ARTICLE PUBLIE DANS RACAILLES n°64 (fanzine militant à Caen – oct-nov 2012)

Le changement c’est pas vraiment pour maintenant. La politique extérieure de la France est là pour témoigner sur la continuité. La fièvre belliqueuse qui s’est aggravée en Occident depuis 2001 avec une chasse effrénée et tout azimut aux terroristes islamistes devenus prétexte à presque toutes les interventions armées occidentales de ces 10 dernières années ne semble toujours pas étanchée, bien au contraire.

A l’heure où nous écrivons (début octobre 2012) le spectre d’une intervention en Syrie et au Mali est sur le point de se matérialiser. Alors que les médias se focalisent sur la situation syrienne; l’affaire semble être déjà réglée en ce qui concerne le Mali et l’intervention armée entérinée par les politiques et sans doute aussi par une large frange de l’opinion publique. Cet élan guerrier rappelle les interventions françaises en Côte d’Ivoire ou encore au Tchad en 2008-2009. des « théâtres d’opérations » comme disent les militaires où l’armée française était intervenue pour maintenir au pouvoir des dictateurs amis de la France, comme Idriss Déby (reçu par Hollande fin novembre) ou pour placer à la tête du pouvoir le poulain Ouattara (reçu à l’Elysée en juillet dernier) qu’un scrutin plutôt obscur avait déterminé comme le victorieux à la présidence de la Côte d’Ivoire. Mais pourquoi ces interventions militaires en Afrique suscitent-elles si peu d’intérêt voir d’émoi auprès de la population ? Faut-il y voir un relent de colonialisme mal digéré?

Situation dans le nord Mali
La situation dans le Nord Mali reste très préoccupante, mais sa complexité réelle met à mal le manichéisme vers lequel les médias français veulent plonger l’opinion publique. L’unité s’est opérée entre les groupes extrémistes et terroristes islamistes d’AQMI (Al-Qaida au Maghreb Islamique), MUJAO (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest ), Boko Haram (« L’éducation occidentale est un péché »), et d’Ansar Eddine, et ces
derniers occupent désormais les grandes villes du Nord-Mali dont Gao et Tombouctou. Après leur victoire à Gao le 27 juin 2012 dernier sur le quartier général du MNLA (Mouvement national de Libération de l’Azawad)1, la situation s’est compliquée pour la rébellion touareg déjà stigmatisée « islamiste » par les occidentaux dès les débuts du mouvement rebelle au début de l’année 2012. Le MNLA ne semble pas pour autant totalement défait même s’il a renoncé à reprendre l’offensive militaire sur les villes du Nord-Mali où la population semble servir de bouclier humain et au sein de laquelle les islamistes n’hésiteraient pas à se dissimuler.

Au sud du pays les militaires à l’origine du coup d’état survenu dès les débuts de l’offensive touareg, en recherche de reconnaissance internationale, ont vu dans cette défaite militaire du MNLA à la bataille de Gao l’occasion de se donner un crédit international en appelant à l’aide au nom de la lutte contre le terrorisme. Dès lors la machine était lancée, les va-t-en-guerre sautant sur l’occasion de partir en bataille – en croisade devrait-on dire – au nom de la lutte contre le terrorisme. Et les combattants islamistes qui, même après réunification de leurs mouvances ne représentent tout au plus que 2000 hommes deviennent 6600 selon une haute autorité française2 portée par la force de l’émoi de la victoire islamiste sur le MNLA. Est-ce à dire que dans ces terroristes, les combattants du MNLA sont allègrement comptabilisés et affublés – aux mêmes titres que les extrémistes religieux – d’ennemis à abattre ? Le pouvoir malien ne s’en cache pas et espère que le feu vert de l’ONU et l’intervention des troupes de la CEDEAO (Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest) lui permettront de reprendre l’avantage militaire sur le terrain. Une drôle de conception de la protection des populations ou du droit des peuples à disposer d’eux même que la France n’hésite pas à ériger comme sacro-saint credo. Un credo dont la elle abuse ailleurs pour justifier ses occupations territoriales jugées illégitimes par la communauté internationale tel qu’à Mayotte par exemple.
S’il est indéniable que la guerre libyenne a libéré des éléments armés et permis une augmentation des armes en circulation dans la région du Sahel, tous les combattants qui servaient dans l’armée de Khadafi n’étaient pas des islamistes. Les touaregs du MNLA sont avant tout des combattants réclamant un territoire sur lequel ils vivent et se sont soulevés par opposition à la répression dont ils sont victimes depuis des décennies.

Les otages
La situation dans cette région africaine reste néanmoins complexe pour la France. En effet, comme rappelé assez justement par les médias, la France compte au moins 7 otages dans la région, tous enlevés par AQMI et la plupart travaillant pour AREVA sur les sites d’exploitation de l’uranium au Nord Niger. Alger compte aussi au moins un otage détenu par les islamistes. C’est à la lumière de ce contexte et de l’échec des ses tentatives de libération des otages3 que la France tente de mettre en avant ses…
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