Ce petit coup de tête dans les dents, je l’écris en réponse à des trucs que j’ai vu et lu depuis quelques années, un peu en mode réactionnaire, pour casser du sucre sur le dos des théoricienNEs à deux balles qui inondent le net de leurs brèves désordonnées.

Et puis surtout, je pars d’un constat empirique, parce que rien ne vaut ce qu’on a vécu face à ce que d’autres ont théorisé. Du coup, j’utilise ce « JE » qu’on dénigre tant dans le « milieu », parce qu’on part bien de notre ressenti personnel pour ne pas dire que de la merde conceptuelle. Oui, car JE existe en dehors des logiques groupusculaires et affinitaristes.

Appellistes et spontanéistes ne se reconnaissent pas forcément d’affinités, mais illes participent d’un même mouvement de sappe et se retrouvent autour des mêmes délires puristes et avant-gardistes, à défaut d’être capable de se tenir par la main dans les luttes et de bâtir des stratégies d’action communes. Illes n’aiment pas qu’on leur dise comment faire, ne supportent pas les assemblées et les brochures, dénigrent tout ce qui se fait en dehors de leur groupe de potes. Illes n’ont pas tellement de potes d’ailleurs, à force d’être sans compromis.

Dés qu’une lutte tente péniblement de concilier nos vues anarchistes avec les nécessités immédiates de personnes non militantes ou tout simplement moins radicales (mal-logéEs, chômeurEUSEs, sans-papiers et migrantEs, ouvrierEs…), nos idéologues du dimanche sont toujours là pour planter la pointe de leur couteau acéré entre nos omoplates ( https://paris.indymedia.org/spip.php?article11561 ), sous couvert de critique constructive bien sûr. Illes imaginent des luttes sans compromis, sans lien avec les autorités, sans négociation, sans pitié pour tous les vautours : tout doit brûler ! Belles intentions, beaux principes. Mais JE n’ai toujours pas eu vent des bombes à clous et des incendies salutaires de nos amies spontex. Pourtant je serai l’un des premiers à en saluer le geste.

Dés qu’on se retrouve dans des moments de tension avec la flicaille et sur les barricades (je tire mon exemple de la ZAD et du Chéfresne), illes (je m’obstine à coller dans le même sac les appelistes et les spontanéistes, parce que je ne vois pas tout à fait ce qui les différencie) sont là pour nous rappeler qu’il ne faut pas se réunir ( http://paris.indymedia.org/spip.php?article11418 ), que l’assemblée est un mode d’organisation bourgeois, et préfèrent foncer tête baissée. Sans se concerter avec qui que ce soit d’autre qu’elleux-mêmes, les voilà à quelques unEs en train d’assaillir l’ennemi surarmé en mode tête brûlée, entretenant la confusion entre harcèlement réfléchi et héroïsme spontanéiste. Et une fois avoir lancé fièrement quelques cannettes et s’être stratégiquement repliés en mode affinitaire, les autres n’ont qu’à récolter les grenades de désencerclement ( http://paris.indymedia.org/spip.php?article11278 ).

Dés que des copains se retrouvent entaûlés pendant soixante heures à cause d’un montage policier (et là je tire mon exemple de ma propre expérience) et que l’un d’eux (en l’occurence moi) rappelle les bons réflexes à avoir pour ne pas se faire griller, illes sont les premierEs à pondre un crachat pour décrier ce type de conseils au nom d’une lucidité qu’on devrait avoir infuse ( http://www.non-fides.fr/?Anti-repression-2-0 ). Merci l’avant-garde pour vos dégueulis bien-pensants, mais vous m’excuserez de ne pas être doté de votre bagage héroïque et de votre sublime perfection : oui, je m’organise pour faire des trucs de manière spontanée, parfois avec des personnes qui ne sont pas de mon « groupe affinitaire ».

Et quand bien-même, le groupe affinitaire ne nous prémunit pas des faiblesses individuelles ou des craquages. N’en déplaise aux insurrectionnalistes de pacotille, il arrive que nos meilleurEs potes pissent dans leur froc en audition (on n’est pas touTEs des guerrierEs) ou ne voient pas la pertinence d’assumer leur acte politique face aux flics ou à la justice bourgeoise (et si certainEs croient pouvoir faire du tribunal une tribune, grand bien leur fasse). Le craquage d’un de mes potes m’ayant amené avec 6 autres devant la justice par le passé, je crois pouvoir affirmer qu’il n’est pas vain de rappeler régulièrement quelques bons principes de protection. Il n’y a pas que les entraînements de boxe qui servent à se défendre.

Et comme je suis déjà soulagé d’avoir écrit ces quelques vérités (les miennes), je m’aprête à finir ici cette diatribe, espérant obtenir récompense en décrochant une petite place dans la rubrique délation du site cettesemaine de nos camarades baveux (rubrique intitulée « traîtres,faux amis, blabla » ( http://cettesemaine.free.fr/spip/rubrique.php3?id_rubri…ue=89 ), celle-là même où nos chevalierEs de la critique reproduisent des articles de la presse bourgeoise qu’illes n’ont pas pris la peine de vérifier).

Et comme de bien entendu, je publie mon article aussi sur indymedia paris, afin de donner encore un peu plus de grain à moudre à leurs ennemiEs de toujours… ( http://www.non-fides.fr/?Quand-le-mouvement-anti )

Tout ça pour dire qu’il y a dans ces manières d’envisager les luttes quelque chose de profondément réactionnaire et individualiste. Tout ce qui tente de s’organiser à défaut de simplement s’insurger est systématiquement renvoyé dans les clous par nos inquisiteurEUSEs. Autant dire que des flics ne feraient pas mieux…

Appel à celleux que je vise : si vous voulez, la prochaine fois qu’on se voit, on se casse la figure de manière totalement spontanée (même si je sais que je perdrais la bagarre).

Un anarchiste (si si, en plastique, mais anarchiste quand même)