Nous publions ci-dessous la traduction d’un article de World Revolution (WR), organe de presse du CCI en Grande-Bretagne et mis en ligne sur notre site en anglais.

Dans l’article sur le mouvement ‘pour plus de justice sociale’ en Israël que nous avons publié en août1, nous avions écrit : « De nombreux manifestants ont exprimé leur frustration face à l’incessant couplet sur la ‘ sécurité’ et sur la ‘menace du terrorisme’, utilisé pour que les gens oublient la réalité de la misère sociale et économique croissante. Certains ont ouvertement mis en garde contre le danger que le gouvernement pourrait provoquer des affrontements militaires ou même une nouvelle guerre pour restaurer ‘l’unité nationale’ et diviser le mouvement de protestation. »

Ces craintes se sont avérées bien fondées. Le 18 août, il y a eu un déluge d’attaques armées contre des civils israéliens et des patrouilles militaires. Deux autobus de transports publics dans le Sud d’Israël ont subi des tirs, faisant plusieurs morts et blessés. Il y a eu une certaine confusion quant à la responsabilité du Comités de Résistance Populaire (CRP) ou du Hamas par rapport à ces attaques, aucun des deux ne les ayant revendiquées. De toute façon, le gouvernement israélien a réagi, comme à l’accoutumée, de manière brutale, par des frappes aériennes sur Gaza, tuant des membres du CRP, mais aussi un groupe d’enfants et de gardes-frontières égyptiens. Cela a à son tour provoqué d’autres attaques de roquettes lancées depuis Gaza sur des villes du Sud d’Israël.

Peu importe qui a initié cette dernière spirale de la violence, provoquant un accroissement des tensions guerrières, cela ne peut que profiter aux nationalistes des deux camps. L’intention était de créer des difficultés majeures pour le développement du mouvement de contestation, de faire hésiter ceux incités à poursuivre l’expérience des villages de tentes et à continuer à manifester, à un moment où il y a une énorme pression pour maintenir ‘l’unité nationale’. Itzik Shmul, le leader de l’Union Nationale des Etudiants a certes lancé un appel pour annuler les manifestations, mais un noyau important de manifestants a rejeté cet appel. Cette tentative d’intimidation a échoué. Dans la nuit du samedi 20, des manifestations se sont déroulées, bien qu’elles devaient être ‘muettes’, et qu’elles étaient à une plus petite échelle que dans les précédentes semaines. Il en a été de même pour les manifestations du samedi 28 août.

Ce qui est significatif est que ces manifestations ont vraiment eu lieu, attirant jusqu’à 10 000 personnes à Tel-Aviv et plusieurs milliers dans d’autres villes2. Et il n’y a pas eu de dérobade par rapport à la question de la guerre, au contraire, les slogans soulevés au dessus des manifs reflétaient une compréhension croissante de la nécessité de résister à la marche à la guerre et, pour les opprimés des deux camps, de lutter pour leurs intérêts communs: « Juifs et Arabes refusent d’être ennemis », « La justice sociale est exigée en Israël et dans les territoires », « Vivre dans la dignité à Gaza et à Ashdod dans la dignité », « Non à une autre guerre, qui va enterrer les revendications ! » La ‘Tente 1948’ judéo-palestinienne, sur le boulevard de Rothschild a publié une déclaration qui a été lue publiquement : «C’est le moment de montrer une véritable force… Restez dans la rue pour condamner la violence et refusez de retourner chez vous ou d’aller dans l’armée pour prendre part à l’attaque vengeresse sur Gaza. »

Un discours prononcé à Haïfa par le Raja Za’atari a également exprimé l’émergence de sentiments internationalistes, même si il a été libellée dans la langue de la démocratie et du pacifisme : «A la fin de la journée, une famille sans abri est une famille sans abri, et un enfant affamé est un enfant affamé, peu importe qu’il parle en arabe, en hébreu, en russe ou en amharique. A la fin de la journée, la faim et l’humiliation, tout comme la richesse, n’ont pas de patrie et aucune langue … Nous disons: il est temps de parler de paix et de justice dans un seul souffle! Aujourd’hui plus que jamais, il est évident pour tous que, dans le but d’empêcher que l’on parle de justice, ce gouvernement pourrait entamer une autre guerre. » http://onedemocracy.co.uk/news/we-will-be-a-jewish-arab…ople/

Le fait que ces slogans et sentiments puissent devenir tellement plus populaires qu’ils ne l’étaient, il y a seulement un an ou deux, indique que quelque chose de profond se passe en Israël, et surtout parmi la jeune génération. Nous avons vu poindre une protestation comparable de le jeunesse contre le statu quo dans le Gaza islamique3.

Comme en Israël, ceux qui se réclament des « jeunes de Gaza » ‘ constitue une petite minorité, sur laquelle pèsent tous sortes d’illusions, en particulier, sur le nationalisme palestinien. Mais dans un contexte global de révolte croissante contre l’ordre existant, les bases sont posées pour le développement d’un véritable internationalisme, fondé sur la lutte de classe et la perspective d’une authentique révolution des exploités.

D’après WR, organe du Courant Communiste International en Grande-Bretagne

1 http://en.internationalism.org/icconline/2011/08/social…srael

2 La meilleure preuve en est que le samedi 3 septembre, au moment où nous traduisions ce texte, de gigantesques manifestations, plus massives encore que le 6 août, rassemblant cette fois plus de 400 000 personnes (le plus grand rassemblement de l’histoire du pays) se sont à nouveau déroulées à Tel Aviv, Haïfa et Jérusalem, non seulement sur la question du logement mais dirigée aussi contre la hausse exorbitante des denrées alimentaires, de l’essence, le coût de l’éducation et toujours contre l’escalade militariste du gouvernement (NDT).

The Guardian du 28 août a également signalé qu’un certain nombre de bâtiments inoccupés à Jérusalem ont été pris par des manifestants qui exigent qu’ils soient utilisés pour loger des gens avec un loyer abordable. http://www.guardian.co.uk/world/2011/aug/28/israel-squa…using

3 ‘A radical manifesto from Gaza’: http://en.internationalism.org/icconline/2011/gaza