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>Sauf que l’expérience actuelle au Brésil montre les limites de leur stratégie alternative: Le parti des >Travailleurs Brésilien fut fondé, avec l’aide décisive des différents courants trotskistes comme l’image >même du Front Unique Ouvrier : sa réalisation dans un seul parti. Un parti si puissant qu’il gouverne >aujourd’hui le pays.

Les Trotskistes ne dominaient pas vraiment dans le PT brésilien. On les laissait ouvrir leur gueule, c’est tout. Maintenant que le PT est au pouvoir, c’est une autre affaire… pas simple du tout.

>Pour autant, Le PT de Lula respecte les exigences du FMI, s’est allié avec le patronat local, bref se comporte > comme l’avait fait Mitterrand dans notre pays.

Si tu connaissais un peu la situation socio-politico-économique et culturelle du pays, tu pourrais avoir l’impression qu’il n’a pas trop le choix. À moins de voir la Force Syndicale, financée par le patronnat, l’oligarchie et le grand capital, bloquer tout ce qui peut encore marcher dans ce foutu pays et niquer tout ce qui y reste de progressiste.

>Alors je m’interroge: la vrai question est-elle l’origine de classe des partis qui constituent une coalition ou >est-ce son programme ?

Plutôt la volonté et la sincérité, non ?

>Chavez fait plus pour les classes populaires Venézuelliennes que ne le fait Lula pour son peuple. Pourtant >Chavez est un ancien militaire qui se réclame de Simon Bolivar, un ancien bourgeois, certes anti-libéral, >mais qui ne se réclamait en aucune façon des seules classes populaires. Faut-il rejeter l’alliance avec Chavez >et y préférer Lula ?

Lors des massacres du 27 février 1989 qui ont fait peut-être 100 000 morts dans le quartier de Palo Verde, à l’Ouest de Caracas, Chávez était absent de ses fonctions. Personne ne sait bien pourquoi il n’était pas présent ; une grippe paraît-il… Son adjoint a été abattu par une balle perdu. Je crois que c’est à ce moment qu’il a compris réellement qui il servait et qu’il a changé de camp. Qu’il a compris l’inintérêt de sa fonction et qu’il était impossible de servir le peuple en obéissant à la bourgeoisie. À moins de se prendre une balle perdue en pleine poire…

Lula n’a pas vécu les mêmes choses. Il n’était pas aux postes de décisions et de responsabilités auxquels se trouvait Chávez. Lula n’a pas non plus l’appui de l’élite de l’armée que Chávez peut utiliser en cas de coup dur. Il n’y a qu’à voir les derniers moments du film « la Révolution ne sera pas retransmise » pour comprendre. L’intervention déterminée de comandos armés prêts à en découdre avec une oligarchie qui a humilié leurs parents. La majorité des militaires vénézuéliens de la « troupe » sont en effet issus des couches les plus défavorisées de la population. C’est elles que Chávez tente de promouvoir et c’est elles qui interviendront, jusqu’à la mort, en cas d’invasion des Yankees. Ce ne sera pas l’Irak ; ce sera mille fois pire !

Chávez a compris dans la douleur du massacre de 100 000 personnes de son peuple aimé et dans la mort de son adjoint et ami qui tentait de résoudre les évènements de Palo Verde de manière moins brutale que ce que proposait l’élite réactionnaire de l’armée. Trois ans après, il tentait de renverser cette oligarchie corrompue.

Les réalités du Venezuela et du Brésil sont différentes. Ce sont deux pays qui se connaisssent peu, du fait de leur situation géographique : une seule route permet de rejoindre le Brésil au Venezuela, à travers la forêt amazonienne et la Gran Sabana, au pied du magnifique Massif du Roraima. Les lieux sont superbes, mais ne permettent pas réllement l’échange entre la Caraïbe et la Pampa (je caricature).

Le Venezuela (les salopards qui le dirigeait à l’époque) a joué les riches avec sa rente pétrolière, sacrifiant l’économie nationale pour importer avec les dollars gagnés. On pourrait dire que la situation de misère est moins pire au Brésil, parce que ce pays a toujours dû innover pour tenter de nourrir (mal) sa population. Il n’avait pas de lauriers financiers sur lesquels se reposer.

Mais maintenant c’est lui qui est en meilleure position que le Venezuela, parce que son économie est plus diversifiée et moins dépendante des fluctuations, voulues, du pétrole. Il peut se permettre des choses que ne peut pas le Venezuela : « notre économie est solide, si vous, FMI, n’acceptez pas nos conditions, vous irez vous faire voir ! » ; c’est ce que peut dire Lula aux salopards qui dirigent la planète. Et ils flipperont, même s’ils ne le montrent pas.

Plus difficile pour Chávez qui est un des principaux pourvoyeur d’or noir des bâtards US. Ils font quasiment la pluie et le beau temps avec le pétrole, pratiquement seule source de revenus du Venezuela. Chávez est obligé d’agir concrètement. Par nécessité et par sincérité, après ce qu’il a vécu et vu dans sa carrière de dirigeant de haut niveau de son pays.

>Et si la seule question qui vaille était celle du programme ?

Ces ont les Hommes et leur valeur humaine et la nécessité qui font avancer les choses qui ne sont souvent pas simples, embringuées dans des conflitds d’individus, de pouvoirs, de popote, comme dirait De Gaulle.

>Si les sociaux-libéraux avec leur « union de la gauche « , si les trotskistes avec leur « Front unique » ou leur > »grand parti des travailleur », si tous ces gens ne visaient qu’à masquer l’enjeu essentiel : QUELLES >SOLUTIONS, QUELS PROGRAMMES, QUELLES REFORMES, QUELLES STRUCTURES >SOCIALES, QUELS OBJECTIFS faut il adopter pour sortir de cette barbarie qui triomphe un peu plus >chaque jour.

Je pense que, pour voir changer le monde, il faut appuyer le processus vénézuéleien et celui de la Réforme Agraire prônée par leMST (Mouvement des travailleurs ruraux Sans Terre du Brésil).

À leur propos, une phrase de José Srarmago : « Le MST n’est pas seulement Brésilien. Le Mouvement peut contribuer à changer d’autres lieux du monde » ; l’économiste Celso Furtado :  » Le MST est le plus beau mouvement social de ce siècle » ; le photographe Sebastião Salgado : »Pour moi, le MST est un des uniques -sinon l’unique- qui réunit en son action les luttes pour la dignité et la citoyenneté au Brésil. N’importe quel Brésilien qui a un minimum de responsabilité, qui a conscience de la situation sociale réelle de notre pays, a le devoir d’accompagner et d’apuyer le MST. Appuyer le MST, c’est préserver mon droit à rester confiant dans l’Histoire, en dépit de tout ce que le système a fait au Brésil tout aux longs des temps » ; et une dernière phrase d’Augusto Boal, Directeur de théâtre :  » Le théâtre est un langage, c’est le plus riche langage parce qu’il y inclut tous les autres et, à travers le théâtre, on peut analyser le passé dans le présent pour que se puisse inventer le futur : c’est cela que le MST est en train de faire ».

>A 3 semaines d’une élection ou on va nous refaire le coup du « voter utile », ma réflexion vous inspire-t-elle
> quelques commentaires

Au Nord, nous ne savons plus inventer, créer, imaginer. Nous sommes enfermés dans un conformisme et un nombrilisme que nos « victoires » philosophiques et sociales nous ont apporté. Nous nous sclérosons dans notre trop bon confort. Le Sud tient les réponses et les richesses qui mettront au pas le capital, quand les travailleurs-citoyens les controlleront. Nous sommes parfaitement adaptables, contrairement à ce que j’ai lu dans un articles publié par des « Pénélopes » perdues dans leurs fantasmes indiens, lors du WSF India.

Amicalement

Pierre.