A L’OPINION PUBLIQUE NATIONALE ET INTERNATIONALE, AUX PEUPLES INDIGENES DU MEXIQUE, DE MORELOS, D’OAXACA ET DU CHIAPAS, A M. VICENTE FOX QUEZADA, PRESIDENT DES ETATS UNIS DU MEXIQUE,

Durant ces dernières semaines, nous avons constaté une vague systématique de violence et de répression contre les communautés indigènes de diverses régions du Mexique. Le Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte voit avec inquiétude les actions provoquées par le gouvernement mexicain et son appareil de sécurité national. Les peuples indigènes depuis toujours ont construit leurs propres chemins malgré l’oppression gouvernementale. Pour ces peuples, l’autonomie signifie un projet historique, une expression de leur résistance et de leur libre volonté ; l’autonomie signifie faire valoir ses propres décisions à partir de son propre mode d’organisation. Cependant, cette construction de l’autonomie est confrontée aujourd’hui aux politiques néolibérales impulsées par les transnationales et mises en place par le gouvernement de M. Fox. L’imposition de l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) et, maintenant, du Plan Puebla-Panama (PPP) et de la Zone de libre commerce des Amériques (Alca) est une preuve du despotisme gouvernemental. Le gouvernement de Mexico se comporte comme un employé des entreprises transnationales, en laissant de côté les droits de millions de Mexicains. Ces mégaprojets imposés représentent pour les peuples du Mexique, une véritable vague de saccages et de destruction de leurs ressources naturelles et la violation constante des droits socioculturels, en bloquant ainsi tout type d’organisation autonome et indépendante.

Dans ce contexte, nous dénonçons les faits ayant eu lieu à Nuevo San Rafael, communauté située dans la réserve de la Biosphère des Montes Azules, dans l’Etat du Chiapas. Selon le témoignage du Centre des droits de l’homme Fray Bartolomé de las Casas, au Chiapas, le 22 décembre 2004, 23 maisons ont été brûlées à Nuevo San Rafael et Josué Jimenez Cruz, de la communauté Nuevo San Rafael, a été arrêté. Actuellement, 40 éléments de la marine et de la police sont présents sur place. Les habitants de cette communauté sont des indigènes chols déplacés de la communauté de Calvario, de la municipalité de Sabanilla. Certains membres du Centre des droits de l’homme Fray Bartolomé de las Casas se sont dirigés vers les lieux pour documenter les faits. Mais il ne leur a pas été possible d’accéder à Nuevo San Rafael, car la Profepa (organisme gouvernemental) a interdit aux piroguiers de la communauté d’Ixcan le transit sur le fleuve Lacantum. A cause de ces faits, les conditions dans lesquels se trouvent les habitants de San Rafael restent inconnues. Les jours précédents, la presse locale avait signalé l’arrivée de dizaines de militaires dans la zone, provoquant la peur parmi la population à cause des menaces d’expulsion par les autorités fédérales.

Nous condamnons également la vague de répression exercée depuis le 24 janvier 2004 dans l’Etat d’Oaxaca. Nous avons été informés par un communiqué de l’UCIZONI que, depuis que les plans de construction de la route Oaxaca-Istmo-Hualtulco ont été publiquement annoncés comme partie du Plan Puebla-Panama, les communautés ont manifesté leur opposition à cette route. Le tracé de cette autoroute traverse la canalisation d’eau qui approvisionne leurs communautés ainsi que l’endroit où se trouve la source. Face à cette situation, les indigènes et les paysans craignent d’être expulsés de leurs terres. A cause de leur opposition ouverte à cette route, les habitants de ces communautés ont été menacés par les autorités de la municipalité et demandent la solidarité des organisations indigènes.

Nous sommes aussi préoccupés par la vague de violence et de répression provoquée, à l’aube du 14 janvier 2004, à Tlalnepantla, dans le Morelos. Prenant en compte que les habitants de Tlalnepantla ont toujours désigné leurs autorités selon leur droit légitime de s’autogouverner selon leurs us et coutumes, nous condamnons énergiquement l’attitude de l’Etat, qui a décidé d’imposer le président municipal priiste Elias Osorio, qui a acheté quasiment 10 % du total des listes électorales municipales et a été imposé par le gouvernement sans respecter la parole de la majorité, violant ainsi la voix du peuple. Face à cette situation, les habitant de Tlalnepantla n’ont pas reconnu Osorio et ont décidé de nommer et d’installer leur Conseil populaire autonome. La réponse du gouverneur Estrada Cajigal, du PAN, a été la violence et la répression. Le gouverneur a ordonné l’assaut policier du village, qui s’est réalisé violemment, par des brutalités et des coups de feu contre les habitants. Le résultat de cette répression a été la mort du paysan Gregorio Sanchez Mercado, des dizaines de blessés, des disparus et des déplacés vers les montagnes et vers d’autres communautés.

Face à ces témoignages qui sont uniquement quelques exemples de répression quotidienne et quelques exemples de l’incompétence gouvernementale, le Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte (CSPCL, Paris, France) s’engage à diffuser les informations exposées dans cette lettre ouverte à l’ensemble des organisations et des mouvements sociaux en France et à l’extérieur. Nous nous engageons à diffuser à la presse nationale et internationale et aux organisations de droits de l’homme, ainsi qu’aux agences de voyage, les informations sur les violations systématique des droits humains et la vague de répression commises par les autorités mexicaines.
– Nous condamnons énergiquement la situation d’isolement à laquelle sont soumises les communautés ainsi que les violations du droit à la libre circulation dans la zone des Montes Azules. Il est intolérable que les autorités fédérales maintiennent la communauté de Nuevo San Rafael isolée, en violant les garanties constitutionnelles de libre circulation et de communication.
– Retrait immédiat des forces armées mexicaines et de la marine des Montes Azules
– Respect des formes d’organisation autonome des communautés zapatistes en lutte
– Respect des droits humains, individuels et collectifs, des communautés indigènes
– Libre circulation des organisations de droits humains, des personnes de la communauté et de la presse dans la zone des Montes Azules
– Application des Accords de San Andrés et de la convention 169 de l’OIT
– Respect des us et coutumes légitimes et historiquement établies par les communautés indigènes
– Nous condamnons la spoliation et l’expropriation des terres communales et ejidales qui représentent aujourd’hui les intérêt primordiaux des multinationales et des projets néolibéraux (PPP, Alca).

Face à la situation actuelle de l’Etat du Morelos et particulièrement dans la municipalité de Tlalnepantla, le CSPCL se solidarise avec les camarades du Conseil autonome de Tlalnepantla :

– Libération immédiate et sans aucune charge des compagnons détenus : Julio Gonzales Lima, Víctor Juan Espíndola Rojas, José Luis Ramírez Rubias, Federico Ramírez, Abraham Corrales Ramírez, Francisco Gonzales Lima, Mateo Rodríguez Segura, Hermilio Hernández Pérez, Manuel Beltrán González, Javier Flores Gonzalez, Arturo Flores Ruiz, Sixto Espíndola Lima, Jorge Corrales Lima, Fidel Cano Mendelez, Próspero Pacheco Rojas, Miguel Sabino Arias, Silvestre Aguilar Rosas, Víctor Espíndola Campos, Elías Pacheco Rojas, Job Ramírez Rubiales, Silvia Bautista Trejo, Juan Cano Chanteño, et deux mineurs, Hermilio Hernández Sarmiento et José Luis Salazar Ramírez.
– Retrait immédiat des forces publiques de Tlalnepantla et garanties de conditions adéquates pour le retour des familles à leurs foyers et qu’une enquête soit menée sur les actes hostiles commis contre la vie, l’intégrité et la propriété des citoyens de la municipalité de Tlalnepantla ; que, dans les plus brefs délais, un juge soit saisi de ces faits.
– Nous rendons responsables le gouvernement de l’Etat du Morelos et le gouvernement mexicain de la mort du compagnon Gregorio Sanchez Mercado et demandons l’indemnisation de sa famille. Nous les rendons responsables de toute autre mort qu’entraînerait ce scénario de violence.
– Arrêt total de la répression, du harcèlement, de la persécution et de la chasse à ceux qui luttent.

Le CSPCL rend responsable le gouvernement de la République mexicaine pour ces actes de violence et de répression contre les communautés opposées à sa politique néolibérale. Nous suivrons de près les faits et nous tiendrons informés des avancées réalisées ou non par les autorités fédérales.

En solidarité avec les peuples de Tlalnepantla, Morelos, du Chiapas et les communautés en résistance d’Oaxaca, Respect au droit d’autodétermination des peuples !

CSPCL (Comité de Solidarité avec les Peuples du Chiapas en Lutte) Février 2004 Paris.

Sources : Tlalnepantla Morelos « La Lucha por la desaparicion de poderes » http://mexico.indymedia.org Declaracion del Consejo Autonomo de Tlalneplantla Morelos en Indymedia Mexico (15/01/2004) Centro de Derechos Humanos Fray Bartolome de las Casas Chiapas Centro Miguel Agustin Pro Juarez Red de Informacion Indigena : http://www.laneta.apc.org/rci/ Comisión de Prensa UCIZONI (Unión de Comunidades Indígenas de la Zona Norte del Istmo) en http://www.laneta.apc.org/rci/ Sobre la cuestión de Autonomia, Octava Asamblea Nacional del Congreso Nacional Indigena, 2001 « Declaracion final » en www.laneta.apc.org