Vendredi 1er février, 14h
La police municipale s’arrête devant l’immeuble situé au 4 rue des Francs Bourgeois, en plein centre de Rennes. Ce bâtiment est occupé depuis quelques jours par une dizaine de personnes.
Après quelques coups donnés pour tester la résistance de la porte, une discussion s’engage entre les municipaux et des personnes à la fenêtre.
Après plusieurs échanges avec des personnes dans la rue arrivées en soutien et avec les occupant-e-s, les policiers municipaux partent en sous-entendant qu’une procédure devrait être lancée et qu’il y a peu de chance qu’une expulsion ait lieu dans la journée.

Les occupant-e-s et leurs soutiens dans la rue décident de ne pas relâcher leur vigilance pour autant.
Environ une demi-heure plus tard, deux fourgons de la police nationale arrivent. Ils s’arrêtent sur la place à quelques dizaines de mètres du squat.

S’en suit une attente de deux heures avec arrivée et départ de fourgons et de voitures de police.
Un flic en civil essaye de discuter avec les personnes venues en soutien, il fait le tour des bars, en prétendant chercher des témoins pour prouver que l’ouverture date ou non de plus de 48 heures.
Une voiture de la police municipale est également revenue pour discuter avec les nationaux.
Des agents de Rennes Métropole et de la STAR (transports en commun de Rennes) sont également présents par moment sur la place.
Pendant ce temps, de plus en plus de personnes arrivent en soutien devant l’immeuble.

Peu avant 18h, quatre fourgons de CRS arrivent dans la rue. Des policiers en sortent rapidement, casqués.
Sentant que l’expulsion est imminente, les occupant-e-s profitent du temps de préparation des flics pour s’éclipser.
La police charge alors la cinquantaine de personnes en n’hésitant pas à donner des coups de pied et de matraque.
Plusieurs personnes ont été blessées aux bras et à la tête.
Le groupe est repoussé à une dizaine de mètres de la porte de l’immeuble (qui commence à être investi par les flics).
S’en suit un face à face entre les CRS et les manifestant-e-s qui dure quelques minutes.

Puis le cortège se déplace vers le quai Chateaubriant dans l’intention de partir se disperser plus loin, tout en gênant la circulation (dense à cette heure). Tandis que les personnes étaient en train de se disperser, des flics se sont mis à poursuivre une quinzaine de personnes dans le centre ville. Il n’y a eu aucune arrestation à ce moment là. Plus tard dans la soirée, une personne a eu à subir un contrôle d’identité.

Cette expulsion était illégale, le délai de 48h permettant une expulsion immédiate ayant été dépassé. La situation de ce bâtiment en centre ville et les projets prévus pour les immeubles alentours (station du nouveau métro) ont du peser dans la décision d’expulser ce lieu, en laissant plus d’une dizaine de personnes à la rue, en plein hiver.
Outre les violences physiques, les confrontations avec la police sont généralement des moments durs, illustration de la violence d’état.
Il y a quelques semaines avait déjà eu lieu l’expulsion illégale de l’ARS suivie de l’arrestation de plusieurs militant-e-s de « Un Toit c’est Un Droit ».

Pour revenir sur le contexte de cette occupation, l’immeuble en question est vide depuis plusieurs mois (et certains des appartements depuis plusieurs années) et il est concerné par le projet de nouvelle ligne de métro. Bien sûr, comme de nombreux autres bâtiments, il est prévu qu’il reste vide pendant les longs mois qui restent avant le début du projet.
Dans un contexte où il y a plus de 2 millions de logements vides (selon l’INSEE) et près de 3,6 millions de mal-logés en France (selon la fondation Abbé-Pierre), le squat apparait comme une solution immédiate et un moyen de nous réapproprier la question du logement tout en remettant en questions les choix d’urbanisme à Rennes comme ailleurs.
Au delà du logement, squatter permet de se réapproprier des espaces, de s’organiser collectivement et de libérer du temps habituellement dédié à un travail salarié.

Malgré le fait que nous n’ayons pu garder ce bâtiment, nous ressortons de cette expérience en sentant la force de la détermination collective qui nous permet d’envisager la suite avec optimisme.
Nous remercions toutes les personnes qui nous ont montré leur soutien. Nous pensons au camarade qui a subi un contrôle d’identité suite à la dispersion.
Nous n’en resterons pas là.

Des occupant-e-s du 4 rue des francs-bourgeois.