Un centre de rétention ce n’est pas qu’un bâtiment sinistre au fond d’une forêt ou près d’un aéroport, où l’on se trouverait enfermé parce qu’on n’a pas de chance.
C’est l’un des rouages d’une machine ; du contrôle à l’enfermement ; de la queue interminable à la préfecture à la décision d’expulsion ; de l’arrestation à l’expulsion.

Un centre de rétention ce n’est pas juste quelques flics et des barbelés, mais un ensemble de personnes et d’entreprises qui participent à cette machine à expulser.
C’est des patrons, des administrations, des banques, etc. qui balancent des sans papiers aux flics ;
C’est des ingénieurs et des industriels qui mettent au point des outils de contrôle (passeports biométriques, machines qui détectent les faux papiers), des « super-flics » et des politiciens qui créent de multiples fichiers (fichier des demandeurs d’asile, fichier des empruntes, fichier des expulsés…) ;
C’est des architectes et des constructeurs qui pensent et érigent les bâtiments et les clôtures imperméables, et se mettent plein de fric dans les poches ;
C’est des associations qui servent de caution humanitaire, qui co-gèrent l’enfermement et les expulsions ;
C’est des médecins et des infirmiè-re-s qui distribuent anxiolytiques et antidépresseurs à gogo pour annihiler toute volonté de révolte ;
C’est des transporteurs qui expulsent à la chaîne et qui bien souvent ferment les yeux sur la violence des flics.

Un centre de rétention ce n’est pas quelque chose qui est là au hasard d’une loi injuste, mais c’est un des outils dont dispose le pouvoir pour gérer, contrôler et enfermer les personnes qu’il juge indésirables, dangereuses, réfractaires…

Un centre de rétention ça doit fonctionner comme il faut, comme dans toutes les prisons, sinon c’est la merde. Et pour ça, toute une série d’entreprises se font du fric en fournissant et gérant de nombreux services : préparation et distribution des repas (périmés de préférence), nettoyage des locaux et des vêtements des personnes enfermées, fourniture des draps-pleins-de-tâches et du nécessaire de toilette qui est distribué à l’arrivée dans le centre (rasoir qui donne des boutons, savon qui gratte après, brosse à dent sans poils…).
Recrutées par appel d’offre, ces entreprises sont pour la plupart des filiales de multinationales connues de tou-te-s : Vinci, Cofely-Gdf-Suez, Véolia, Bouygues…

En voici quelques-unes :
GTM multiservice (groupe Vinci) : centre de rétention de Bobigny, Marseille, Sète, Nice (draps, nécessaire de toilette, nettoyage des vêtements)
Vinci facilities (groupe Vinci) : centre de rétention du Mesnil-Amelot
Onet Propreté -multiservices : centre de rétention de Nice (nettoyage), Nîmes (nettoyage), Toulouse (nettoyage), Hendaye (repas), Lyon (nettoyage), Metz (nettoyage, nettoyage des vêtements), Perpignan (nettoyage), Plaisir (nettoyage)
Avenance (Elior) : centre de rétention de Metz (repas), Perpignan (draps, repas, nettoyage des vêtements)
GEPSA (groupe Cofely-Gdf-Suez) : centre de rétention de Bordeaux, Hendaye (draps, nécessaire de toilette, nettoyage des vêtements), Lyon (draps, nécessaire de toilette, nettoyage des vêtements), Palaiseau, Vincennes, Plaisir (draps, nécessaire de toilette, nettoyage des vêtements), Rennes, Toulouse
Eurest & Scolarest (Compass Group) : Coquelles (plus localinge pour les draps), Lille, Lyon (repas), Nice (repas)
TFN (groupe Véolia) : centre de rétention de Hendaye (nettoyage)
Blanc et Bleu blanchisserie : centre de rétention des Abymes/Guadeloupe (draps)
Maxinet : centre de rétention des Abymes/Guadeloupe (nettoyage)
Clean espace : centre de rétention de Matoury/Guyane (nettoyage)
Sodexo : centre de rétention de Matoury/Guyane (repas)
La culinaire de restauration : centre de rétention de Hendaye (repas)
Marchant : centre de rétention de Metz (nécessaire de toilette)
Fer express : centre de rétention de Perpignan (draps)
Hygy-pro : centre de rétention de Perpignan (nécessaire de toilette)
Ekilibre : centre de rétention de Plaisir (repas)
Société Ternett : centre de rétention de Rouen (nettoyage)
API : centre de rétention de Rouen (draps)
Servais : centre de rétention de Saint-Clotilde/La Réunion (repas)
Les religieuses de la miséricorde : centre de rétention de Paris-Cité

Ces entreprises sont partout autour de nous. Elles construisent le monde de demain, des grands projets nationaux et internationaux à l’aménagement policier et lisse du territoire, de la hauteur des murs des nouvelles prisons au générateur nucléaire dernière génération : dévastation d’un bocage à Notre-Dame-des-Landes pour y mettre un aéroport international, construction du nouveau palais de justice à Paris, participation à chasser les pauvres loin des centres-villes en bâtissant des immeubles standing de luxe ou des logements sociaux pour riches, etc.
Elles participent à l’appauvrissement de nos conditions d’existence en exploitant toujours plus à coup de contrats précaires, de missions d’intérim et de travail au black.

Ceci n’est pas un appel à boycott, ni une simple dénonciation.
Ce texte en appel d’autres, afin de comprendre, connaître et faire connaître les rouages de la machine à expulser et ceux qui y participent pour mieux les affronter.
C’est une invitation à la lutte contre les centres de rétention et le monde qui les produits, de la distribution de tract au sabotage, de l’affiche à l’occupation, etc.

Parce qu’un centre de rétention c’est juste bon à être détruit, comme toutes les prisons, comme toute cette société pourrie.

Pour un monde sans Etats ni frontières, sans argent ni entraves !

p.s. voir aussi le tract « sabotons la machine à expulser » et la brochure « à chacun le sien… recension de vautour qui se font du fric avec la machine à expulser »