de la 4 voies au sud du projet d’aéroport. Chaque jour, ils se relaient devant les barricades ou les chicanes pour éviter que la route ne soit reprise ou traversée par les CRS, et pour mieux anticiper une éventuelle expulsion !

Le moins que l’on puisse faire est d’être solidaire envers ceux/celles qui se battent chaque jour sur le terrain pour défendre une zone qui pourrait être la première impactée par le début des travaux !

Ne participons à la stratégie gouvernementale, consciemment ou non ! Et renforçons la résistance sur le terrain !

Nous appelons tous/toutes ceux/celles qui le peuvent à venir préserver la ZAD, et ses alentours, de tout arasement à partir de la fin mars. Et surement à défendre une une bonne partie de la ZAD d’une expulsion massive!

L’aéroport et son monde ne passeront pas ! Vive la ZAD !

Des membres du Collectif de Lutte Contre l’Aéroport de NDDL