Face à la manifestation du 8/11

Ces derniers mois, nous avons assisté, en Argentine, à une réorganisation de secteurs sociaux, politiques et syndicaux, rassemblés autour du projet d’une alternative conservatrice face au « populisme » kirchnériste. Dans ce contexte se sont développées quelques manifestations et concerts de casseroles, réalisés principalement par la classe moyenne et élevée. Bien que nous ne puissions pas caractériser en bloc et de façon indiscriminée tous les manifestants comme fascistes ou visant à un coup d’état (ainsi que le fait le gouvernement), l’orientation antipopulaire et réactionnaire de ces manifestations est claire.

Les casseroles qui se font entendre dans les rues ces jours-ci ont bien peu en commun avec celles de 2001. Sous le mot d’ordre « piquet de grève et casseroles, il n’y a qu’une seule lutte », les casseroles de cette époque exprimaient le rejet du modèle néolibéral et la revendication de mesures populaires.
Aujourd’hui, au contraire, elles se rassemblent pour critiquer le gouvernement depuis la droite, mettant en question les programmes sociaux ou les tentatives de régulation par l’Etat de certaines sphères du marché. Ainsi, sous couvert de rejeter les tentatives de réélection ou les cas apparents de corruption, il s’agit en fait d’un programme économique et social encore plus régressif que le kirchnérisme, en ce qui concerne la majorité populaire. Il n’est donc pas étonnant que ces casseroles critiquent certains processus politiques de la région, comme ceux de Cuba ou du Vénézuela, qui, avec leurs limites, cherchent à répondre à des revendications populaires et à constituer une alternative à l’impérialisme et au néolibéralisme. La manifestation du 8/11 exprime tout cela, et nous la rejetons en tant qu’elle est une manœuvre de la droite pro-impérialiste. Au delà des différentes considérations possibles sur le processus bolivarien, il est évident que la victoire de Chavez lors des élections vénézuéliennes ont fait sauter des nombreux verrous pour les réactionnaires de toutes latitudes. C’est ce qu’à démontré, par exemple, le soutien direct de Macri (maire de Buenos Aires) et du groupe Clarin (le plus important groupe de presse argentin) aux membres de l’opposition et leurs résultats frustrés.

L’administration kirchénriste, dans le cadre des luttes sociales et du climat politique post-2001, a provoqué certains progrès en matière de droits humains, sociaux et politiques, mais qui ne font par partie d’un programme d’ampleur en rupture avec le pillage et la précarisation des conditions de vie de notre peuple. Le kirchnérisme s’est contenté d’incarner une variante intelligente de la bourgeoisie, capable de reconstruire la légitimité sociale et politique du régime, sans réaliser des modifications structurelles ou profonde par rapport au néolibéralisme. En ce sens, les problèmes de logement, de santé, de travail et d’éducation restent sans solution. Cela n’empêche pas que certains secteurs de la droite politique et économique préfèrent proposer un programme de réformes plus directes ou de mettre fin aux concessions faites aux secteurs populaires.

Face à la polarisation installée entre le gouvernement et l’opposition de droite, les organisations signant ci-dessus continuent de miser sur la construction par en bas d’une alternative populaire. Avec cet objectif pout horizon, nous rejetons les secteurs réactionnaires locaux qui cherchent à mettre en œuvre des politiques plus repressives en direction des secteurs populaires, en même temps que nous nous prononçons pour la construction d’une alternative politique de ceux d’en bas, héritière des journées de 2001.

Premiers signatires:
Corriente Político Sindical “Rompiendo Cadenas”// Agrupación Kiki Lezcano // Colectivo Desde el Pie // Corriente de Organizaciones de Base La Brecha // Coordinadora de organizaciones y Movimientos populares de la Argentina // Linea Socialista Marcelo Quiroga Santa Crúz // MTD Aníbal Verón// Movimiento por la Unidad Latinoamericana y el Cambio Social – MULCS //