LES HOMMES QUI OPPRIMENT LES FEMMES
NE PEUVENT PAS ÊTRE LIBRES !

Le tour du monde de la condition féminine est un calvaire dont presque chacune des étapes est une abomination. Femmes afghanes que les soi-disant « libérateurs » laissent encagées sous leurs burquas, mômes des Philippines, de Thaïlande et d’ailleurs livrées, pour quelques dollars, aux délires bestiaux de « touristes » cinglés, femmes irakiennes survivantes de trois guerres et de dix ans d’embargo maintenant menacées d’une dictature intégriste tatillonne, femmes tchétchènes martyrisées et violées par la soldatesque russe, femmes africaines excisées, infibulées, infestées du sida par millions, fillettes chinoises étranglées à leur naissance, femmes indiennes livrées comme esclaves à la famille de leurs maris, femmes ukrainiennes ou biélorusses jetées sur les trottoirs de toute l’Europe par des maffias de maquereaux cupides, femmes algériennes et de partout, héroïques de survivre à la barbarie, et d’essayer de faire vivre, au travers des enfants, le monde de demain.
Même si tout est loin d’être parfait en France et dans quelques pays développés, on n’en est plus là… mais c’est assez récent ! Car les traditions religieuses ou patriarcales qui maintenaient les femmes sous l’oppression brutale des hommes ont la peau dure. Les femmes -et avec elles les moins arriérés des hommes ont dû combattre, conquérir un à un tous les droits qui font d’elles, sur le papier du moins, des humains à part entière : manifestations, action des associations féministes et des partis politiques progressistes, la conquête de leurs droits a été un long et rude combat… qui n’est pas fini !
Des progrès ont été faits, mais… les femmes restent en France moins payées que les hommes même à qualification égale, plus souvent chômeuses ou employées à temps partiel non désiré, sous représentées ou carrément absentes des lieux où se prennent les décisions (direction des entreprises et des partis, parlement, gouvernement). Les habitudes et les comportements hérités de traditions millénaires d’exploitation restent enracinés : elles sont souvent, au quotidien, celles qui, en plus de leur activité professionnelle, se farcissent l’essentiel des tâches ménagères, s’occupent des enfants, se retrouvent seules avec eux quand les couples volent en éclats, se lèvent pour les malades, veillent les mourants. Un milliard et demi de tâches exténuantes et vitales sans lesquelles la vie qui n’est déjà pas très belle serait plus laide encore.
Elles se retrouvent, en outre, depuis quelques années, prises entre deux images d’elles-mêmes aussi détestable l’une que l’autre : la pute ou la sainte. Celle qu’on affiche, quasi nue ou en string, pour faire fantasmer les petits mâles et leur vendre des bagnoles ou des voyages. Et, dans les quartiers, celle (l’épouse, la sœur, la mère), qu’on couvre de la tête aux pieds, à qui on interdit de sortir, de voir des amis, de vivre libre en un mot. Qu’on « protège », « surveille », insulte et « punit » en reprenant, sans s’en rendre compte, le langage des proxénètes.
Le combat contre le machisme et les machos est un combat contre l’arriération et la pauvreté. Contre la misère matérielle qui rend violents les rapports entre les gens. Mais aussi contre la misère intellectuelle, morale et culturelle qui réveille des conceptions d’un autre âge… d’un temps où parce qu’on était plus proche de la hache de pierre que de l’Internet et des biotechnologies, la suprématie du gros velu à gros biceps et petit cerveau allait de soi.
Le progrès doit continuer. Mais, en ce domaine les vœux et les prières ne servent à rien : c’est combattre qu’il faut. Défendre pied à pied les droits que les femmes ont conquis. Et peser de toutes ses forces pour que l’égalité entre tous les humains, hommes et femmes, quelles que soient leur origine ou leur nationalité devienne la réalité d’une société sans exploitation, oppression, humiliation. C’est la condition du progrès pour tous. « Un peuple qui en opprime un autre n’est pas un peuple libre ». C’est vrai. Mais ça l’est tout autant des sexes : les hommes ne seront libérés que du jour où l’oppression des femmes aura pris place au musée des horreurs des temps révolus.
MANIFESTATION 6 MARS 2004
14 h. Place de la République Paris
Pour le droit des femmes

La parole est a Souad…
LA VOIX D’UNE ATHEE LAÏQUE
Souad fait partie de la majorité des personnes issues de l’immigration qui refuse de se référer à la sphère religieuse pour vivre ou s’exprimer.
Au Maroc, où elle est née, a grandi et étudié jusqu’au bac, Souad n’avait pas le droit de revendiquer son athéisme. Aujourd’hui professeure de lettres modernes dans un lycée des Hauts-de-Seine, elle refuse qu’on la désigne comme  » musulmane  » par le simple fait qu’elle vient d’un pays du Maghreb. Cette syndicaliste de la FSU, issue d’une famille pieuse, « très ouverte », ne renie aucunement l’islam, une culture pour elle, plutôt qu’une pratique religieuse.
« C’est un retour en arrière. Dans les années quatre-vingt, jamais, mais vraiment jamais la question religieuse ne se posait pour les jeunes filles que nous rencontrions dans le cadre de l’association les Nanas beurs. Quel que soit son milieu social, même le plus pauvre, aucune ne mettait en avant la religion. Il y avait parmi elles des athées, des pratiquantes, celles qui fréquentaient la mosquée. Mais, dans cette association où passaient des centaines de femmes, le questionnement n’était pas d’ordre religieux. Elles avaient une seule et même revendication : comment, en tant que personne issue de l’immigration, obtenir un statut de citoyenne en France. Aucune référence à un quelconque communautarisme. Le souci premier des parents était la scolarité de leurs enfants. Arrivés comme futurs exploités dans les usines, ils ne voulaient pas que leurs mômes, garçons et filles, connaissent ce parcours.
Vingt ans plus tard, nous subissons une violente régression. Dans la cité populaire où j’habite, à l’image de beaucoup d’autres, les interventions associatives, politiques ou syndicales ont petit à petit disparu, laissant place à un désert politique et idéologique. Le chômage et le racisme ont entraîné un repli des enfants d’ouvriers, Français « de souche » ou originaires du Maghreb.
Je viens du Maroc, et je suis athée. La précision s’impose dans la mesure où, en France, l’idéologie dominante voudrait que toute personne issue du Maghreb soit forcément musulmane. Il est tout de même paradoxal de cultiver ce lieu commun dans un pays où chacun et chacune a le droit de croire ou pas. Nous sommes très nombreux et nombreuses en France à ne pas nous référer à la sphère religieuse pour vivre ou pour nous exprimer. Mais comme nous sommes une majorité silencieuse, c’est sans doute aussi pour cette raison que l’on a une vision complètement déviante sur la population originaire du Maghreb. L’islam est une culture, pas seulement une pratique religieuse. »

La parole est à Monique…
FEMMES EN INDE
La vie de Rena, une jeune femme rencontrée à Madurai (province du Tamil Nadu), dans un orphelinat où elle est surveillante bénévole mais très motivée. Elle s’en est fait virer car trop proche des européens de passage. Elle m’accueille dans un anglais chaleureux.
Ses parents sont malades donc sans revenus, son frère n’assure pas financièrement ses responsabilités vis à vis d’eux…
Rena est mariée. Mariage arrangé, bien sûr. Son mari travaille à Munbai mais quand on se connaît mieux, elle m’avoue être battue. Il a dépensé sa dot et mis en gage tous ses bijoux (accessoires très importants ici) et bien sûr, elle subit des violences sexuelles conjugales (elle n’avait reçu aucune information avant le mariage !) Ses parents l’incitent à divorcer. Pas pour son bien mais pour récupérer l’argent qu’elle peut gagner !
Rena n’est qu’un exemple de la condition des femmes ici qui, bien qu’en évolution, reste très difficile.
– La naissance des filles est un problème pour les familles car sans garçon qui prendra soin des parents après leur mariage ? Les familles, parfois, n’hésitent pas à tuer l’enfant. Aujourd’hui les dépistages du sexe du fœtus sont interdits et punis pour empêcher ces meurtres. La scolarisation des filles est souvent interrompue pour qu’elles servent leur famille et leurs frères.
– Dans le mariage, après des négociations autour de « l’arrangement », la femme devient l’esclave du mari et de la belle mère. De plus, souvent, quand « l’arrangement » est conclu, juste avant la fête, les familles des garçons réclament ou exigent (violemment parfois) de fortes sommes d’argent en « compensation de l’éducation donnée au futur mari ». La famille de la fille se trouve alors prise au piège : payer la dot ou annuler la fête (fortes sommes déjà engagées pour 200 à 300 personnes), endettement garanti pour de longues années.… Pour limiter les frais de dot, certains mariages se font entre nièce et oncle : l’argent reste dans la famille !
De plus si l’entente n’est pas bonne avec la belle famille il se produit souvent des « accidents » dans les cuisines… On rencontre de nombreuses femmes brûlées à Calcutta !
– Après l’accouchement, la femme revient chez ses parents pendant deux mois : elle est impure et donc ne peut pas rester auprès de son mari.
– Incitation à la stérilisation au deuxième enfant.
– Pas de femme seule dans les trains, ni dans les restaurants. Dans les bus un côté est réservé aux femmes, gare à l’imprudent qui se trompe !
– Aucune information sexuelle, ce qui entraîne des découvertes souvent traumatisantes….
Ce tableau est encore actuel, pourtant j’ai constaté quelques évolutions depuis mon premier voyage il y a quelques années :
– Des cheveux courts et de vêtements « qui découvrent les épaules ».
– Vu une femme conducteur et des femmes contrôleur de bus.
– Scolarisation féminine en progrès.

JOURNEE INTERNATIONALE DES FEMMES
MANIFESTATION 6 MARS 2004
14 h. Place de la République Paris
POUR LE DROIT DES FEMMES,
L’EGALITE, LA MIXITE