Hier, une énorme manif de réoccupation a eu lieu dans le bocage nantais, à Notre-Dame-des-Landes, pour combattre le projet de nouvel aéroport, en partenariat public-privé entre l’Etat Ayrault et la multinationale Vinci. Cet aéroport est une gabegie sociale pour les fermier-e-s et habitant-e-s expulsé-e-s sans qu’on leur demande leur avis, écologique en ce qu’il consiste à transformer 2000 hectares de bocage humide, plein de biodiversité, en horreur bétonnière où circuleraient des machines massivement productrices de gaz à effet de serre. Même l’argument économique ne tient pas, car ce projet suppose un transfert massif de fonds publics vers le profit privé, et ainsi l’endettement de l’Etat et des collectivités locales, à l’heure où paraît-il plus un sou ne reste dans les caisses. Mais le gouvernement “socialiste” et “écologiste” s’acharne à maintenir sous perfusion le profit capitaliste, montrant par là combien ce projet sous-tend un modèle morbide de société que nous rejetons.

Depuis le 16 octobre de cette année, un immense dispositif militaire s’est ainsi déployé sur la zone d’aménagement différé, mais la résistance des habitant-e-s continue face à la violence répressive. Les médias bourgeois ont d’abord rapporté la présence de 2000 manifestants, avant que la préfecture n’évoque le chiffre non moins farfelu de 13.500. En réalité, ce furent 40.000 manifestant-e-s et 400 tracteurs qui furent sur place, avec un cortège intarissable sur de nombreuses heures, remplissant un champ entier. Pas de flic en vue, signe de la fébrilité d’un gouvernement qui malgré les fanfaronnades de Hollande, d’Ayrault et du préfet, ne peut que constater que cette lutte légitime a l’adhésion d’un nombre de plus en plus immense de gens.

Des prises de parole se sont succédées, avec les collectifs de résistance locaux de paysans et d’habitant-e-s, mais aussi des interventions solidaires de personnes qui résistent ailleurs, contre d’autres grands chantiers destructeurs. Tels que la ligne à très haute tension Cotentin-Maine, la ligne à grande vitesse Lyon-Turin, le projet minier en Allemagne dans la forêt de Hambach près de Cologne… la colère y a côtoyé la détermination et la joie de nous retrouver fort-e-s, ensemble ! Et la patate pour continuer la lutte partout où nous sommes, contre les mêmes logiques de domination et de profit.

Des tentes, des cabanes et des maisons se sont élevées pour succéder à toutes celles que l’Etat et Vinci ont détruites, avec l’aide de milliers de petites mains. Sans compter les ateliers divers, les cuisines, les orchestres, chorales et autres batucadas…

Un grand sentiment de solidarité en actes, où la diversité fourmillante des organisations, formelles et informelles, a su faire taire les petites querelles stériles. Les drapeaux étaient rangés, les planches, les marteaux et les clous en action ! Occasion d’innombrables bons moments de partages, d’organisation concrète, de discussions, et d’espoir collectif qu’aucune des gesticulations sinistres de robots en cravate ou en uniforme ne saurait entamer.

La lutte continue, et la Fédération Anarchiste, à sa mesure modeste mais déterminée, continuera de la soutenir par tous les moyens nécessaires.

Pavillon Noir, 18 novembre 2012

NdPN : on lira sur zad.nadir.org plusieurs textes.

-Le flash info du jour relatant cette belle journée

-Un petit récit de la manif de réoccupation

-Communiqué de presse

-Une prise de parole à l’arrivée de la manif de réoccup

-Une lettre collective de soutien venue du Mexique