Et yo!

J’m’inscris en grande partie avec ce qu’a écris Sharlen.

Pour commencer, je tiens à signaler que je ne suis pas opposée à l’outil réu non-mixte (parce que ce n’est qu’un outil, pas une fin en soi). Ainsi, quand dans l’appel il est relevé que « Parce que je ne peux pas toujours parler librement en réunion », je ne peux que m’accorder avec le constat. Je pense, en effet, que cela permets de libérer une parole souvent auto-censuré et/ou vraiment censurée.
Hippo le dis d’ailleurs mieux que moi, le ressenti doit être pris en compte.

Maintenant, dans le cas présent, je trouve que l’outil ne vas pas de paire avec le but affiché. En effet, tout dans cet appel me semble fait pour éviter la contradiction.
Ainsi, l’appel est lancé sur la base du « Le sexisme dans le militantisme » et donc notamment de « dire à nos camarades quand ils nous agressent ». On fera comment pour leur dire à nos camarades? On leur envoie un fax?
Pire, il est dénoncé (et à raison!): « Parce que l’antisexisme dans les statuts, c’est pas l’antisexisme dans la pratique ». Or là, c’est l’hôpital qui se fout de la charité. On ne peut pas, à la fois dénoncer cet état de fait, et vouloir le résoudre par une pratique des plus sexiste. Oui, les réus non-mixte peuvent se révéler pertinentes, mais de fait, c’est aussi une pratique sexiste.

Et je parle même pas du fait que les militants peuvent aussi souffrir de sexisme et que des militantes sexistes, ça existe aussi. Juste pour exemple, Hippo, quand tu dis que « A priori, si des mecs trouvaient que vraiment le sexisme posait problème (en ce moment, face à certaines situations, parce que certain-e-s font chier etc …) , certainement auraient-ils proposer une réu pour en parler. » C’est pour moi un raccourcis dangereux. Dans ce cas là, tous les thèmes qu’on aborde pas dans le militantisme on s’en fout? Ainsi, le fait qu’il y est peu d’enfants d’immigrés dans nos rangs est politiquement hyper intéressant et j’aime à croire que je suis pas la seule à m’y intéresser. De là à penser que vous vous en foutez parce qu’il n’y a pas de réus sur le sujet, c’est un pas que je ne franchirais pas.

D’ailleurs, pour moi ton « argument », « Rhaaaaa ! » est super fallacieux: « Et puis la prochaine réu entre noir.es, on invite des blanc.hes – illes ont un point de vue si intéressant. « . Déjà, on peut considérer que les réus communautaire quelles qu’elles soient ne soient pas politiquement pertinentes. C’est pas parce que des noirs l’ont fait (le font?) que c’est en soi un bien. Oui, des blancs peuvent avoir un point de vue super intéressant. C’est le principe même de solidarité. C’est pour ça que le truc sur les patrons, c’est pas du tout sur la même échelle.
On peut aussi trouver qu’essentialiser une partie de sa personne est politiquement dangereux. En tant que noire, je ne milite pas pour les réus qu’entre noirs. Il faut pouvoir entendre la même chose, je pense, quand on aborde la question des réus non-mixte.

Mais bref! Les réserves que j’ai sur cet appel ne concerne à la limite pas les réus non-mixte. C’est un débat à part (à mener en live?).

Non, le fond de mon malaise concerne plus le reste de l’appel qui me semble tendancieux et, pour le moins, maladroit.

Il est tendancieux:
* « Parce qu’on connaît toutes des violeurs, mais qu’on ne dit pas qui c’est et que ça les protège ». Non, déjà on ne connait pas TOUTES des violeurs. La réu est posée pour aborder les problèmes de sexisme dans le militantisme, pas en général. Je me sens insultée car quoi que tu en dises Rhaaaaa !, je ne protège pas de violeurs par mon silence. Tout simplement parce que j’en connais pas. Et oui, je suis persuadée que si par malheur c’était le cas, je ne la fermerais pas. Chui pas choquée par le fait que le sujet du viol soit abordé, là ou je ne suis pas du tout d’accord c’est sur les généralisations crétines de ce types. C’est un procès d’intention qui est fait.

Il est maladroit:
* « Parce que quand tu es trans, tu es souvent invisibilisée » On ne peut que s’accorder sur le constat. En revanche là où ça devient tordu, c’est sur l’incohérence de cette phrase dans cette appel. C’est une réu non-mixte. Les male to female peuvent entrer librement mais pas les female to male? Les deuxièmes ne souffrent pas de discriminations? Elle est où la frontière? De même; les gars homosexuels souffrent aussi de joyeux épithètes sur leurs orientations sexuelles. Là ce n’est pas seulement lié au genre.

Pour finir, je voudrais revenir sur la question de l’humour: « Parce que je n’ai pas d’humour si je ne ris pas aux blagues sexistes ».
Ha ça, on ne peut pas rire de tout avec tout le monde et on a pas toutes et tous le même humour. Le truc c’est qu’il faut être cohérent. Si une blague sexiste indigne, il faut qu’il y est une même indignation pour les blagues sur les feujs, les gros et autres catégories à blague méchante. J’veux bien admettre que les blagues sexistes sont légion dans le militantisme. Par contre, l’indignation sélective ça va. Y’a pas plus de blagues sexistes que de blagues en autres « iste ».
Cette question, qui à mon sens est le fond du problème, je propose qu’on l’aborde en live. Soyons folles et fous! Je propose même qu’on l’ait en réu mixte, le dimanche suivant celle ci (soit le 8).