Les réformes néolibérales du régime ont encouragé une politique basée sur l’accueil des investissements directs étrangers, le développement des exportations et du secteur des services, en particulier du tourisme. L’appareil répressif de ce pays a servi « d’agent de sécurité » pour ces compagnies, les prémunissant de tous troubles ou revendications sociales. Cet État a joué le rôle d’entremetteur pour les capitaux étrangers et les grandes multinationales, tout en garantissant l’enrichissement d’une classe bourgeoise liée au régime.

Concentration des richesses

Les fléaux qu’impliquent ces politiques néolibérales sont nombreux en Syrie. Mentionnons le taux de chômage élevé et le sous-emploi. Le processus de libéralisation économique a créé une inégalité toujours plus grande en Syrie. Les plus pauvres ont du mal à s’en sortir, tandis que la classe moyenne tombe en chute libre vers le seuil de pauvreté. Il y a maintenant des taux de chômage de l’ordre de 20 à 25 %, atteignant 55 % pour les moins de 25 ans. Le pourcentage des Syriens vivant sous le seuil de pauvreté est passé de 11 % en 2000 à 33 % en 2010 selon les chiffres officiels. Dans l’agriculture, la vente de leurs terres par plusieurs centaines de milliers de paysans dans le Nord-Est en raison de la sécheresse ne devrait pas être considérée comme le résultat d’ine simple catastrophe naturelle. En effet, l’accroissement et l’intensification de l’exploitation des terres par des grands entrepreneurs agricoles, y compris de terres précédemment conservées pour le pâturage, de même que le forage illégal de puits et la mise en place de conduites d’eau sélectives répondant aux exigences des nouveaux grands propriétaires – tout cela facilité par la corruption de l’administration locale – ont développé la crise agricole. La politique de libéralisation économique du régime a presque reproduit la situation socio-économique qui prévalait avant que le parti Baas ne prenne le pouvoir en 1963 : 5 % de la population possède plus de 50 % du revenu national. Les processus de privatisation ont créé de nouveaux monopoles entre les mains des proches du pouvoir faisant partie intégrante du système de corruption et profitant principalement à la classe gouvernante. Les groupes armés de l’Armée syrienne libre (ASL) sont en grande partie composés de prolétaires ruraux et urbains et de classes moyennes économiquement marginalisées qui ont subi l’application des politiques néolibérales, notamment depuis l’arrivée au pouvoir de Bachar el-Assad en juillet 2000. Au cours du mois de décembre 2011, des grèves générales ont paralysé d’importantes parties du pays, montrant ainsi que la mobilisation de la classe laborieuse et des exploité-e-s se trouve au cœur de la révolution syrienne. Les universités ont également constitué des centres de la résistance populaire. L’Université d’Alep a vu se dérouler d’importantes manifestations d’étudiantes et étudiants en mai et précédemment aussi. Elles ont été violemment réprimées par les forces de sécurité qui ont tué quatre personnes et arrêté des centaines d’autres. Fondée le 29 septembre 2011 pour lutter contre le régime, l’Union des étudiants libres de Syrie (SFSU) constitue un bastion politique et syndical de la résistance pour une société démocratique dans la vie du mouvement étudiant.

Le mouvement populaire toujours actif

Le mouvement populaire en Syrie ne s’est pas retiré des rues malgré la répression multiforme et violente du régime. Les comités de coordination populaire sont le véritable fer de lance du mouvement populaire mobilisant le peuple pour les manifestations. Ils ont aussi développé des formes d’autogestion populaire basées sur l’organisation des masses dans les régions libérées du joug du régime. Des conseils populaires révolutionnaires le plus souvent élus sont mis en place pour s’occuper des régions libérées, prouvant que c’est le régime qui provoque l’anarchie et non le peuple. Des comités de coordination des actions politiques et armées sont également mis en place. Un code de bonne conduite, respectant le droit international et contre le confessionnalisme a été signé par une grande partie des groupes armés faisant partie de la résistance populaire armée contre le régime. Composée de soldats déserteurs et de civils ayant pris les armes, la résistance populaire armée bénéficie de véritables racines populaires au sein de l’insurrection. Le mouvement populaire a réaffirmé sa lutte unitaire, en développant un sentiment de solidarité nationale et sociale qui transcende les divisions ethniques et confessionnelles.

Des politiques néolibérales destructrices

La révolution permanente signifie s’opposer et renverser le régime dictatorial des Assad, tout en s’opposant aux impérialismes mondiaux et régionaux, lesquels tentent de détourner le processus révolutionnaire syrien pour leurs propres intérêts et contre ceux du peuple syrien. C’est pour cette raison que nous refusons et condamnons toutes les interventions étrangères en Syrie, que ce soit de l’axe occidental et saoudi-qatari, ou de l’axe irano-russe. Le développement de la révolution s’inscrit dans la volonté de construire une Syrie libre, démocratique, laïque et révolutionnaire qui s’emploie à éliminer toutes les inégalités et discriminations sociales, ethniques, de genre et religieuses, à appuyer le droit à l’autodétermination du peuple kurde, à respecter les minorités religieuses et ethniques, et à garantir les libertés démocratiques et politiques de tous et toutes. La révolution s’engage à assister les autres peuples de la région dans leurs luttes contre leur dictateur et l’impérialisme. Il est nécessaire que toutes les forces progressistes et démocratiques apportent leur soutien au mouvement populaire syrien. C’est pour cela que nous vous invitons à exprimer clairement votre soutien et votre solidarité à la révolution syrienne et au peuple syrien révolté. Vive la Révolution populaire syrienne

Courant de la Gauche révolutionnaire syrienne Alternative libertaire 222

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