EN CHEMIN VERS LA CONVENTION NATIONALE
CONVOCATION URGENTE ADRESSEE A TOUTE LA NATION MEXICAINE

Enrique Peña Nieto ne doit pas être président, parce que :

1. Le processus électoral a été vicié depuis des années. Durant 6 ans une campagne télévisée financée en millions de pesos sur les fonds publics a été réalisée afin de promouvoir Peña Nieto jour après jour, et ainsi, de piéger et influencer l’opinion publique.

Des programmes gouvernementaux ont été utilisés pour acheter les votes en échange de « faveurs » comme la dotation de crédits pour l’agriculture, de programmes alimentaires, de programmes d’aide aux mères qui travaillent, d’appuis économiques afin de construire son logement, etc. Des ressources publiques ont ainsi été détournées dans plus de 20 Etats du pays par les gouverneurs du PRI [Parti Révolutionnaire Institutionnel], et une
multitude de présidents municipaux et de commissaires d’ejido . A tout cela il faut ajouter le large dépassement des frais de campagne électorale autorisés et le vote corporatiste de la part des syndicats et des corporations « jaunes » (SNTE, PEMEX, FSTE, CNOP, etc.), ayant obligé les travailleurs à voter sous la contrainte. Tout cela a conduit à une élection en faveur du candidat priiste. Et pour conclure avec la cerise sur le gâteau, s’y ajoutent toutes les irrégularités produites le 1er juillet durant l’élection : urnes ouvertes à la moitié du processus électoral, donations d’argent en échange de la photo du bulletin, vol d’urnes, bulletins manquants dans les urnes spéciales, menaces exercées sur les observateurs citoyens, répartition de cartes d’achat Monex et Soriana profitant de la nécessité des gens, et bien plus d’anomalies encore, que nous citoyens avons vécus.

L’Institut Fédéral Electoral était au courant de tout ce qui a été mentionné précédemment, et dans les faits, s’est converti en complice de la prétendue imposition de Peña Nieto à la Présidence. Le processus électoral n’a pas garanti un vote libre, raisonné et informé. L’imposition à la présidence de la République de Peña Nieto et du régime priiste qu’il représente a été décidée et planifiée depuis longtemps et on prétend aujourd’hui la mettre en œuvre.

2. Le PRI est le responsable de l’instauration du néolibéralisme dans notre pays et Peña Nieto promet de continuer sur cette ligne.

Sous mandat des organismes internationaux et sous l’impulsion [des anciens Présidents] Miguel de la Madrid, puis de Carlos Salinas, le néo-libéralisme a été imposé au Mexique depuis plus de 20 ans par tous les présidents du PRI et du PAN, au travers de la privatisation de pratiquement toutes les entreprises publiques, au travers du Traité de Libre Echange qui a abouti à la dévastation des campagnes, à la mise à disposition des ressources naturelles (eau, terres, forêts), à la spoliation des villages et des communautés indigènes, à la mise à disposition du territoire aux entreprises minières, à l’extermination de la diversité culturelle et biologique, l’attaque à l’éducation intégrale, aux avancées dans la privatisation de l’éducation et de la santé, et à la mise à disposition de la banque aux secteurs privés qui l’ont pillé, avant d’être « sauvés » par les fonds publics, ce qui provoqua les crises de 1988 et 1995 ; faisant couler des millions de mexicains dans la pauvreté, en échange de l’enrichissement d’une poignée de grands chefs d’entreprises nationaux et étrangers ( les véritables maîtres du pays, dont les gouvernements sont les serviteurs). Une ligne poursuivie durant les douze dernières années par les gouvernements du PAN.

Peña Nieto promet de continuer sur cette voie, à travers l’annonce de « l’ouverture » (c’est-à-dire la privatisation) de PEMEX et de la CFE au privé ; une réforme fiscale et l’augmentation conséquente de la TVA sur les médicaments et les aliments de première nécessité ; et la réforme du droit du travail, entraînant la légalisation de la spoliation de tous les droits des travailleurs.

En résumé, Peña Nieto promet de continuer à piller la nation et de nuire à toute la population au bénéfice de ses chefs, quelques-uns d’entre eux multimilliardaires.

3. En revenir au vieux régime priiste répressif et autoritaire est un retour en arrière de l’histoire.

La corruption, l’imposition, la violence d’Etat, le gouvernement au service du narco, la violation des droits humains, le mépris et l’abus comme principes politiques, les massacres de 1968, la répression des « halcones » en 1971, [les massacres d’] Acteal, Aguas Blancas et El Charco : des pratiques ayant conduit au rejet du PRI, que Peña Nieto promet de remettre au goût du jour et d’approfondir. C’est ce qu’il met en lumière en revendiquant avec orgueil l’opération d’Atenco qui conduisit à la mort de deux jeunes assassinés et à des dizaines de femmes violées ; quand il présente comme son nouveau conseiller en matière de sécurité à Oscar Naranjo, expert colombien dans la création de groupes paramilitaires, assassinats et disparition de citoyens, expert dans le combat à un cartel du narco pour céder ses « places » à un autre cartel de la drogue. Il montre ainsi que la guerre initiée par Calderon [Président du Mexique toujours en exercice], va continuer et s’approfondir, avec pour
conséquences l’assassinat de civils innocents, ainsi que les féminicides à Ciudad Juarez et dans l’Etat de Mexico, l’assassinat de journalistes et la répression des mouvements sociaux.

Pour tout ce qui a été exposé antérieurement, la commission promotrice de la Convention Nationale convoque toute la population à serrer les files, et lancer toutes nos forces dans la lutte qui se donne pour objectif d’empêcher que soit avalisé l’imposition de Peña Nieto à la Présidence.

Nous convoquons tout le monde à se réunir immédiatement en assemblées ou au sein des organisations pour discuter de que faire face à cette imposition et comment. Ceci en cherchant la transition, depuis une participation citoyenne restée apathique et passive durant plusieurs années, à une participation consciente en vue d’un exercice démocratique. Que le peuple du Mexique qui a vu ses droits constitutionnels violés assume la volonté de participation à cette invitation qui cherche une justice pour tous les secteurs de la population :

NOUS CONVOQUONS
Toutes les organisations et les mouvements sociaux, les étudiants, les professeurs, les syndicats, les travailleurs et les employés, les paysans et les ejidatarios, les migrants, les habitants des quartiers, les indigènes et toute la population à la

CONVENTION NATIONALE
Qui se réalisera les 14 et 15 juillet 2012 à San Salvador Atenco, avec pour ordre du jour :
1. La lutte contre l’imposition
2. La structure organisationnelle et la construction de la Convention Nationale
3. Le Programme de Lutte

Convention Promotrice de la Convention Nationale

NOTE :

L’ejido est un système de gestion collectif de la terre regroupant en général de quelques dizaines à quelques milliers d’ « ejidatarios », qui se réunissent régulièrement en assemblée générale pour prendre des décisions collectives (travaux, chemins, puits, aides agricoles, etc…), et élisent tous les 3 ans un commissaire d’ejido, un secrétaire et un trésorier, qui peuvent normalement être destitués par l’assemblée. Malgré ces règles de fonctionnement exemplaires, issues de la Révolution mexicaine du début du 20e siècle et du programme agraire promu par Emiliano Zapata, dans la pratique les commissaires d’ejidos ont ensuite souvent été cooptés par le PRI au travers de son syndicat, la Confédération Nationale Paysanne (CNC), ou bien imposés par les autorités agraires. Depuis 1992 et l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange nord-américain en 1994, l’Etat mexicain cherche à faire peu à peu disparaître les ejidos au bénéfice de la propriété privée des terres. Dans de nombreuses régions rurales et indiennes du Mexique, l’ejido continue cependant à être l’une des instances sociales et politiques centrales de la vie paysanne.

Communiqué antérieur d’Atenco au sujet des élections présidentielles :

Aux jeunes et aux étudiants
Aux indigènes, paysans et ouvriers
A tous ceux qui sont prêts à lutter pour un pays meilleur
Au peuple entier

Nous adressons un appel urgent afin de continuer à nous organiser pour construire un pays meilleur où la vie démocratique soit respectée. Il est évident que se prépare l’imposition d’Enrique Peña Nieto [à la Présidence] et que lui donneront leur aval l’Institut Fédéral Electoral et tous ceux qui aujourd’hui maintiennent le pouvoir en place, comme les chaînes de télévision, les institutions gouvernementales ainsi que le groupe Atlacomulco, car ce sont eux qui cuisinent cette imposition et eux qui légitimeront la manipulation des médias et qui donneront le coup d’envoi pour diminuer les libertés démocratiques dans ce pays.

Ces élections nous montrent que le système néo-libéral dans lequel nous vivons – ou bien plutôt dans lequel ils nous ont fait vivre, parce que jamais nous n’avons été consultés pour savoir si nous le voulions ou non-, que c’est un système qui n’est pas fait pour le véritable changement que nécessite le peuple, mais est surtout destinée à valider par courrier la Présidence de ceux qui resteront au pouvoir. C’est un système où l’imposition de force est légitime pour la classe politique, et où la rébellion de notre part est synonyme de délit.

Les manifestations qui se sont organisées ces derniers jours sont la preuve véritable de l’inconformité, du rejet, de l’indignation et l’énervement d’un peuple qui n’est pas prêt à permettre qu’une fois de plus ses droits soient détruits. Ceci est la lutte qui se manifeste contre l’oubli, et contre toute la structure politique que représente le PRI, les médias compris. Nous nous n’oublions pas ce qui a eu lieu à Atenco, et nous ne pardonnerons jamais à ceux qui ont violé nos communautés, quand ils cherchaient à nous déposséder de nos terres. Cette lutte que nous avons mené durant neuf mois en 2001 et 2002 et que nous avons gagné grâce à la décision et la solidarité du peuple, fut la raison pour laquelle nous fûmes réprimés en 2006, parce que nous n’avons pas permis l’imposition du projet et les millions qu’un petit nombre de personnes comptait en retirer. Aujourd’hui, la menace de spoliation est toujours là, déguisée sous les habits de CONAGUA (Commission nationale de l’eau), car ce sont eux le nouveau visage du capitalisme institutionnel qui s’approprient et exploitent systématiquement les ressources naturelles appartenant au peuple. Aujourd’hui c’est ce qu’ils pratiquent dans les ejidos d’Atenco, fermant les puits, sachant bien leur rôle vital, et rendant chaque fois plus difficile la culture des champs. Cela, c’est l’autre face de la spoliation que nous ne les laisserons pas mettre en œuvre.

La spoliation, la répression, l’intolérance, les privatisations et l’inégalité, telles sont les formes que tentera d’utiliser ce nouveau représentant du Néolibéralisme, et où petit à petit nous perdrons nos libertés. Il est nécessaire d’empêcher l’imposition d’un assassin et d’un violeur, qui s’enorgueillit d’avoir ordonné la répression contre notre village. C’est indignant de voir Peña Nieto se présenter comme le visage du changement, alors que l’impunité lui est toujours accordée pour les faits des 3 et 4 mai 2006 et tout ce qu’a généré l’Etat de Mexico, parce qu’il n’y eu ni justice pour les femmes violées, ni pour les plus de 200 détenus qui furent incarcérés et torturés, puis condamnés à des peines allant jusqu’à plus de 100 ans de prison, alors que les policiers tortionnaires ont profité d’une impunité totale et que personne n’a été condamné. Cela, c’est ce qui a été nécessaire pour « rétablir l’ordre » dans notre village, parce que le dialogue n’a jamais été recherché, et parce qu’aucune autre alternative n’a été ouverte pour résoudre les exigences, alors qu’un accord antérieur avait été trouvé, que l’Etat viola en envoyant ses « forces de l’ordre ».

Cela, c’est le véritable Peña Nieto, qui dans sa recherche d’alternatives pour résoudre les conflits sociaux, mettra toujours au-dessus de toute autre considération la police, la répression et l’absence de dialogue.

Nous ne nous fatiguerons jamais de dénoncer l’assassin, celui qui a les mains rouges du sang versé sur notre place publique. Cette place que, malgré tout, nous avons rempli de la victoire et de la solidarité, parce que malgré ce qu’il nous a fait, nous nous n’avons jamais baissé les bras et nous ne les baisserons jamais jusqu’à ce que justice soit faite. Nous savons que la justice ne viendra pas d’eux, des politiciens, mais que la justice, ce sera le peuple qui la rendra. Ils nous ont roués de coups mais ne nous ont jamais vaincus. Nous leur disons que, quel que soit celui qui restera sur le siège présidentiel, nous continuerons à lutter contre toute injustice commise dans nos villages, et que nous continuerons à construire l’organisation d’un pays où, reprenant l’exemple de nos frères zapatistes, « le peuple commande et le gouvernement obéit ».

Nous convoquons à une mobilisation nationale à partir du 2 juillet prochain, afin d’établir une Convention Nationale à San Salvador Atenco afin de continuer à construire ce projet de nation qui puisse bénéficier dans son essence à tous les secteurs de la société, où soient écoutées toutes les voix qui conforment notre nation, que se fortifient la
discussion et les actions qui ne doivent pas se limiter au terrain électoral, mais bien plutôt aller au-delà. La construction du changement réside dans le peuple et non dans les gouvernements qui ne sont que des marionnettes du système en place au pouvoir.

¡Zapata vive, la lucha sigue!
¡La patria no se vende, se ama y se defiende!

Front des villages en défense de la Terre

Atenco, juin 2012.

NOTE. Le « groupe Atlacomulco » est un groupe d’hommes d’affaires et de dirigeants priistes issus de cette petite ville de l’Etat de Mexico, d’où est également originaire Enrique Peña Nieto. Notamment actifs dans l’immobilier, la construction publique et les transports, le fonctionnement mafieux du « clan » leur a permis de prendre le contrôle de l’appareil politique de l’Etat de Mexico (le plus peuplé du Mexique), et aujourd’hui peut-être, de la Présidence. Hank Gonzalez, considéré comme l’ancêtre du clan, est resté célèbre pour cette petite phrase : « Un politicien pauvre est un pauvre politicien ».