Après son élection, François Hollande déclarait : “Une alternance change le pouvoir mais elle ne change pas la réalité”. Ces propos illustrent pleinement combien, depuis plusieurs décennies déjà, les illusions autour des partis de gauche, socialistes en tête, se sont définitivement évanouies, au point que les principaux intéressés ne cherchent désormais même plus à se fendre, la mine compassée et la main tremblante, des traditionnelles postures de défenseurs des opprimés.

Aujourd’hui, la gauche est “responsable” et “moderne” – entendez : prête à toutes les attaques, à toutes les manœuvres pour la défense de son système.

Néanmoins, les règnes de François Mitterrand et de Lionel Jospin n’ont pas complètement écorné l’idée selon laquelle la gauche serait moins brutale et plus protectrice que la droite. L’élection sans enthousiasme de François Hollande est à ce titre significative : aucune illusion sur des lendemains plus heureux ne s’est manifestée autre que le faible espoir de “normaliser” l’exercice du pouvoir et de donner aux inévitables plans de rigueur une coloration plus “juste”.

Pourtant, après sept mois de “hollandisme”, rien ne laisse à penser que la gauche est “moins pire” que la droite : mêmes esbroufes autour des usines en faillite érigées en point de fixation médiatique et destinées à camoufler le défilé sans fin des licenciements ; mêmes ignominies envers les prolétaires immigrés que l’Etat pourchasse avec acharnement ; mêmes plans de rigueur à travers lesquels la classe ouvrière est sacrifiée sur l’autel des “objectifs budgétaires” que le gouvernement n’atteindra vraisemblablement pas… Tout est comme avant, en pire…

Les “justes” attaques du PS

Depuis juillet, le gouvernement multiplie, en effet, les mesures d’austérité en augmentant les impôts et en diminuant les dépenses de l’Etat dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’aide sociale, etc. Ainsi, le budget de 2013 en cours d’élaboration prévoit une économie historique de trente-­sept milliards d’euros. Cet “effort historique”, “le plus important depuis 1945”, selon les mots du gouvernement, a même poussé l’OCDE à recommander au gouvernement français de ne pas adopter de nouvelles mesures de rigueur afin de ne pas tomber dans une récession irréversible.

Malgré les déclarations du gouvernement décrivant ces attaques comme un “effort juste”, prétendant même que “les nouvelles hausses d’impôts épargneront neuf français sur dix”, la plupart des mesures concernent évidemment les travailleurs. L’exemple le plus stupéfiant est le rétablissement de la “TVA sociale” 1 en 2014, dispositif imaginé par le gouvernement précédent que le candidat Hollande avait tant décrié, ensuite supprimé une fois élu… puis rétabli six mois plus tard !

Le piège de la “compétitivité nationale”

C’est au nom de la “compétitivité nationale” que droite et gauche font payer la crise à la classe ouvrière. Selon la bourgeoisie, la cause de tous les maux de “la nation” est le coût trop élevé du travail par rapport à celui des pays “vertueux” comme l’Allemagne ou la Chine. Afin de faciliter la vente des marchandises nationales face à la concurrence étrangère, les travailleurs devraient patriotiquement accepter la misère croissante.

En fait, les motifs idéologiques pour justifier les plans de rigueur au nom de la compétitivité sont de grossiers mensonges. Les pays dans lesquels les ouvriers ont “courageusement accepté les sacrifices”, tels l’Irlande, l’Allemagne ou le Royaume-Uni, ont tous été emportés par le raz-de-marée de la crise économique. La vérité, la voici : la bourgeoisie n’a plus aucune solution à la crise du capitalisme. Pourquoi ? Parce que les électeurs font toujours le “mauvais choix” ? Parce que les politiciens sont méchants ? Parce que des “lobbies” tiennent en secret les “rênes du pouvoir” ? Rien de tout cela ! Le capitalisme est arrivé au bout de ses propres contradictions économiques et sociales. L’Etat n’a aucune solution parce qu’il n’y a plus de solution à la surproduction généralisée de marchandises face à laquelle la restriction des coûts salariaux est foncièrement impuissante, tout comme les “coups de pouce” et la “relance” préconisés par l’extrême-gauche.

Dans tous les pays, notre classe subit les coups de boutoir de la bourgeoisie

Partout dans le monde, la classe ouvrière paye chèrement l’effondrement du capitalisme. De droite ou de gauche, libéraux, keynésiens, “pragmatiques” ou “socialistes”, les gouvernements du monde entier n’ont rien d’autre à offrir que la misère et le chômage.

En Espagne, par exemple, l’année 2013 ne s’annonce pas moins brutale que les précédentes : à lui seul, l’Etat central prévoit d’économiser quatorze milliards d’euros en coupes budgétaires et en hausses d’impôts ; les communautés et les provinces, qui assurent la gestion de budgets colossaux devraient naturellement ajouter leur pierre à l’édifice. En Italie, au Royaume-Uni, au Portugal, en Grèce, on observe partout les mêmes attaques, partout les mêmes sacrifices. Et le plus souvent, aux cures drastiques d’austérité s’ajoute l’inflation qui ronge le “pouvoir d’achat” des travailleurs et les pousse vers la misère, comme aux Pays-Bas où, en plus de la “discipline budgétaire”, le taux d’inflation n’a pas cessé d’augmenter depuis 2009 pour atteindre 3.2  % au mois d’octobre 2012.

Les prévisions mondiales de croissance s’annonçant déjà catastrophiques, nul doute que la bourgeoisie poursuivra ses attaques avec frénésie. Le prolétariat a néanmoins en lui les ressources pour résister par ses mobilisations où se forgent son unité et la conscience qu’il est la seule force sociale en mesure d’abattre le capitalisme.

Courant Communiste International

1) Le taux normal de TVA est actuellement de 19,6  % et la France compte deux taux réduits de 7  % et 5,5  %. A partir de 2014, ces taux seront respectivement portés à 20, 10 et 5  %, soit une augmentation de presque sept milliards d’euros.