Situé en plein cœur de Rennes, ce squat n’était pas un camp insalubre, mais une maison, propriété de la Ville de Rennes, libre de toute occupation. (« Libre de toute occupation, ne justifie pas de ce que la démolition de l’immeuble devrait intervenir à bref délai en sorte qu’elle ne justifie d’aucune urgence particulière à reprendre son bien », ordonnance de référé du 11 mai 2012).

Ces vingt personnes, dont cinq enfants, constituaient-elles une telle menace qu’il était si urgent de les jeter à la rue ? Chassés de Roumanie, ils s’étaient installés et avaient enfin commencé à se construire une vie décente.

Nous accompagnons ces familles dans leurs démarches depuis 8 mois : accès au logement, à la santé, au travail et à la scolarisation des enfants. Alors qu’ils n’étaient jamais allés à l’école, quatre enfants sont aujourd’hui scolarisés dans les établissements rennais : collège Rosa Parks de Villejean, école Guillevic, école Châteaugiron-Landry.

Aujourd’hui, tous ces efforts sont compromis. Les familles ont à peine eu le temps de rassembler quelques affaires avant de voir leurs maigres biens engloutis dans une benne.

Comme partout en France, cette expulsion a été ordonnée sans concertation avec les associations, contrairement à ce qui est préconisé par la circulaire interministérielle « relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites » du 26 août 2012 ; pas non plus de proposition de relogement autre qu’une nuit d’hôtel accordée avec condescendance pour les mères de famille et leurs enfants ! Cette proposition indigne a été immédiatement rejetée par les familles qui ne souhaitaient pas être démembrées.

Nous dénonçons fermement le cynisme des autorités municipales et préfectorales qui préside à cette expulsion. Le choix de la date, veille de la trêve hivernale et jour de vacances scolaires pour éviter la mobilisation des enseignants, relève d’un calcul froid dans la continuité la politique d’exclusion menée par le gouvernement socialiste vis-à-vis des Roms.

Le Rom est devenu la victime expiatoire d’une politique gouvernementale aveugle qui se construit à bon compte une image de fermeté en laissant sur le trottoir une population désemparée.

Signatures : DAL 35 – MRAP35 – RESF 35

Une seconde expulsion est en cours Boulevard de Guines !