Il était à peine midi sous le ciel gris bas-normand. La rue commençait à s’agiter dans la routine de sandwichs pressés guidant travailleurs et étudiants. L’homme à l’harmonica jouait son blues quotidien rue Saint Pierre et le carrousel de la place Bouchard tournait à vide. Mais c’est un tout autre manège qui nous laissa bouche bée : sur la place, juste derrière, près de 200 personnes étaient rassemblées avec des vêtements noirs ou verts pour les messieurs; roses ou blancs pour les dames et l’inscription « Un Papa, une maman, on ne ment pas aux enfants » ! Stupeur et interrogation. La droite est dans la
rue !

Ils nous manquaient les cul-bénis garants de l’ordre moral des siècles passés ! On avait pris l’habitude de croiser (et dégager) les cathos intégristes de SOS Tout Petits lors de leurs prières de rues [autorisées celles-là] contre l’avortement ; mais cette fois-ci c’est une droite plus large mais tout aussi fermée qui compte se faire entendre. L’appel est national, signé d’une obscure Alliance Vita, association fondée fin 1993 par Christine Boutin et se disant « aconfessionnelle et apolitique » [sic]. Une ronde ridicule se fait avec une tentative de symbolique de l’éveil de l’enfant grâce à ses parents (femme+homme bien sûr). On pourrait presque rire. Des tracts sont également distribués et valent le détour : on y lit par exemple « [qu’]il n’existe pas de droit à l’enfant mais uniquement des droits de l’enfant. L’intérêt de l’enfant ne devrait-il pas passer avant les revendications de certains adultes ? » [NDLR : c’est également ce que l’on se disait !!!], que « la parité père-mère s’inscrit dans l’histoire de l’humanité » ou encore que « deux pères ne remplacent pas une mère ; deux mères ne remplacent pas un père » et ainsi de suite…

Après quelques SMS envoyés, d’autres militants commencent à arriver et une contre-manifestation se forme. Des passants s’arrêtent également en nombre pour marquer leur indignation et leur refus de telles régressions sociales. Durant plus d’une heure des discussions sont tentées, des oppositions verbales plus ou moins virulentes ou sarcastiques qui montrent à chaque fois la faiblesse argumentaire des premiers manifestants. Les « homos, hétéros, égalité des droits » parviennent à couvrir le slogan unique des droitistes dont – chose rassurante – la très grande majorité a (…)
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