COMMUNIQUE DE PRESSE DU COLLECTIF « UN TOIT POUR TOUTES ET TOUS »

Nantes le 7 Décembre 2012.

Ci-après le texte qui devait être lu, ce jour, au conseil municipal de la ville de Nantes, pour une intervention du collectif lors de la séance.
Le maire, Patrick RIMBERT, a choisi de lever la séance, et rappelé qu’il était interdit au public de prendre la parole durant un conseil municipal. Notre prise de parole n’a pas pu avoir lieu et les personnes, du collectif, présentes ont été priées fermement de quitter la salle. Voici une fois de plus un bel exemple de confiscation de la liberté de parole et de renoncement à l’espace citoyen que devrait être un conseil municipal.
Contrairement à ce qui a été affirmé ensuite, nous démentons formellement qu’une délégation du collectif a été reçue par un interlocuteur, en mairie.
Nous sommes étonnés de l’inaction et du silence, pendant notre intervention, de certain-e-s élu-e-s qui ont pourtant soutenu notre mouvement… Nous espérons et demandons que cette interruption et ses raisons seront portées au PV de ce conseil.

Suite à cela, nous restons mobilisés, déterminés, et décidés à poursuivre la lutte. UN TOIT C’EST UN DROIT !

LE TEXTE

Depuis plus de trois mois, le collectif, « Un Toit Pour Toutes et Tous (*1) », est en lutte et se bat quotidiennement, portant les exigences et revendications suivantes :
– la mise à l’abri inconditionnelle de toute personne à la rue contre son gré, dans un hébergement digne et stable. Ceci passant par un réel, et significatif, renforcement des moyens du 115 et Samu social.
– l’application et le respect de ce droit fondamental, reconnu de valeur constitutionnelle, qu’est le droit au logement.
– l’accès à un logement répondant aux besoins des personnes en grande précarité et en errance sociale.
– la mise en oeuvre et l’application de la loi de réquisition de 1945, des bâtiments inoccupés et des logements vacants, qui sont nombreux sur le territoire de l’agglomération Nantaise.

Le collectif n’est pas un rassemblement « d’agitateurs » (comme cela a été affirmé à divers reprises par des représentants des pouvoirs et collectivités locales) qui instrumentalisent les sans abris et mal logé-e-s. Nos actions et occupations illégales, mais légitimes compte tenu de l’urgence à mettre les personnes à l’abri, sont faites pour dénoncer une politique incohérente et inefficace face à cette grave crise du non ou mal logement. Notre mouvement reçoit un large soutien populaire. Ce qui confirme la légitimité de notre lutte et la préoccupation de la population sur l’exclusion grandissante dans notre pays.
Le collectif est composé de vraies personnes, avec de vrais et réels besoins de logements. « Nous dormons dans des parcs, à la gare, dans la salle d’attente des urgences ou dans des chambres de formule 1 en périphérie de ville lorsque le 115 répond à nos demandes, nos enfants ne peuvent pas suivre une scolarité normale, l’accès aux soins est difficile, … ». C’est la parole des sans abris et mal logées témoignant de leur existence quotidienne !

Les seules réponses apportées à ce jour, par vous-même, la majorité municipale, et la préfecture ont été :
– l’expulsion systématique des lieux occupés (Lieu Unique, Manufacture, Gustave Roch, ….) et l’emploi démesuré des forces de l’ordre lors de nos actions et manifestations. Nous dénonçons cette répression et les intimidations faites sur les personnes militantes ou non, de la part des pouvoirs publics !
– l’ouverture de 2 foyers (déjà prévus à cet effet), en complément des chambres d’hôtel mises à disposition par la DDCS, pour la mise à l’abri temporaire de quelques familles. A ce jour, des personnes relogées ont été remises à la rue ou ballottées d’hôtel en hôtel en périphérie de la ville. Les personnes isolées sont restées à la rue et y sont toujours.
– des annonces médiatiques, sur la mise en place d’un plan exceptionnel pour l’hiver. Plan qui reste vague, hypothétique, et qui n’a rien changé. Le 115 n’arrive toujours pas à traiter les trop nombreuses demandes..
– une lettre presse (en date du 23 Octobre 2012) des élu-e-s de la majorité nous appelant au dialogue, mais nous demandant essentiellement de mettre fin à notre mouvement, à grand renfort de déclarations démagogiques sur les bonnes pratiques de la ville en matière de logement et de volonté à trouver des hébergements.
– une proposition de rencontre, alors que nous étions expulsé de LU, que nous avons décliné car nous estimions que vous n’aviez rien de concret et significatif à proposer. La situation actuelle (plusieurs centaines de personnes toujours à la rue) nous donne raison. Les sans abris, les mal logé-e-s, sont actuellement considérés comme des parias, des inutiles assistés et encombrants pour la bonne image de la ville de Nantes et sa métropole.

Face au silence des pouvoirs publics, à votre silence, aux non réponses à nos revendications, nous avons décidé de venir interrompre ce jour le conseil municipal. D’ailleurs nous constatons, sans surprise, qu’aucun point n’a été porté à l’ordre du jour sur l’urgence à régler la situation de détresse des personnes à la rue.
Notre intervention a pour but de vous rappeler les points suivants :
– Le Maire est responsable et doit veiller à la cohésion sociale sur le territoire de sa commune. Tel que cela est défini par de nombreux textes législatifs (les articles L.2211-1 et suivants du Code Général des collectivités territoriales, articles 98 et 99 de la loi n°2005-32 du 18 janvier 2005 de programmation pour la cohésion sociale, loi n°98-657 du 29 juillet 1998 d’orientation relative à la lutte contre les exclusions, dans son article 1er, les nombreuses décisions du conseil constitutionnel sur la question, etc…etc..). Des circulaires ministérielles récentes de Jean Marc AYRAULT et Cécile DUFLOT ont rappelé ces principes et obligations.
Donc nous exigeons une véritable mobilisation de votre part et des services municipaux, et vous demandons d’avoir le courage de prendre vos responsabilités. Une personne à la rue est en danger, et cela est intolérable !
– Vous avez le pouvoir pour la mise en œuvre de réquisitions, en concours avec le Préfet, afin de dégager rapidement des hébergements et logements. C’est plusieurs milliers de mètres carrés qui sont actuellement inoccupés sur le territoire de la ville (ancienne caserne militaire, ancienne gendarmerie, et autres bâtiments publics ou privés) et qui pourraient être immédiatement mis à disposition pour du logement et de l’hébergement.
– Nous demandons la convocation d’un conseil municipal extraordinaire (ouvert aux publics) afin que soient prises des décisions et mesures pour mettre un terme à cette situation indigne, inhumaine, et inacceptable.

Nous ne quitterons pas cette salle tant que vous n’aurez pas acté de la légitimité de notre mouvement, et que vous aurez pris des engagements pour répondre aux besoins des personnes sans toit.

(*1) Collectif de mobilisation réunissant des personnes avec ou sans logis, avec le soutien des associations et organisations : AFPS 44, Alternative Libertaire, CSF, CGT 44, CIMADE, CNL, Collectif Enfants étrangers Citoyens solidaires (RESF 44), Collectif logement, Collectif Uni-e-s contre une Immigration Jetable, DAL 44, GASProm-ASTI, Gauche Anticapitaliste, Groupement des Retraités Educateurs sans Frontières, LDH, Les Alternatifs, Logis Saint-Jean, MRAP, Médecins du Monde, NPA, PG, PCF, SEN, US Solidaires….…Liste en cours et ouvertes.

Mail : untoitpourtoutesettous@yahoo.fr – Infos Blog : http://untoitpourtoutesettous.overblog.com/