Dans le bocage, la rage s’en vient…

Le gaz lacrymo est projeté sur nos visages; les gendarmes profitent de nos nausées naissantes pour nous séparer les uns après les autres. Peine perdue, notre envie de résistance sera plus forte que leur démonstration de force viriliste appuyée par leurs instruments de violence légitimé !
En s’accrochant aux camarades qui se font trainer sur le bitume, en louvoyant entre les gendarmes pour mieux revenir nous asseoir sur la route, nous donnons surement l’impression d’être une masse informe sans cesse en mouvement.

Mais vu de l’intérieur, nous sommes une force collective qui montre sa solidarité et sa rage face à un conglomérat public/privé qui nie notre droit à l’auto-détermination ! Et nous réussirons à donner pas mal de fil à retordre aux gendarmes,et à perturber quelque peu la petite promenade matinale du juge des expropriations (sous bonne escorte toutefois, la peur changeant parfois de camp !)

Tout au long de la matinée, à un peu plus d’une cinquantaine, sur les centaine-e-s d’opposant-e-s à l’aéroport présent-e-s, nous érigeons barricades improvisé-e-s, courrons autour du convoi pour mieux les harceler, nous couchant sur la route ou avançant en piétinant pour mieux les freiner.
En restant uni-e-s, nous obligerons le convoi à reculer/faire demi-tour par de nombreuses fois.

Les gendarmes, par leurs coups de genoux en traitre et par leurs charges pour nous jeter dans le fossé, n’auront pas atteint le but de nous fatiguer. Nous ressentirons essentiellement leur fatigue et leur haine accumulée par la violence progressive de leurs interventions.

La réjouissance sera cependant mitigée pour pas mal d’entre nous.

Oui, nous avons réussi à retarder la visite du juge des expropriations aux propriétaires et à leurs terrains. Mais nous n’avons cependant pas pu empêcher ce magistrat d’exercer sa procédure mortifère, malgré notre spontanéité et notre mobilité tout au long de la journée.

Et si nous pouvons être un peu fière-e d’avoir, à un petit nombre, montré notre force collective et notre détermination (ce qui ne s’était guère reproduit depuis la journée du 5 juin contre des forages sur la ZAD), nous n’étions sans doute pas assez organisés et nombreux pour faire abandonner au juge et son escorte (dont jeeps militaires) leur promenade illégitime.

Ces limites sont pour la plupart indépendants de notre fait.

Ainsi, la plupart des propriétaires ou membres d’orgas/partis présentes ne se sont jamais couchés en face des véhicules. De même aucune et moindre tentative de freiner la marche de l’escorte du juge n’a été effectuée (des propriétaires ont de plus exprimé leur mécontentement par la suite, face à notre volonté d’empêcher le juge d’effectuer sa ronde policé ! Vive l’esprit de résistance…).
Certain-e-s habitant-e-s du coin et des environs viendront cependant nous soutenir en nous rejoignant, ce qui nous apportera pas mal de sourires et de joie.

Concernant l’appel au rassemblement de soutien aux propriétaires, certains faits posent aussi à interrogation.

L’appel, qui est l’origine de l’ACIPA, n’a été inscrit que le dimanche sur l’agenda de la principale association de lutte contre l’aéroport. Le même jour un petit article de ouest torche mentionnait le rassemblement du mardi.
Nous sommes habitués à la mauvaise communication de l’ACIPA pour des actions ponctuelles ou de dernière minute, mais la manière dont elle a communiqué sur ce rassemblement n’a pas du tout permis de réunir toutes les énergies militantes et de se préparer au mieux.
D’ailleurs, si un membre du CLCA n’avait vu pas l’info sur l’ agenda de l’ACIPA, aucun appel n’aurait circulé sur les listes mails ou sur le net (appel qui a circulé à partir du dimanche). L’ACIPA n’ayant publié par la suite qu’un tiède appel sur l’agenda d’indymedia nantes.

La plupart des occupant-e-s de la ZAD, pourtant en lien avec l’ACIPA, ne seront prévenus que la veille du rassemblement par l’association (lors d’un débat sur la lutte au Larzac; d’autres militant-e-s l’apprenant aussi par ce moyen).

Nous espérons que l’ACIPA saura par la suite diffuser clairement et sans rétention des infos qui concernent toutes/tous celles/ceux qui se sentent concerné-e-s par la lutte, et particulièrement sur des événements qui permettraient de stopper le processus du projet (les recours juridiques que déposent régulièrement la coordination des opposant-e-s et l’ACIPA, depuis 10 ans, n’ayant à ce jour débouché sur aucune petite victoire).

La victoire sur ce projet, mais aussi contre le bétonnage des terres et le diktat sur nos choix de vie collectifs, ne se fera qu’avec une véritable solidarité !

Le juge des expropriations, ou fossoyeur de vies rurales, croit nous impressionner avec ses chiens de garde. Il n’a fait que renforcer notre rage contre l’occupation militaire de la ZAD, et contre le processus d’expulsion de toute vie de la zone du projet d’aéroport !

Le projet d’aéroport ne passera pas ! Nous sommes déterminé-e-s à ne pas les laisser décider de nos vies !

Rejoignez-nous sur le terrain de la lutte !

Un membre du collectif de lutte contre l’aéroport de NDDL

Petit point de situation à propos des expropriations et du projet :

Sur la Zone du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes, plus d’une cinquantaine de propriétaires fonciers auraient résisté au procédures d’acquisition à l’amiable, procédures initiés-e-s ces derniers mois par la multinationale Vinci. Sur les 1600 hectares concerné-e-s par ces procédures (sans compter les terrains qui seraient bétonnés autour du projet si il se réalisait), il manquerait 350 hectares au groupe Vinci pour lancer les travaux.

Le juge des expropriations, chargé des mesures d’expulsions, devra se rendre à plusieurs reprises sur la ZAD au cours du mois de février pour rencontrer les propriétaires récalcitrant-e-s, et évaluer le prix des terrains qu’elles/ils possèdent.

Les autorités publiques n’ont pour habitude de décevoir leurs amis du privé, comme le montrent la politique des PPP en matière de projets urbanistiques (le projet d’aéroport de NDDL figurant dans le lot). De plus, les procédures d’expulsions seront opérés et devront être assumés par la force publique, et ce à la demande de Vinci. Mais c’est sans compter sur notre résistance qui les en empêchera !