La catastrophe nucléaire au Japon serait résolue. Catastropher,
liquider, évacuer, réhabiliter, banaliser :
autant d’épisodes d’un feuilleton destiné à nous
faire oublier Fukushima. Autant de chapitres de ce livre
pour défaire les mensonges des États nucléarisés.
« Je ne veux plus y retourner. Là-bas, la vie a été effacée »,
explique une grand-mère japonaise qui a fui la zone
contaminée. La catastrophe dans laquelle se débattent les
Japonais n’est pas seulement un aperçu de ce qui nous attend
partout ailleurs, c’est aussi le miroir grossissant de
notre condition présente, celle de prisonniers d’un monde
clos. Chaque foutue aspiration à la liberté se cogne aux
murs des installations nucléaires, se perd dans le temps infini
de la contamination.
Quelle existence reste-t-il à mener avec un dosimètre autour
du cou ?
De Tchernobyl à Fukushima, du Japon à la France, des
textes, des récits, des documents.
Pour contribuer à l’histoire immédiate du désastre nucléaire.
Pour nourrir quelques esprits qui refusent de se résigner.

Arkadi Filine
Ni héros, ni martyr, Arkadi
Filine est l’un des
800 000 liquidateurs de
Tchernobyl. Svetlana Alexievitch
lui donne la parole
dans son livre La Supplication.
Pour ce livre, trois personnes
de la génération
Tchernobyl ont choisi d’emprunter
son nom. Elles se reconnaissent
dans son sens de
la dérision, au bord du gouffre,
son attitude désespérée
mais pas résignée.