Le «_Radeau_» ouvre ses portes, durant une période qui sera comme à son habitude marquée par le jeu quinquennal des calculs politiques, de la petite ritournelle des sondages et les habituels beaux discours et fausses polémiques. Nous ne voulons pas une nouvelle fois subir cette période mais y trouver une place. Pour qu’au grand jour, on puisse partager des bribes de luttes, de pratiques et de modes de vie. Nous ne voulons pas que les prochaines semaines se résument à aller déposer à la va-vite un bulletin dans une urne. Cette ouverture est un moment pour parler politique, en se débarassant du sentiment de n’être que spectateur du grand événement national.
Nous souhaitons durant ces trois semaines revenir sur des luttes qui marquent ou ont marqué l’actualité locale. Luttes menées par les chômeurs contre l’isolement imposé par Pôle Emploi, luttes des sans-papiers (sur les questions de logement au cours des derniers mois), lutte contre la fermeture du centre de planification de Kerigonan ou celle en devenir contre la centrale à gaz qui doit se construire à Landivisiau. Brest, la dite métropole océane, s’apprête à se draper de ses plus beaux vêtements pour les fêtes nautiques et à danser aux vibrations du tramway. Pourtant, nous voyons une ville où on ne peut plus coller des affiches qu’aux maigres endroits autorisés, sous peine de verbalisation, et lorsqu’on arrive à sortir de ce chemin bien tracé, les équipes municipales s’empressent de tout nettoyer. Une ville où les CRS, depuis quelques semaines assainissent l’axe Siam-Liberté-Jaurès à coups de contrôles au facies. Une ville où il devient difficile d’accéder gratuitement à des lieux où organiser des discussions, des concerts ou des bouffes.
Ailleurs aussi, il existe des mouvements de résistance contre l’isolement et la dépossession de nos choix de vie. Les occupations de Pôles Emplois par des comités de chômeurs se sont multipliés les derniers mois partout en France. Dans des territoires comme la manche ou la région nantaise, des individus se mobilisent contre les grands projets d’aménagement du territoire. A Rennes, après avoir squatté un lieu nommé «_Maison de la Grève_» durant le mouvement contre la réforme des retraites, ses participant-e-s ont choisi de louer collectivement un lieu pour continuer. Quelques découvertes de ces luttes viendront agrémenter l’occupation, pour se nourrir de leurs expériences.
Trois semaines où s’enchaineront lectures, projections ou «_grandes_» discussions, où nous pourrons dialoguer sous diverses formes, sur des questions de genre, de psychiatrie, de la place des mineurs.
Des temps de découvertes et d’échanges de savoir viendront par ailleurs agrémenter les trois semaines avec des ateliers pratiques tels que l’imprimerie typographique ou la sérigraphie qui côtoieront des ateliers artistiques. De plus, il y aura des moments festifs avec des concerts et de bouffes collectives. Enfin les assemblées générales seront l’occasion de discuter des propositions pour la vie du lieu.
Cette expérience se veut éphémère, calquée sur le calendrier électoral. Un pari que nous faisons de se dire qu’une telle aventure ne pourra que nourrir les imaginaires, être l’occasion de moments de rencontres, où l’expérience d’une lutte pourrait nourrir une autre en devenir.