Le premier week-end de 2013, s’est tenu un grand festival de musique et de lutte contre la construction d’un nouvel aéroport à côté de Nantes. Plusieurs milliers de manifestants se sont pressés sur le site de Notre Dame des Landes, malgré la gadoue, pour cet événement festif et combatif. Beaucoup de jeunes bien sûr, mais pas seulement. Car tous ceux qui galèrent pour vivre et se loger, avec des petits salaires et le chômage, verront surtout les contradictions de ce projet démesuré : financé par « l’argent public », mais conçu dans l’intérêt du capital.

« Il est hors de question de laisser un kyste s’organiser », prévient Valls, en bon chien de garde des affaires de la bourgeoisie. Les occupants, eux, mènent un combat déterminé, dans des conditions matérielles dures qui forcent le respect. C’est une part de la riche mémoire des luttes populaires qu’ils animent. Avec l’énergie, l’ingéniosité et l’envie de vaincre qui feront fermer leur gueule à ceux qui prêchent la conciliation et la résignation. Des militants VP et une sympathisante ont saisi l’occasion pour poser quelques questions à des militants qui occupent la Zone A Défendre (ZAD).

Vous êtes présents sur le site depuis plusieurs semaines. Comment s’est faite votre arrivée ?

– On est un groupe d’étudiants en Bretagne. On en avait déjà beaucoup parlé, surtout après la grande manifestation du 17 novembre. La lutte s’est élargie et nous avons décidé de former un comité. Il y a des étudiants, des syndicalistes, des paysans organisés dans la Confédération paysanne. Des actions ont été menées sur notre ville en soutien à la lutte contre l’aéroport et en solidarité avec les occupants. Nous sommes venus à notre tour.

Il y a bien des raisons de lutter contre ce projet d’aéroport. Quelles sont pour vous les principales ?

– Je dirais d’abord la défense de cet espace exceptionnel qu’on a autour de nous. Ils veulent détruire cet environnement ainsi que les habitations, nous ne l’acceptons pas. La nature devrait être protégée avant tout.
– Et pour quelle utilité ? Celle de leur projet est nulle. L’argument de la saturation de Nantes-Atlantique ne tient pas la route une seconde. Un aéroport, c’est déjà assez.

Pour nous qui prenons l’avion si rarement déjà, l’intérêt est nul c’est clair. Mais est-ce que le mot d’ordre « Non aux grands projets inutiles » ne masque pas l’utilité de l’aéroport pour ses promoteurs ?

– Là, il faut être clair : l’intérêt pour eux, il est économique. C’est le profit capitaliste qui est recherché dans l’affaire. C’est Vinci qui est à la manœuvre.
– Donc, ils n’entendent rien à la critique. Des études indépendantes ont été menées, par des experts étrangers, qui prouvent que leurs arguments ne tiennent pas sur le fond. Mais elles ne sont pas écoutées.

Et les flics tout autour de la ZAD ?

– La police est là, massive, en permanence. C’est une grosse bataille contre eux et les expulsions. Ils sont en nombre et ils n’attendent que leurs ordres.
– Oui, même ça m’est arrivé de discuter avec quelques-uns. Ils obéissent, mais pour certains ils feraient bien autre chose que de faire ce boulot de répression.
– D’accord, les flics sont nombreux et menaçants mais ils ne peuvent pas tout faire non plus. On a pour nous la lutte et le soutien autour d’elle, ce sont les meilleurs boucliers pour s’en protéger et les repousser.

Je suis sûr que parmi les opposants se trouvent des gens qui ont voté pour la gauche et se sont faits aujourd’hui une autre idée sur les promesses du PS. Quelles idées nouvelles apporte la résistance à Notre-Dame des Landes ?

– Dans les 40 000 manifestants du 17 novembre, il y a plein de déçus du PS. L’ancien maire de Nantes, Ayrault, est premier ministre, et cela montre que, malgré les élections, ils pratiquent une seule politique. Au contraire de ce qui est dit, l’opposition ici ne compte pas que des squatters professionnels. Elle regroupe également des paysans et des ouvriers. Il n’y a pas de parti représenté mais existent pourtant un courant de soutien et une force réellement active : celle des militants. Des têtes d’affiches sont venues. Par exemple, le parti de Mélenchon veut prendre le train en marche, mais c’est surtout pour en faire leur beurre.

Correspondance VP