A l’occasion de la journée mondiale de mobilisation des indignés, le vendredi 11.11.11, un campement s’est installé d’abord place du Peuple puis place Alexis Ricordeau.

Rien n’était planifié ; c’est l’émulation du moment qui a permis de le monter.

Cette étape nous a permis de pratiquer l’Autogestion, en nous basant sur le partage, la solidarité, la mise en commun des énergies et des biens afin de limiter l’influence du système sur nos vies. Nous avons ouvert une agora sur la place publique au travers d’Assemblées Populaires réunissant des personnes de tous horizons, bien au-delà des codes admis par la société actuelle.

Le camp s’est construit et maintenu en dépit des pressions policières et des difficultés d’organisation interne dues au trop petit nombre de personnes impliquées. Chaque personnes peut se féliciter et rendre hommage à ceux ayant participé de près ou de loin à la vie du camp.

Des personnes en souffrance (sociale, psychologique…), habituellement exclues, se sont jointes à cette expérience. Beaucoup d’entre elles se sont impliquées dans la dynamique de gestion de la vie collective et la participation au mouvement .

Certes, le campement n’est pas parfait, mais il est la preuve que si nous fonctionnons tous autrement (pas selon un mode individualiste), les problèmes actuels de pauvreté, de violence et d’addictions seront moins nombreux.

Notre volonté de construire une nouvelle société ne tiendra pas la route si nous partons sur les bases excluantes de l’actuelle.

Que préférez vous ? L’aseptisation de la ville, véritable hypocrisie et cache-misère flagrant (la suppression des refuges de fortune suite aux renouvellements du mobilier urbain, l’embourgeoisement des quartiers du centre et la construction de galeries de luxe , des prix de transports en commun prohibitifs, les contrôles d’identités au faciès, etc…) OU l’acceptation de la réalité et la mise en place d’un fonctionnement collectif, permettant de trouver ensemble les réponses à cet état de fait.

C’est la différence entre Autogestion et oeuvre caritative : la première implique de reprendre confiance en soi au travers d’une participation à la vie collective, la seconde créé une dépendance permettant uniquement la survie, aidant trop peu à la reconstruction personnelle.

Nous appelons nos concitoyens à repenser les codes admis par la société. On nous apprend à fonctionner de façon égocentrique, compétitive, dans la peur de la différence afin de nous isoler les uns des autres. On nous fait perdre une identité bien plus importante que le concept néofasciste « d’Identité Nationale » ; nous avons oublié d’exister en tant que peuple, dans la réalité d’une lutte de classes.

La France, pays dit « des Droits de l’Homme » déroge à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (ONU – 1948) tout en se permettant de déclencher des guerres au nom de « l’humanisme », comme ce fut le cas encore récemment en Lybie.

Article 25 : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être, et ceux de sa famille notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux, ainsi que pour les services sociaux nécessaires. … »

Il ne s’agit pas d’assistanat, mais de droits inaliénables applicables à tout être humain en France et dans le monde entier.

Le droit à la dignité nous concerne tous. Les indignés et révoltés l’ont prouvé concrètement pendant la durée du campement, en créant des liens au-delà des différences et des codes communément admis.

A Nantes, des collectifs et acteurs associatifs qui ne se limitent pas à porter secours et assitance aux précaires dans l’urgence (Collectif Urgence Précarité, Droit Au Logement, soutien au Roms, aux sans papiers) persistent depuis longtemps dans leur combat, se heurtant à la répression policière et aux « à priori » d’une opinion publique éduquée à exclure et à accepter l’inacceptable. Nos combats pour la dignité, la justice sociale, le bien commun, nous rapprochent et nous sommes résolus à continuer dans cette voie tout en soutenant leurs actions.

Cependant, la lutte contre l’exclusion n’est qu’un pan de notre combat local contre un système globalement mortifière. Nous continuerons donc nos actions avec ceux qui nous ont rejoint et se sont impliqués dans la volonté collective de construire une nouvelle société juste et égalitaire, par et pour le peuple.

Suite à ces constats:

Nous proclamons la révocation de notre dépot de souveraineté populaire auprès de la classe dirigeante car elle déroge au bien commun que nous défendons.

Nous déclarons toute propriété privée non utilisée invalide.

Nous proclamons l’entrée dans l’ère du droit d’usage la naissance d’un projet post-capitaliste nantais.

Nous enjoignons tous les militants et activistes porteurs de valeurs humanistes, écologiques et éthiques à prendre part à la création d’une nouvelle société en exposant lors d’ agoras leurs luttes, leurs projets, leurs aspirations.

Nous invitons nos concitoyens à se rencontrer, partager leurs idées, mutualiser leurs moyens, organiser des Assemblées Populaires dans chaque quartier, chaque village.

Soyons le changement !