Notre-Dame-des-Landes – LGV Lyon-Turin : même combat !

Le 3 décembre 2012, les chefs d’Etat français et italien François Hollande et Mario Monti se réunissent à Lyon pour conclure le plan de financement de la Ligne Grande Vitesse Lyon-Turin (LGV ou TAV en italien). En Italie, cela fait vingt-deux ans que les habitants de la vallée de Susa sont en lutte contre ce projet de destruction du territoire. Mani­fes­ta­tions de 80 000 per­son­nes, blo­ca­ges rou­tiers, assem­blées popu­lai­res, occu­pa­tions de chan­tiers : le mou­ve­ment NO TAV est créa­tif, massif et tenace. En France, la lutte a émergé plus récemment. Elle prend de l’ampleur depuis un an avec la constitution de nombreux comités opposés au TAV sur tout le tracé de la future ligne, de Lyon à la Maurienne, en passant par le nord-Grésivaudan, la Chartreuse et l’avant-pays savoyard. Aujourd’hui, les opposants grenoblois à l’aéroport de Notre Dame des Landes ne peuvent pas ignorer la lutte que mènent à deux heures de chez eux les comités français et italiens contre la LGV : nous luttons contre la même logi­que techno-indus­trielle, celle de la com­pé­ti­ti­vité économique dans le mépris total des popu­la­tions et de leur envi­ron­ne­ment.

Des grands projets inutiles… sauf pour les grands patrons du BTP

Pas plus que l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la LGV Lyon-Turin ne répond pas à un besoin des populations. Pour justifier ces grands projets, leurs promoteurs expliquent que les infrastructures existantes ne pourront pas absorber l’augmentation prétendument inévitable du trafic de passagers et/ou de marchandises. Ils mentent : on sait que la ligne de train déjà existante entre Lyon et Turin est complètement sous-utilisée, et qu’elle pourrait absorber à elle seule la quasi-totalité des marchandises transportées par camion à travers les Alpes. Surtout, les technocrates et patrons du BTP posent la question à l’envers : plutôt que de nous demander comment permettre à des marchandises (ou des cadres sup’ à haut revenus) de traverser l’Europe toujours plus rapidement, demandons-nous d’abord pourquoi les tomates que nous mangeons en France sont produites en Espagne, préparées en Italie, et conditionnées en Allemagne. La seule raison d’être de ces projets, ce sont les 500 millions d’euros pour l’aéroport de NDDL et les 20 milliards pour la LGV Lyon-Turin, que les patrons du BTP prévoient de se mettre dans les poches.

Le saccage de l’environnement et des territoires.

Tout le monde sait qu’un aéroport est une aberration écologique. Pour le train, c’est plus compliqué. Depuis 2007, et jusqu’à un récent revirement, les écologistes ont en effet défendu la LGV Lyon-Turin comme permettant de mettre des camions sur les trains et de diminuer ainsi la pollution dans les vallées alpines. Or, la LGV n’arrêtera pas le transport routier de marchandise. À l’inverse, en facilitant la traversée des Alpes, il incite les transporteurs à affréter encore plus de camions sur l’axe Lisbonne-Kiev. Si l’on veut arrêter les camions, il faut défendre une économie locale, pas leur creuser une nouvelle voie royale ! Par ailleurs, le creusement des nombreux tunnels (dont le plus grand tunnel d’Europe) entraîneront de nombreuses nuisances : destruction de nombreuses terres cultivables, assèchement de sources et ruisseaux, excavation de millions de tonnes de déblais polluants (amiante, uranium) qu’il faudra ensuite stocker dans les vallées alpines…

Démocratie contre violences policières

Tout comme la Zone à Défendre de Notre-Dame-des-Landes, où se relaient depuis plusieurs semaines des centaines de policiers en tenue anti-émeutes gazant et matraquant les opposants, de l’autre côté des Alpes le chantier du Lyon-Turin est en état de siège permanent. La zone de la Maddalena a été déclarée zone militaire. Elle a été entourée de grilles derrière lesquels les carabinieri et leurs canons à eau montent la garde jour et nuit. Depuis de nombreuses années, le mouvement no-TAV italien est confrontée à une répression féroce. Ce qui se joue, là-bas, comme à NDDL, c’est donc avant tout la liberté des populations à décider pour elles-mêmes. Et cela ne peut pas nous laisser indifférents.

L’aéroport de NDDL et le TAV accroissent l’industrialisation des espaces naturels et la prédominance des marchandises sur les personnes. Ils renient pour toujours la possibilité d’une économie locale et décente. Ils mettent les peuples en concurrence, au lieu de les relier. Ils sont imposé aux populations dans la violence.

De Nantes à Grenoble construisons la résistance face aux grands projets inutiles !

Prochains rendez-vous contre le Lyon-Turin, à Lyon :

30 novem­bre et 1er décem­bre : Forum contre la LGV Lyon-Turin. Le ven­dredi 30 novem­bre de 16h à 21h et le 1er décem­bre de 9h à 18h, à l’espace Sarrazin, 8 rue Jean Sarrazin.

3 décem­bre : Rassemblement et mani­fes­ta­tion à Lyon. 12h, Gare des Brotteaux, ras­sem­ble­ment contre le sommet de François Hollande et Mario Monti. Repas, assem­blée, prises de paro­les fran­çai­ses et ita­lien­nes, pré­sen­ta­tion des dif­fé­ren­tes luttes et de leurs contex­tes, jeux, tables d’infos… 14h, départ d’une mani­fes­ta­tion fes­tive.

Libeludd, libertaires luddites à Grenoble

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