J’ai lu avec beaucoup d’attention le journal Presse Océan du 31 octobre 2012 dans lequel vous évoquiez la construction de l’aéroport de Notre Dame des Landes. Je dois avouer qu’après une première lecture par trop rapide, j’ai cru que vos propos étaient à prendre au premier degré. De même qu’il m’a fallu du temps pour comprendre que Jean-Marc Ayrault était un joyeux boute-en-train en proposant la création de cet aéroport en pleine crise écologique et économique, j’ai fini par décrypter tardivement votre position au combien subtile.

Vous commencez par vous indigner en affirmant « qu’il est faux et irresponsable de laisser croire que le projet pourrait encore être abandonné ». Cette affirmation qui semble pleine de bon sens, recèle en son sein au moins deux clins d’œil aux opposants. Tout d’abord, vous jouez sur les mots entre un « responsable politique » (vous-même) traitant « d’irresponsable » les citoyens qui lui ont permis d’accéder à son poste. C’est un renversement excellent ! Ensuite, plutôt que de savourer la création d’un nouvel aéroport avec vos amis de Vinci auprès d’un feu de cheminé, avec un bon verre de scotch whisky 12 ans d’âge en fumant un café crème, vous prenez le temps d’intervenir dans la presse. Si ce n’est pas là un appel cocasse pour nous dire que rien n’est joué et que tout cela n’est qu’une farce splendide, qu’est-ce donc ?

Vous affirmez plus loin que « tous les recours sont épuisés » alors qu’il en reste au moins deux en cours de procédure. A la première lecture (succincte et superficielle comme je l’ai déjà précisé), j’ai cru que vous dévoyiez la parole politique des élus de la République. J’ai fini par comprendre que c’était un autre message aux opposants pour nous dire que rien n’était joué et qu’il fallait continuer à se battre.

Après cela, vous dénoncez, non sans courage, la « poignée d’activistes professionnels » qui sévissent à Notre Dame des Landes. Je reconnais bien là le subtile humour socialiste qui met en miroir les milliers d’opposants à la lutte et la poignée de technocrates encravatés qui ont décidé de créer cet aéroport. Je dois avouer que j’ai beaucoup ri.

J’ai aimé également votre façon de dénoncer votre collègue Bernard Hagelsteen en affirmant que « l’aéroport aura des retombées positives très concrètes pour les territoires et les habitants de l’Ouest ». Des centaines de personnes se feront expulser, des milliers d’hectares seront bétonnés et vous insistez sur le fait que cet aéroport à déjà au moins créer un emploi, celui de Bernard Hagelsteen au sein de la société Vinci. Chapeau l’artiste !

Last but not least, vous saluez le courage des forces de l’ordre, elles qui n’hésitent pas à utiliser les tirs tendus de flash-ball ou à détruire des maisons pleines d’amiante. J’adore ! Vous parlez même « d’assauts » comme le président de Nantes métropole parle de « contestations violentes » tout en sachant pertinemment que des gens s’apprêtant à saccager deux mille hectares de terres ne seront jamais légitimes pour parler de violence. Remarquable.

Même si votre soutien n’est pas des plus accessible, bravo et merci à vous monsieur Auxiette.

Monsieur le président, veuillez recevoir l’expression de mes salutations distinguées.

Un citoyen blinois