{{{Rencontre entre un squatteur et le n°2 de la mairie « communiste » de
(Saint-)Martin-d’Hères lors d’une manif contre la précarité (à Grenoble, le
28 février 2004)}}}

Une manif « contre le chômage et la précarité, pour l’emploi et la justice
sociale » s’est tenue l’après-midi du samedi 28 février 2004, à Grenoble.
A-t-elle rassemblé plus de drapeaux, banderoles et autres panneaux que de
manifestant-e-s ? Ce qui est sûr, c’est que ces banderoles et drapeaux ne
montraient pas grand chose d’autre que les logos et noms des éternelles
orgas qui participaient à la manif : on aurait dit que la manif n’était
peuplée que de membres d’orgas, des encarté-e-s syndicalistes et autres
citoyennistes post-stalinien-ne-s qui se montrent… Sans plus. Pas l’ombre
d’un-e révolté-e. Je ne suis pas resté, je m’y sentais isolé et je n’avais
pas envie de faire le jeu de la gauche-caution de la démocratie d’Etat. Par
ailleurs, je me demandais une fois de plus comment il était possible de
défiler contre le chômage et la précarité sans avoir ne serait-ce qu’un
regard critique sur le travail et l’exploitation capitaliste…
« Chô-chô-chô, chômage ras-le-bol » ? Dans le fond, c’est plus souvent
« Tra-tra-tra, travail ras-le-bol ». Réclamer sans cesse de l’emploi dans un
monde d’exploitation, n’est-ce pas perpétuer le fonctionnement de ce monde
?

Au départ de la manif, il y avait environ 150 personnes, presque toutes
militantes chez les orgas visibles ce jour là : LCR, Attac, Sud,
Solidaires, FSU, CGT, CNT (Vignoles), Ras l’Front, Les Alternatifs, le
Forum Social Local, j’en oublie peut-être deux ou trois mais il y avait
bien sûr le Parti Communiste Français et leurs nouveaux drapeaux rouges…

Avec au beau milieu des quelques membres du PCF présent-e-s, ce cher José
Arias, n°2 de la mairie « communiste » de (Saint-)Martin-d’Hères, notamment
connue pour avoir le 18 juin dernier expulsé le squat de la Charade
(http://charade.squat.net).

Je suis allé parler quelques secondes avec ce monsieur Arias, lui faisant
remarquer le comique de la situation puisqu’il était directement
responsable de la mise à la rue des squatteur-euse-s de la Charade tandis
qu’en ce jour il paradait contre la précarité… Cela ne l’a pas
franchement fait rire. Ce n’est pourtant pas lui qui s’est fait virer de
son domicile l’an passé.
Il s’est senti obligé de me préciser que, lui, ça faisait 30 ans qu’il
était là. Là. Où ça là ? Probablement à se montrer dans des manifs « de
gauche » pour se donner bonne conscience. Il m’a demandé : « T’étais où, toi,
y’a 30 ans ? ». Hé, hé.
Je lui ai répondu : « Il y a 30 ans je n’étais pas né, mais si ça fait 30
ans que tu fais des conneries de politicien, tu ferais mieux de ne pas en
être fier ! ». Je lui ai rappelé que l’ex-Charade était toujours entièrement
murée, que les fameux travaux n’avaient pas commencé, bref, que rien
n’avait changé depuis l’expulsion de juin 2003. C’était très urgent vous
comprenez…

Alors quand le PCF et les restes de la gauche plurielle gauche poubelle
manifestent contre la précarité, je rigole. Quand le PCF dénonce dans son
tract le MEDEF et le gouvernement déclarant que leurs objectifs sont « la
rentabilité financière maximale des capitaux, la satisfaction des appétits
des marchés financiers », je rappelle que c’est pour le même type d’intérêts
que la Charade s’est faite expulser si vite. Je me demande au passage
quelles sont les motivations de l’agrandissement des zones commerciales et
des supermarchés sur (Saint-)Martin-d’Hères si ce ne sont pas les intérêts
financiers, la rentabilité maximale des capitaux ? Mieux vaut un bon grand
supermarché plutôt qu’un lieu autogéré et anticapitaliste sur lequel la
mairie n’a aucun contrôle, pas vrai monsieur Arias ?

{Un ex-squatteur de la Charade, toujours squatteur, à Grenoble, le 28
février 2004}